Le père Fouras du communisme
« Comme d’autres sont nègres, moi je suis rouge. » (Médias, automne 2011.)
À plus de soixante-dix ans, Daniel Mermet fait de la résistance mais désespère, de son propre aveu, « d’arriver à rejoindre à nouveau le grand public. » En effet, il a occupé pendant vingt ans un créneau d’une heure quotidienne sur la plus importante station de radio publique avec son émission « Là-bas si j’y suis » (France Inter), une tribune inespérée (qui rassemblait entre 450 000 et 700 000 auditeurs par émission), où il divulguait unilatéralement ses convictions d’extrême gauche. Une propagande, qu’il poursuit aujourd’hui sur la toile avec un site au nom éponyme, invariablement justifiée par une conception parfaitement soviétique de la démocratie : sont « démocrates » ceux qui partagent ses idées et qui sont d’ailleurs les seuls invités dans son émission, ainsi que l’a démontré, chiffres à l’appui, le site Enquête et débat.
Forcément, à ce régime, ses idées avaient peu de marge pour évoluer d’un iota, ce qui, en l’occurrence, n’a jamais été non plus un horizon envisageable pour un homme qui vit son tropisme idéologique comme une fatalité génétique. Daniel Mermet justifie en effet systématiquement ses convictions en rappelant qu’il est né dans une famille ouvrière de la banlieue rouge, argument pour le moins précaire, en fonction duquel on conclut qu’il sévirait sur Radio Courtoisie comme héraut de la Réaction s’il avait vu le jour à Versailles dans une famille traditionaliste. Quoiqu’il en soit, le journaliste est né il y a fort longtemps, ce qui confère à son discours une dimension quasi muséale, et on finit par penser que Daniel Mermet est moins un journaliste qu’une statue commémorative que personne n’aurait eu le courage de déboulonner il y a encore quelques années, même s’il a longtemps obstrué par ce fait une partie non négligeable du paysage médiatique.
Il est né en décembre 1942 à Pavillons-sous-Bois, et a grandi dans une famille ouvrière de la banlieue parisienne, comptant huit enfants.
Formation universitaire
Il sort diplômé, en 1962, de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art. Durant ses études, ses premiers engagements le rapprochent des positions du F.L.N. algérien et du Réseau Jeanson.
Parcours professionnel
Avant sa carrière à la radio, Daniel Mermet a une première vie professionnelle au cours de laquelle il dessine et fabrique des modèles de jouets en bois, dessine également pour l’industrie textile et collabore au magazine Elle. Il travaille avec le réalisateur de films d’animation Paul Grimault, grâce à qui il rencontre Pierre et Jacques Prévert. En 1973, il s’oriente vers le théâtre et crée « Le Théâtre de la table qui recule », compagnie qui rencontre un certain succès avec Mortimer Baltimore, un spectacle joué notamment au festival d’Avignon. Sa carrière radio débute en 1976, date à laquelle il entre à France Culture pour réaliser des contes quotidiens et des émissions sur l’Art Brut (« Dans la Banlieue de l’Art »). Il passe sur France Inter l’année suivante (« L’Oreille en coin » avec Jean Garetto et Pierre Codou) et va encore explorer de nombreux registres (une émission de voyage poétique : « Dans la ville de Paramaribo, il y a une rue qui monte et qui ne descend jamais », une émission sur l’horreur en 1984 : « Chair de poule », sur le jazz en 1985 : « Charlie Piano Bar », sur l’humour en 1987 : « Bienvenue à bord du Titanic » sur l’érotisme avec « La Coulée Douce » (qui fera scandale en 1985 et 1986).
