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Fin d’année violente à Calais en mode discret dans La Voix du Nord

3 janvier 2022

Temps de lecture : 7 minutes
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Fin d’année violente à Calais en mode discret dans La Voix du Nord

Temps de lecture : 7 minutes

La dernière semaine de l’année 2021 a été marquée une nouvelle fois par des violences commises par des migrants à Calais. Les fêtes de fin d’année s’annonçaient pourtant bien : le quotidien régional La Voix du Nord n’invitait-il pas en couverture de l’édition du 25 décembre ses lecteurs à un « Noël partagé avec des migrants » ?

En fait de con­vivi­al­ité, ce sont surtout des vio­lences qui ont été « partagées » par des migrants à Calais. Nous sai­sis­sons cette occa­sion pour revenir sur la manip­u­la­tion de l’opinion publique visant à présen­ter l’accueil des migrants comme un impératif moral, « quoiqu’il en coûte ».

L’accueil des migrants, un impératif moral

L’Observatoire du jour­nal­isme a présen­té à plusieurs repris­es le mil­i­tan­tisme invari­able­ment pro-migrants du ser­vice « pub­lic » de radiotélévi­sion. Pour ne don­ner que quelques exem­ples par­mi d’autres :

  • « La crise des migrants vue par Arte : les bons et les méchants », en juil­let 2017,
  • « France Inter : pas de vacances pour la pro­pa­gande de la mati­nale », en sep­tem­bre 2018,
  • « France info ou la pro­pa­gande par les larmes », en août 2019,
  • « France Cul­ture : la pro­mo­tion de l’immigration au cœur de l’information », en févri­er 2020.

Cer­tains titres de la presse quo­ti­di­enne régionale ne sont pas en reste. La cou­ver­ture pro-migrants du quo­ti­di­en région­al La Voix du Nord le jour de Noël ne doit rien au hasard. Ce type de mil­i­tan­tisme a de nom­breux sou­tiens non seule­ment au sein des médias de grand chemin, mais égale­ment au sein de l’Église : pour le pape comme pour de nom­breux évêques, le migrant est la nou­velle fig­ure du pau­vre que l’on doit non seule­ment aider, mais égale­ment accueil­lir inconditionnellement.

Le pape contre les Européens

Le jour­nal­iste et essay­iste Lau­rent Dan­drieu a bril­lam­ment analysé, notam­ment lors d’une con­férence don­née en 2017 et dans un livre inti­t­ulé « Église et immi­gra­tion : le grand malaise », le dis­cours actuel du pape et de cer­tains évêques sur la ques­tion de l’im­mi­gra­tion. L’impératif de char­ité chré­ti­enne impli­querait selon eux l’accueil de tous les migrants, indépen­dam­ment de toute con­sid­éra­tion poli­tique, religieuse et culturelle.

Le soci­o­logue Philippe d’Irib­arne a souligné dans un arti­cle paru dans Le Figaro en novem­bre 2020 que l’encyclique Fratel­li tut­ti prô­nant un accueil incon­di­tion­nel de l’étranger ne prend appui que sur l’une des deux fig­ures de l’étranger présentes dans la Bible.

Ce courant tant idéologique que religieux aboutit à ce que la défer­lante migra­toire majori­taire­ment issue de pays musul­mans, qui men­ace l’identité de l’Europe, béné­fi­cie d’une grande bienveillance.

C’est dans ce con­texte que les médias de grand chemin doivent, sou­vent à con­tre cœur, se résoudre à cou­vrir des vio­lences com­mis­es par des migrants. Et en ce mois de décem­bre à Calais, il y a de la matière.

Un chauffeur poids lourd « victime d’une altercation »

Le jour­nal La Voix du Nord a le plus grand mal à décrire les migrants comme des agresseurs. Le quo­ti­di­en nous apprend le 19 décem­bre, qu’un « chauf­feur routi­er a vu que des migrants ten­taient de mon­ter dans sa remorque », quand il s’est garé, selon le pro­cureur de la République du tri­bunal de Boulogne.

Les migrants étaient « entre deux et cinq, selon les témoignages », ajoute le pro­cureur. « Le chauf­feur est descen­du de sa cab­ine. L’un des migrants lui a porté un coup à la tête. Tous se sont enfuis. Le chauf­feur routi­er est remon­té dans le camion. Son col­lègue s’est aperçu, cinq min­utes après, qu’il était vic­time d’un malaise ». Il est mort peu après.

