Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Bernard Arnault met le pied chez Lagardère

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

28 mai 2020

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Bernard Arnault met le pied chez Lagardère

Bernard Arnault met le pied chez Lagardère

Temps de lecture : 4 minutes

Après l’irruption « amicale » de Marc Ladreit de Lacharrière et de Bolloré dans son capital, après les révélations sur les salaires extravagants du groupe, un nouveau venu de poids embarque sur le bateau Lagardère bien secoué : Bernard Arnault via son groupe.

Arnault et Arnaud, copains jusqu’à quand ?

L’opération est à dou­ble détente : Arnault prend 25% des parts de LCM la hold­ing per­son­nelle de Lagardère. LCM qui détient 7,26% des actions de Lagardère SCA (Hachette, Relay, les bou­tiques voy­ages, les médias JDD, Paris Match, Europe1). LCM qui détient aus­si le con­trôle du groupe via la com­man­dite Arjil-Arco. Dans un com­mu­niqué lénifi­ant, Arnault pré­cise que « Mon ami­tié avec Jean-Luc Lagardère a lié nos familles et j’ai le plus grand respect pour le groupe qu’il a con­stru­it. Je me réjouis que nous soyons aux côtés d’Arnaud Lagardère, un action­naire de long terme de la société qui porte son nom ».

Pas si aimable que cela ce com­mu­niqué. D’une part Arnault salue le tra­vail du père pour « le groupe qu’il a con­stru­it », on pour­rait ajouter mez­zo voce « et que son fils est en train de détru­ire ». D’autre part Arnaud Lagardère est cité non comme man­ag­er mais comme un « action­naire de long terme » d’une société qui — un peu comme par hasard — « porte son nom ». On a con­nu plus amène. Sibyllin, Arnaud ajoute « Ce rap­proche­ment va per­me­t­tre de ren­forcer la struc­ture et les capac­ités finan­cières de LC & M. Les groupes famil­i­aux de MM. Bernard Arnault et Arnaud Lagardère agiront de con­cert vis-à-vis de Lagardère SCA. »

Nicolas Sarkozy Monsieur bons offices

Tout ce remue-cap­i­tal n’aurait pas été pos­si­ble sans l’intervention de Nico­las Sarkozy, nou­veau mem­bre du con­seil de sur­veil­lance de Lagardère SCA, la struc­ture opéra­tionnelle du groupe. Proche de Bol­loré et de Arnault, il a pu les inciter à venir sec­ourir l’autre Arnaud, respon­s­able sur ses deniers des dettes de LCM, sa hold­ing per­son­nelle. LCM qui ne pub­lie plus ses comptes depuis 2009 et dont on sait qu’avant l’irruption de Bernard Arnault, ses dettes étaient supérieures à ses act­ifs, en état de fail­lite virtuelle. Ce qui ne sera plus le cas avec les 100M€ apportés par Bernard Arnault.

Et maintenant, que vais-je faire ?

Entretemps Bol­loré via Viven­di, mon­té à 16,48% du cap­i­tal, devient le deux­ième action­naire du groupe der­rière le fonds améri­cain Amber (18%). Et bien­tôt le pre­mier puisqu’il a annon­cé son inten­tion de mon­ter à 20%. Au 26 mai 2020 la répar­ti­tion sim­pli­fiée du cap­i­tal de LSCA est la suivante :

Amber Viven­di Qatar Arjil-Arco Ladre­it CDC
18% 16,5% 13% 7,26% (per­met la commandite) 3,5% 3,35%

Qui mangera qui ? Arnault et Bol­loré pour­raient s’affronter, le pre­mier ayant un pied dans la com­man­dite, le sec­ond devenant le pre­mier action­naire dans la struc­ture opéra­tionnelle. On les voit plutôt s’arranger dis­crète­ment dans un jeu com­plexe de pok­er menteur. Des hypothès­es ? Arnault reprend les lucra­tives opéra­tions de trav­el retail de LSCA pour les fusion­ner avec DFS sa fil­iale du même secteur, il deviendrait ain­si le pre­mier mon­di­al dans ce méti­er. Bol­loré avec Edi­tis pour­rait cro­quer un bon morceau d’Hachette, ou sa total­ité. Quant aux médias d’influence Paris-Match, le JDD, Europe 1, ils intéresseraient tout le monde. Arnault est présent dans la presse (Les Echos, Le Parisien) et dans la radio, rajouter le JDD ferait sens et Europe1 garde une belle image. Bol­loré est déjà présent dans la télévi­sion (C News, Canal+) pourquoi pas aus­si Europe1 ? Ladre­it de Lachar­rière est devenu le troisième opéra­teur de médias numériques en France, il dis­pose de sa danseuse La Revue des deux mon­des, il pour­rait rajouter Paris Match qui intéresse aus­si les deux autres. Arnaud Lagardère perdrait sa com­man­dite, pour­rait obtenir en com­pen­sa­tion quelques cen­taines de mil­lions d’euros (on évoque le chiffre de 200M€) pour jouir enfin d’une retraite anticipée et dorée sur tranche.

NB : Mon­sieur Ramzi Khi­roun, porte-parole du groupe Lagardère, a porté plainte con­tre Claude Chol­let, directeur de la pub­li­ca­tion de l’Ojim pour « injures publiques ». Cette plainte n’influence en rien les arti­cles que nous con­sacrons au groupe Lagardère, pro­prié­taire de médias (Paris Match, JDD, Europe 1). Voir notre arti­cle sur la plainte de M. Ramzi Khi­roun.