Mais c’est à partir de septembre 1989 que Mermet commence d’animer « Là-bas si j’y suis », émission quotidienne mêlant voyages, enquêtes et grands reportages, avec une ligne éditoriale « critique et engagée » (c’est-à-dire d’extrême gauche). « C’est vrai que nous sommes plus près des routiers que des rentiers, plus près des jetables que des notables », prétendra Daniel Mermet bien qu’il règne aujourd’hui depuis 23 ans sur cette véritable institution qui sera récompensée par les prix Ondas (1992), Scam (1993), du Conseil français de l’audiovisuel (1998), mais que son fondateur voudrait néanmoins faire passer pour un campement de Bohémiens, un réflexe commun au pays de la subversion subventionnée.
Il convient de noter par ailleurs que, si Daniel Mermet se flattait de représenter un courant minoritaire et dissident à l’intérieur du paquebot de Radio France, il s’honore également d’avoir formé des journalistes qui sont autant de pièces maîtresses des radios publiques (citons Sonia Kronlund, productrice des « Pieds sur Terre » sur France Culture ; Yann Chouquet, le directeur des programmes de France Inter) ou qui sévissent dans d’autres médias d’extrême-gauche. Il ne semble pas relever la contradiction, à moins qu’il fasse mine de prétendre que les journalistes changent subitement d’idéologie lorsqu’il changent d’émissions ou de tranche horaire.
Parallèlement à son émission, Daniel Mermet dirige, en 2002 et en collaboration avec Antoine Chao (le frère du ménestrel), « Mords la main qui te nourrit » avec des chômeurs stagiaires à la Maison de la Culture d’Amiens. Il réalise, en 2008, « Chomsky et Compagnie », avec Olivier Azam, un film documentaire qui fait 65 000 entrées. Suite à une émission sur le conflit israélo-palestinien et la diffusion de propos d’auditeurs, Mermet a été poursuivi à l’initiative de Gilles-William Goldnadel en 2001 pour « incitation à la haine raciale », mais relaxé en juillet 2002 et définitivement acquitté par la Cour d’appel de Versailles le 20 décembre 2006. Au sujet des conflits internes, Joëlle Levert, Attachée de production de l’émission, a accusé en 2003 Daniel Mermet de harcèlement moral, décrivant l’animateur comme un chef tyrannique, intraitable et manipulateur. Si ses colères semblent être connues de tous ceux qui ont eu à le fréquenter, Joëlle Levert rapporte des propos d’une extrême violence : « Tu vois ce que c’est, rien ? Toi, t’es moins que rien », lui aurait-il même affirmé jusqu’à pousser à bout sa collègue (qui aurait tenté de se suicider par surdosage de médicaments), qui se disait d’autant plus harcelée qu’elle venait, après sept CDD, d’obtenir un CDI.
L’apparatchik de la radio publique aurait également puni deux de ses anciens reporters (Thierry Scharf et Claire Hauter), en les rétrogradant un rang de pigistes pour la simple et bonne raison que ceux-ci auraient négligé de signer une pétition écrite par Mermet pour se défendre des accusations portées par Joëlle Levert.
Mermet, patron odieux ? En tout cas, très soucieux de la rentabilité de ses effectifs, qu’il tient à presser comme des oranges pour en extraire tout le jus, d’où une rotation endiablée parmi son équipe (Article 11 évoque des chiffres qui donnent le tournis : « entre 2010 et aujourd’hui, l’émission « modeste et géniale » a usé quatre réalisateurs, trois assistants réalisateurs, quatre attachés de production, six « chefs du répondeur » […] et huit reporters. »). À noter également que sa fameuse expression des auditeurs « modestes et géniaux » est, comme il l’a lui-même avoué, un emprunt à la troupe du cirque « Archaos » qui remerciait son public de cette manière à la fin de ses spectacles. Cela dit, pourquoi ne pas collectiviser les traits d’esprits ?
La direction de la radio décide en 2006 de déplacer l’émission à une heure de moindre écoute, ce qui déclenche l’ire de Mermet et des auditeurs ; comme de coutume, une pétition ne tarde pas à circuler, pestant contre une supposée reprise en main politique à l’approche des élections de 2007.
