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Le formatage des journalistes sur l’immigration, un travail au quotidien

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14 novembre 2020

Temps de lecture : 5 minutes
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Le formatage des journalistes sur l’immigration, un travail au quotidien

Temps de lecture : 5 minutes

Alors que les flux d’immigrés extra-Européens arrivant dans notre pays ne font qu’augmenter, la couverture médiatique de l’immigration bénéficie d’une extrême bienveillance. De récentes initiatives visant à orienter le traitement par les médias de ce phénomène nous montrent que l’establishment ne relâche pas la pression.

Une information orientée par le lobby immigrationniste

Dans un récent arti­cle, nous soulignions les impor­tants efforts faits par l’Union européenne pour inciter les jour­nal­istes à présen­ter sous un jour favor­able l’immigration extra-Européenne. L’OJIM fait fréquem­ment la chronique du traite­ment totale­ment biaisé par les médias de grand chemin de l’immigration mas­sive que notre pays con­nait, en dépit de nom­breux prob­lèmes que celui-ci ren­con­tre (islamisme, quartiers de non-droit, etc.).

Ain­si, alors que des dizaines de mil­liers d’extra-Européens se massent au guichet de l’Aide sociale à l’enfance des départe­ments pour être pris en charge, nour­ri logé, blanchi et diver­ti aux frais du con­tribuable, ces derniers sont présen­tés comme des vic­times et des enfants vul­nérables.

Dans le meilleur des cas, la cou­ver­ture médi­a­tique de ce phénomène en pleine expan­sion oscille entre neu­tral­ité et fatal­isme. Le plus sou­vent, ce sont les « bons sen­ti­ments » qui ser­vent de point com­mun pour le présen­ter. Une présen­ta­tion qui n’est sans doute pas étrangère au fait que cette fil­ière d’immigration clan­des­tine n’est pas remise en cause, alors qu’elle représente un « pognon de dingue » pour le contribuable.

« La lutte contre la désinformation sur les sujets des migrations », formatage des apprentis journalistes

L’establishment ne relâche pas la pres­sion et les ini­tia­tives en la matière. Par­mi celles-ci, l’association « Desin­fox migra­tions » organ­ise des ren­con­tres entre « jour­nal­istes, chercheurs et organ­i­sa­tions de la société civile autour de l’enjeu com­mun de lutte con­tre la dés­in­for­ma­tion sur le sujet des migrations ».

Qu’est-ce que « Desinfox migrations » ?

« Dés­in­fox migra­tions » est une ini­tia­tive de l’Institut Con­ver­gences Migra­tions, qui se présente sur site comme « organ­isant des activ­ités de recherche com­munes (sémi­naire, journées sci­en­tifiques, pub­li­ca­tions…) (et) finançant des pro­jets de recherche émer­gents, et des jeunes chercheurs » sur le thème de la migra­tion. L’ICM a été cofondé par de nom­breuses insti­tu­tions d’enseignement supérieur et de recherche (CNRS, EHSS, etc.). Son Directeur, l’inévitable François Héran, est bien con­nu pour ses con­vic­tions immi­gra­tionnistes. Ain­si il pub­li­ait en octo­bre 2018 une tri­bune dans Libéra­tion selon laque­lle « la ruée d’Africains vers l’Europe (est) une thèse sans valeur sci­en­tifique ». Ras­sur­er l’opinion publique sur l’immigration mas­sive sem­ble être un véri­ta­ble com­bat mil­i­tant pour ce mem­bre du Col­lège de France.

« Dés­in­fox migra­tions » se présente pour sa part comme « souhai­tant débus­quer et répon­dre aux infox dans le domaine sen­si­ble des ques­tions migra­toires et d’intégration des immi­grés, à un moment où la manip­u­la­tion des faits migra­toires devient un enjeu dans les démoc­ra­ties, notam­ment en Europe ».

Par­ti­c­ulière­ment act­if sur son compte Twit­ter, les mes­sages sont sou­vent un mod­èle du genre pour minor­er tant les flux migra­toires que les nom­breux prob­lèmes qui y sont liés.

Une « sensibilisation des journalistes » sur la migration

Il n’y a pas que le grand pub­lic que Dés­in­fox migra­tions souhaite ral­li­er à sa vision édul­corée de l’immigration. La let­tre d’information de novem­bre de Desin­fox migra­tions nous apprend que les étu­di­ants en jour­nal­isme dis­posent d’un brévi­aire, euh, d’un manuel sur com­ment « cou­vrir les migra­tions ». On apprend égale­ment que Dés­in­fox migra­tions va dans les prochaines années con­tin­uer à sen­si­bilis­er les futurs jour­nal­istes aux migrations.

Cette « sen­si­bil­i­sa­tion » pour­rait s’inscrire dans la con­ti­nu­ité de celle organ­isée lors de l’année uni­ver­si­taire 2017–2018, au cours de laque­lle des étu­di­ants de l’ESJ Lille ont eu la pos­si­bil­ité « d’appréhender en pro­fondeur le sujet de la migra­tion et de s’initier au choix des angles ». On ne doute pas que l’angle retenu vis­era à sus­citer l’empathie du lecteur ou du téléspec­ta­teur, à par­tir de réc­its de vie tous plus émou­vants les uns que les autres, comme cela est déjà pro­mu par l’Union européenne.

La let­tre d’information de Desin­fox migra­tions reprend les pro­pos d’un cer­tain Charles Authe­man, qui ani­mera prob­a­ble­ment un des futurs « ateliers » :
« La sen­si­bil­i­sa­tion des élèves en jour­nal­isme est un volet impor­tant de la lutte con­tre la dés­in­for­ma­tion an matière de migration ».
Charles Authe­man se présente comme un « expert dans le domaine des médias ». Il est aus­si con­nu pour les nom­breuses actions qu’il mène pour présen­ter l’immigration légale et illé­gale sous un jour favor­able. Ain­si, il organ­i­sait en 2012 des « ate­liers con­sacrés à l’information et au ren­force­ment des capac­ités de jour­nal­istes sur les ques­tions migra­toires ». En 2015, sur le site musul­man Saphirnews, il déclarait que « la presse sim­pli­fie à out­rance  » au sujet des pas­sages clan­des­tins en méditer­ranée, en par­lant des « passeurs » comme « du mal absolu. (…) ». « Si on dézingue un passeur, il y en aura dix qui arriveront der­rière. Ce n’est pas LA solu­tion », affir­mait-il. La messe est dite.

Voir notre arti­cle sur le pacte de Mar­rakech dont nous extrayons la conclusion :

L’article 33, alinéa C stip­ule qu’il faut : « Pro­mou­voir une infor­ma­tion indépen­dante, objec­tive et de qualité…en insti­tu­ant des normes déon­tologiques pour les jour­nal­istes et la pub­lic­ité et en ces­sant d’allouer des fonds publics aux médias qui propa­gent sys­té­ma­tique­ment l’intolérance, la xéno­pho­bie, le racisme et autres formes de dis­crim­i­na­tion envers les migrants ». On ne saurait être plus clair sur son car­ac­tère con­traig­nant. Et liberticide.