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Vincent Bolloré interrogé à l’Assemblée nationale

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18 mars 2024

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Vincent Bolloré interrogé à l’Assemblée nationale

Vincent Bolloré interrogé à l’Assemblée nationale

Temps de lecture : 4 minutes

« J’ai eu la chance de naître dans une famille catholique, bretonne, riche et célèbre ». C’est ainsi que Vincent Bolloré a introduit le propos liminaire de son intervention face à la commission d’enquête relative aux autorisations de diffusion sur la TNT, le 13 mars 2024. Rappelant le passé résistant de sa famille, le conseiller du président du directoire de Vivendi a révélé à l’Assemblée nationale son parcours professionnel et son indéniable réussite. Soulignant que son entrée dans le monde des médias visait surtout à défendre le rayonnement d’une culture européenne et française (« Car moi je crois qu’il y a une culture française », a‑t-il lancé), l’auditionné a été passé à la question quant à son appréhension de la gestion de CNews et du groupe Canal.

De CNews au groupe Canal

Pour Vin­cent Bol­loré, la rentabil­ité des chaînes du groupe de con­stitue la con­di­tion sine qua non à son engage­ment en leur sein. « CNews a pris sa place, a‑t-il expliqué. Depuis 3 mois et est en tête devant BFM. […] Elle sera assez vite équili­brée. Je ne doute pas qu’elle [va] gag­n­er de l’argent ». Plaidant pour CNews comme un espace de lib­erté, il a ensuite été inter­rogé sur le « micro-man­age­ment » dont il serait respon­s­able au sein du groupe Canal. L’homme d’affaires a indiqué :

« j’ai tout repris en main […] Il fal­lait quelqu’un qui donne les caps, car j’étais le seul qui ne serait pas ren­voyé. […] J’ai changé pas mal de per­son­nes, parce qu’ils n’avaient pas envie de chang­er de train de vie. […] Je ne suis jamais inter­venu dans les con­tenus sur Canal, j’ai pas le temps […] J’ai des con­vic­tions mais les con­tenus du groupe Canal n’ont pour but que de servir les téléspec­ta­teurs ».

Aurélien Saintoul : rapporteur ou inquisiteur ?

Passé à la ques­tion par le rap­por­teur Aurélien Sain­toul (LFI), qui insin­u­ait qu’il avait influ­encé des licen­ciements au sein du groupe, Vin­cent Bol­loré a répon­du que dirigeant un groupe de 80 000 per­son­nes, il ne pou­vait être jugé respon­s­able de tout ce qui pou­vait s’y dérouler. Il a ain­si évo­qué le départ de M. Rodolphe Belmer, dont il con­sid­érait qu’il fai­sait par­tie de ces per­son­nels n’aspirant pas à « chang­er de train de vie ». « On a fait 400 mil­lions d’économies. Quand on fait ça, on a une répu­ta­tion atroce. C’est à ça que je sers, je suis le bouc-émis­saire ».

Man­i­feste­ment dérangé par les émis­sions ten­ant des pro­pos con­ser­va­teurs dif­fusées sur la chaîne CNews, Aurélien Sain­toul a ensuite demandé à Vin­cent Bol­loré ses liens avec les jour­nal­istes de l’émission En quête d’esprit (CNews) et demandé s’il super­vi­sait ces émis­sions. Ce dernier a répon­du par la néga­tive puis est revenu sur les pro­pos du jour­nal­iste présen­ta­teur de cette émis­sion, Aymer­ic Pour­baix, qui avait souligné le nom­bre élevé d’avortements. « Dans cette affaire se heurte deux lib­ertés, a‑t-il souligné, celle des gens à dis­pos­er d’eux-mêmes et la lib­erté des enfants à vivre », avant d’évoquer la perte amère­ment regret­tée de l’un de ses enfants à naître.

Renouvellement de la diffusion de la TNT

Sur le renou­velle­ment de l’autorisation de dif­fu­sion sur la TNT, objet même de la com­mis­sion d’enquête, Vin­cent Bol­loré a indiqué en réponse au député Gedj qui l’interpelait à ce sujet :

« Je pense que les chaînes de Canal sont scrutées à la loupe […] Des gens font tout un bruit auprès de l’ARCOM. Je pense qu’il y a un dossier pré­paré depuis un cer­tain temps. »

Il a enfin souligné que les chaînes dont il était ques­tion rem­por­taient un tel suc­cès qu’il s’étonnait de ne voir ses dirigeants davan­tage récompensés.

Le « procès » d’un homme ?

L’audition de Vin­cent Bol­loré s’est achevée sur les pro­pos du rap­por­teur Sain­toul qui a demandé à son inter­locu­teur des pré­ci­sions sur les intérêts africains du pro­prié­taire par rap­port à la dif­fu­sion d’une émis­sion sur ce pays, sa présence aux « réu­nions du mar­di » à Viven­di, ses appels à Serge Ned­jar, sa ren­con­tre à l’Élysée avec Emmanuel Macron, … Son ensem­ble ne s’est pas déroulé sans heurts ; l’orientation générale des ques­tions du rap­por­teur Aurélien Sain­toul a d’ailleurs sus­cité l’ire de cer­tains députés, à l’image de Lau­rent Jaco­bel­li (RN) qui a souligné : « J’ai plus l’impression d’être au procès d’une per­son­ne », en égrainant les pro­pos du député LFI dirigés à l’encontre de Vin­cent Bolloré.

Quant au député Louis Boyard, qui avait don­né à ses suiveurs sur Twit­ter un « ren­dez-vous sans épine » et que l’on s’attendait à voir à l’audition de Cyril Hanouna le lende­main à l’Assemblée nationale, il n’a pas pu inter­venir à ces audi­tions car il était en sit­u­a­tion de con­flit d’intérêts avec les audi­tion­nés. Ayant touché, si l’on en croit Hanouna, près de 7 000 euros de piges sur la chaîne, la déci­sion n’est pas surprenante.