En juin 2014, la nouvelle directrice de l’antenne de France Inter, Laurence Bloch, annonce l’arrêt de l’émission Là-bas si j’y suis. Mermet, qui s’était fait tant de mouron quant à l’éventuelle suspension de son émission lors de la nomination de son ennemi déclaré Philippe Val à la tête de France Inter en 2009, sera finalement écarté sous l’ère hollandienne par une femme entendant rajeunir et féminiser l’antenne.
Cette décision est prise contre la volonté de l’équipe en charge du programme, particulièrement les reporters permanents au statut moins précaire. Mais, l’émission bénéficiant d’une certaine aura, même les petites mains semblaient se faire une raison et acceptaient cette épreuve comme une sorte de sacerdoce idéologique autant qu’un avancement pour leur carrière de journaliste, ce qui explique le temps qu’il aura fallu avant que l’omerta soit brisée. Comme le confesse une ancienne collaboratrice broyée par la charge de travail colossale exigée par Mermet : « parce que cette émission est trop importante. C’est la seule qui nous reste dans les grands médias. »
Les auditeurs de l’émission protestent vigoureusement contre ce choix éditorial, notamment à travers le site la-bas.org. Une pétition pour le maintien de l’émission récolte près de 80 000 signatures au cours de l’été. Dans la foulée, l’équipe des journalistes titulaires (Antoine Chao, Giv Anquetil et Charlotte Perry), restée très proche de Mermet, se voit proposer par la direction, en guise de compensation, de produire une émission qui puisse prendre le relais de Là-bas si j’y suis.
Le nouveau programme voit le jour dès août 2014, sous le titre d’Un bruit qui court. À la fin du même mois, Daniel Mermet annonce qu’il envisage de faire renaître l’émission sur internet. Il tient sa promesse car le site voit le jour en janvier 2015. Proposant au départ une émission hebdomadaire sur le modèle de sa défunte émission, le site s’enrichit progressivement d’articles (dont la majorité est réservée aux 30 000 abonnés que compte le site en 2019) de podcasts et de chroniques au format vidéo, sont souvent tenues par des anciennes figures de la gauche médiatique plus tout à fait en odeur de sainteté (dont Didier Porte et l’inévitable Aude Lancelin), l’extrême-gauche n’étant jamais en carence de radicalisme autoproclamé.
En novembre 2017, Daniel Mermet gagne son procès en appel contre Radio France, qu’il accusait de licenciement abusif. La radio est publique est alors sommée de lui verser 139 520 € à titre d’indemnité légale de licenciement, 140 000 € de dommages et intérêts et 16 785 € à titre d’indemnité de préavis. Son public de justiciers sociaux impénitents apprend à cette occasion que le patriarche était reconduit de CDD en CDD depuis 38 ans par la direction de la radio et que cette situation inadmissible faisait de lui l’authentique représentant du précariat, à la différence des pigistes qu’il malmenait. La morale d’extrême-gauche est sauve et le combat peut continuer.
Combien il gagne
De l’aveu de son ancien collaborateur et ami François Ruffin dans la revue Fakir : « Ça se compte en milliers d’euros, un salaire de bon cadre, arrondi avec les droits d’auteur, les produits dérivés, un livre, un CD, un film. Il n’est pas pauvre, à coup sûr. »
Publications
- Là-bas si j’y suis : carnets de voyages, Agenda 2000, édition Eden, 1999.
- Là-bas si j’y suis : carnets de routes, édition Pocket, Paris, 2000.
- Là-bas si j’y suis : carnets de voyages, Agenda 2001, édition Eden, 2000.
- Là-bas si j’y suis : carnets de voyages, Agenda 2002, édition Eden, 2001.
- Nos années Pierrot, La Découverte / France Inter (CD-Livre), 2001.
- Ugly : Ohmondieu-mondieu-mondieu !, édition Point virgule, 2002.
- L’île du droit à la caresse, édition Panama, 2004.