Quel titre le quo­ti­di­en région­al a‑t-il don­né à l’article con­sacré à cet événe­ment ? « Des migrants agressent un chauf­feur poids lourd qui décède » ? Vous n’y pensez pas.  Ce sera le 20 décem­bre « Une enquête ouverte après la mort d’un chauf­feur poids lourd sur l’aire de l’Épitre ». Peu importe les déc­la­ra­tions du pro­cureur de la République qui ne sont pas au conditionnel.

Le 30 décembre, 40 policiers blessés : « Tensions entre CRS et migrants à Calais Marck »

Le 30 décem­bre, des CRS ont voulu procéder à l’évacuation d’un campe­ment illé­gal près d’une voie fer­rée à Calais. Un campe­ment par­mi de nom­breux autres des migrants qui atten­dent leur heure pour gag­n­er clan­des­tine­ment le Royaume-Uni.

Com­ment le quo­ti­di­en région­al a‑t-il présen­té l’agression des migrants qui a abouti à 40 CRS blessés ? Il faut aller chercher à la 4ème page de l’édition du 30 décem­bre du jour­nal pour trou­ver un court arti­cle inti­t­ulé : « Ten­sions entre CRS et migrants : quar­ante policiers blessés ».

Une nou­velle fois, il sem­ble morale­ment inac­cept­able de désign­er les agresseurs, les migrants, et les agressés, les CRS. La forme indi­recte per­met d’éviter de présen­ter une réal­ité sans doute trop crue : « Des affron­te­ments ont éclaté et se sont pro­longés dans ce quarti­er rési­den­tiel. Par­mi les pro­jec­tiles, des morceaux de bal­last, provenant de la voie fer­rée à prox­im­ité ». Qui a lancé les morceaux de bal­last ? Mys­tère, on en con­nait sim­ple­ment les con­séquences : 40 policiers blessés. Un grand exer­ci­ce de con­tourne­ment du réc­it factuel et sans détour de l’agression des CRS par des migrants dont la Voix du Nord ne dit égale­ment à aucun moment qu’ils occu­paient illé­gale­ment un terrain.

France Bleu, plus cru

La radio France Bleu est beau­coup moins pudique pour décrire les événements :

« Un affron­te­ment “d’une vio­lence inouïe” entre des CRS, des gen­darmes et des migrants a fait “au moins 15 blessés” ce jeu­di matin à Calais. Les CRS dis­ent avoir été attaqués par une cen­taine de per­son­nes armées de pier­res ». Le bilan de la journée est élo­quent : « Au moins 15 CRS ont été hos­pi­tal­isés selon une source poli­cière pour des con­tu­sions, des plaies et un polici­er aurait une jambe cassée. Plusieurs migrants ont égale­ment été blessés dans l’af­fron­te­ment ». Le con­traste avec la cou­ver­ture de La Voix du Nord est sai­sis­sant. Les jour­nal­istes des deux médias ont-ils assisté au même événement ?

La maire de Calais agressée par un « sans-abri »

Le 29 décem­bre, la maire de Calais, Nat­acha Bouchart, a voulu se ren­dre dans une agence ban­caire de la ville. Selon un arti­cle de l’édition du 30 décem­bre de La Voix du Nord, elle « a été agressée par un sans-abri. (…) L’une des clientes qui sort, enceinte, tombe en essayant d’éviter les sacs dans l’entrée. L’élue ôte les sacs du pas­sage, l’un des hommes s’approche et lui porte un coup du plat de la main sur l’épaule ».

Le quo­ti­di­en Nord Lit­toral est un peu plus pré­cis sur le groupe auquel l’individu ayant agressé la maire de Calais appar­tient : « un groupe de SDF orig­i­naires d’Europe de l’est ». Aurait-il été incon­gru pour La Voix du Nord de désign­er ces indi­vidus comme des « migrants » ? Ou ce terme ne doit-il être qu’associé à des événe­ments positifs ?

En 2015, la maire de Calais ne taris­sait pas d’éloges vis-à-vis des migrants lors d’une inter­view à Valeurs actuelles : « il faut vivre avec la prob­lé­ma­tique des migrants «dans les meilleures con­di­tions pos­si­ble», car «ça peut être une richesse cul­turelle excep­tion­nelle […] et les Calaisiens pour­ront s’enrichir encore plus de ces pop­u­la­tions migrantes ».

Si les Calaisiens peu­vent appréci­er chaque jour l’enrichissement qu’apportent les migrants, par­mi les médias de grand chemin, La Voix du Nord est bien placée pour en gom­mer toutes les aspérités.

L’OJIM a con­sacré d’autres arti­cles à la cou­ver­ture médi­a­tique en mode dis­cret des vio­lences com­mis­es par les migrants à Calais :

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