- Post-scriptum sur l’insignifiance suivi de Dialogue, édition de l’Aube, 2007.
Collaborations
Chomsky & Cie, documentaire de Olivier Azam et Daniel Mermet basé sur la réalisation d’un reportage radio pour « Là-bas si j’y suis » par Giv Anquetil et Daniel Mermet. Sorti en salle le 26 novembre 2008.
Chomsky et le pouvoir, documentaire d’Olivier Azam et Daniel Mermet basé sur un nouvel entretien avec Noam Chomsky réalisé en avril 2009. Sorti en DVD en novembre 2009 avec le premier volet du documentaire.
Le duo récidive en 2015 en adaptant à l’écran la somme d’Howard Zinn, Histoire populaire des États-Unis, qui, comme le documentaire précédent, est produit grâce à une souscription publique et bénéficie également d’une sortie en salles le 29 avril 2015.
Il l’a dit
« Oui, et c’est ça qui a emmerdé la direction [de France Inter, ndlr]. Ça a été un succès d’audience tout le long, avec une moyenne de 500 000 personnes par jour, y compris quand ils ont décalé l’émission en 2006, à la veille des élections de 2007 et surtout après le référendum de 2005. On les avait beaucoup agacés alors, parce qu’on avait soutenu le « Non » et pas eux, la direction et la rédaction en général. Donc ils nous ont collés à 15 h, au lieu de 17 h, donc sur une tranche de l’après-midi où c’était mort, 150 000 auditeurs, et on a remonté cette tranche, avec 700 000 personnes à 15 h, un score qu’ils n’ont jamais refait depuis. À l’époque on disait aux auditeurs : « Arrêtez de nous écouter, on va se faire virer ». Et c’était un peu vrai. […] Et il faut souligner autre chose : le journalisme dissident ça marche ! Parmi les anciens de « Là-bas », on a un député [François Ruffin], des gens qui ont des émissions sur Inter, sur France Culture, un directeur des programmes, des gens qui sont sur Mediapart, etc. Ça aussi ça fait partie de l’histoire. », site du NPA, 30 novembre 2019.
« La classe moyenne a lâché la classe populaire dans les années 1980. Avec la montée du chômage, le prolo perdait sa force ouvrière et ses chances d’ascension sociale — il glissait même vers le bas ; on ne le voyait plus, il puait l’échec. La gauche de gauche n’a pas su devenir l’expression politique de ce monde désemparé. Rejet, humiliation, ressentiment, tout ce qu’il fallait pour glisser vers l’abstention ou le FN. On en est là. Ce racisme social, on le retrouve dès qu’on entend : « Au fond, les communistes, c’est le FN, c’est pareil. » C’est la phrase d’Hollande. C’est une saloperie sans nom. Je comprends tout à fait que des gars aillent au FN. On faisait un reportage la semaine passée, à Maubeuge, dans une usine, une forge métallurgique. Les gars sont foutus mais ils continuent de se battre jusqu’au bout. C’est un désespoir total, tout le monde se fout d’eux. J’étais avant avec les Goodyear. Ils me disaient qu’ils étaient tous à la CGT mais que la moitié votait Marine Le Pen. Et quand tu restes leur parler, tu comprends pourquoi. « On l’a pas essayée, elle », me dit un gars. « – Mais attends, je réponds, il y a Mélenchon, non ? – Ouais, il est bien Mélenchon, mais c’est un Parisien. Et puis, il parle, tu dirais Victor Hugo… Marine, on la comprend. – Mais, j’ajoute, Marine Le Pen aussi, elle est de Paris. – Ouais, ouais, mais on l’a pas essayée. Et puis, eh, c’est une femme ! » Qu’est-ce que tu veux faire ? Je suis malheureux comme tout de voir que la gauche ne peut pas proposer autre chose. Comment stigmatiser ces gens ? On les a tous laissés dans la merde. C’est un abandon total, ils n’ont aucun recours. », Ballast, 16 juillet 2015.
« C’est vrai que je vais avoir 72 ans cette année, mais je n’en ai pas honte du tout ! Faire du jeunisme ou de la gérontophobie est tout à fait honteux. Est-ce que Radio France va faire de la gérontophobie avec Edgar Morin ou Ken Loach ? C’est absolument dégueulasse de dire qu’il faut virer les vieux pour les remplacer par des jeunes. Ce n’est pas parce que les journalistes sont jeunes que le public se rajeunit. Aujourd’hui Noam Chomsky est lu en terminale. Cet argument ne marche pas. Il n’y a pas eu de vieillissement de cette émission, car elle est nourrie par l’actualité, par l’air du temps. Leur point de vue n’est pas défendable. Que reste-t-il alors comme argument ? Il faut changer, il faut rajeunir, soit. Mais pourquoi faire disparaître une émission, alors qu’on aurait pu la mettre le week-end ? Il y a une volonté de la faire disparaître. C’est la réalité. Quand vous avez débusqué ces mensonges arrogants, il reste que c’est une décision politique. C’est une émission qui déplaît, à cause de sa ligne éditoriale, à l’actuelle direction de Radio France, tout simplement. En vertu peut-être – c’est plus compliqué – des attitudes de revanche personnelle qui peuvent dicter la conduite de cette direction.» Les Inrockuptibles, 29 juin 2014.
« Je t’en veux personnellement, Brygo, d’avoir créé ça dans l’équipe, des revendications salariales, alors que les règles sont claires quand tu entres dans la boîte ! C’est tant du cachet et voilà. Moi qui pensais qu’on était en autogestion joyeuse dans cette équipe, je découvre avec ce que tu as fait que tu t’es livré à des jeux de pouvoir pour prendre le pouvoir dans l’émission. Tu pourras dire que t’as travaillé à “Là-bas si j’y suis”, ça fait bien comme carte de visite, hein ? Tu pourras dire que tu t’es payé un patron de gauche, hein ? » Tirade adressé au journaliste Julien Brygo, qui avait eu le front de dévoiler son salaire à l’antenne, Article 11, 26 juin 2013.
« Les journalistes sont aujourd’hui les pom pom girls du capitalisme », Rencontres : « L’Information et le pouvoir », Les Chapiteaux du livre, Théâtre de Sortie Ouest à Béziers, 29 septembre 2012
« Les médias de notre pays opèrent contre la démocratie », ibid.
« Ma sensibilité politique ne vient pas des livres ou des voyages, mais de mon origine sociale. Je suis né dans la banlieue rouge, au sein d’une famille de huit enfants, très pauvre. Je suis tombé dedans étant petit. Comme certains sont nègres, moi je suis rouge », Médias, automne 2011
« Je suis exigeant pour les bons, tyrannique pour les médiocres », Les Inrockuptibles, février 2010.
Nébuleuse
Serge Halimi ; Alain Gresh ; Éric Hazan ; Antoine Chao ; Olivier Azam ; François Ruffin ; Areski ; Jacques Higelin ; Noam Chomsky ; Sonia Kronlund ; Pierre Chouquet ; Jonathan Duong.
Ils ont dit
« Dans le grand jeu de la concurrence entre stations, Radio France achète des Patrick Sabatier, des Isabelle Giordano, des Pascale Clark à prix d’or. À des fausses vedettes, la télé signe des chèques avec cinq zéros. Et voilà ce type, une star quand même dans son registre, qui ne possède même pas son appartement, qui ne comprend rien de rien au pognon, qui dépense tout en taxi et restau, qui serait infoutu de prendre une action, qui a connu des années de vache squelettique, qui est resté fidèle au service public durant toute sa carrière (il est vrai que le privé n’en voudrait pas trop), et on va l’accuser de quoi ? De gagner plus que ses reporters ? La blague. », François Ruffin, Fakir, 8 juillet 2013.
« Daniel Mermet n’est en rien responsable ni du budget dérisoire affecté à l’émission qu’il anime, ni de la précarité statutaire des collaborateurs de l’émission, ni du détournement du régime d’indemnisation des intermittents du spectacle : tout cela relève de la direction de France Inter. C’est cette « précarité instituée » (pour reprendre l’expression du SNJ) qui gangrène la plupart des médias qu’il convient avant tout de combattre, parce qu’elle est génératrice de toutes les formes de souffrance au travail, d’invitation à la soumission et, le plus souvent, de détérioration de la qualité de l’information, comme nous n’avons cessé de les souligner. La lutte contre cette précarité dépasse largement le seul cas de « Là-bas si j’y suis », mais elle l’englobe. », Acrimed, 3 juillet 2013.
« Ça a été trop douloureux pour moi, je ne veux plus en parler, lâche Maurane. Le rythme d’enfer, la pression, le silence dans le bureau… Et puis mon petit lynchage où, en tant que fille d’ouvriers, je me suis fait traiter de “traître à ma classe”. » Le doyen de LBSJS possède en effet cette habitude charmante qui consiste à utiliser l’origine sociale de ses employés en guise d’arme d’intimidation massive. À la manière d’un Bernard Tapie ou d’un Joey Starr, Daniel Mermet ne cesse d’invoquer ses propres origines populaires pour marcher sur la tête des autres. « Comme certains sont nègres, moi je suis rouge », proclame-t-il comme on brandit un bâton de maréchal. » Olivier Cyran, Article11, 26 juin 2013.
« Cette émission est à elle-seule la preuve du deux poids deux mesures dans notre pays. Sur une chaîne publique (donc payée par les impôts de tous), France Inter en l’occurrence, depuis plus de 20 ans, une émission quotidienne donne la parole à l’extrême-gauche et seulement à l’extrême-gauche », Jean Robin, Enquête et Débat, 15 avril 2012
« Daniel Mermet, c’est le Christ ! On l’a crucifié une fois [l’horaire de son émission a été avancé à la rentrée 2009, NDLR], on ne peut pas le refaire une seconde fois », Didier Porte, Street Press, 21 octobre 2010
« Trop perso pour devenir le porte-parole de quiconque : il vote Besancenot mais joue les briseurs de grève à France Inter. Trop dictatorial avec ses collaborateurs, trop tyrannique et méprisant envers le petit personnel pour exercer un magistère, même à Radio France », Christophe Ayad, Libération, 12 juillet 2002
« Il n’est pas mondain mais habite un appartement trop étroit et mal fichu en plein Boboland, dans le quartier de Montorgueil, qui a l’avantage d’être en territoire “ennemi” », ibid.
« Les humiliations récoltées par Joëlle Levert, trop nombreuses pour se résumer ici, convergent toutes vers la même conclusion, amère, désenchantante : la voix de la critique des dominants s’épanouit dans la domination. Enoncer ce fait, c’est peut-être offrir à la direction de France Inter, qui n’attend que ça, un prétexte pour virer une émission qui la défrise. Le dandy poudré Jean-Luc Hees en rêve de jour comme de nuit. Mais fermer sa gueule, c’est approuver l’impunité, c’est encourager la récidive. Si Mermet peut s’adonner librement et depuis si longtemps à la perversion — largement répandue, il est vrai — qui consiste à reproduire au bureau ce que l’on fustige en public, c’est justement parce qu’il y a des gens qui l’ont laissé faire. Il y a les victimes qui tendent le bâton pour se faire battre en croyant que, comme ça, ça fera moins mal : à peu de choses près, elles sont des millions dans le même cas. Mais il y a surtout les autres, les prestigieux, les porte-paroles reconnus, les amis de Mermet, les invités à répétition qui savent ce qui se passe et n’ont jamais moufté. » CQFD n°7, 15 décembre 2003.
Crédit photo : Bertrand via Wikimedia (cc)