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Les liens très étroits de Lagardère Entertainment avec France Télévisions

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24 octobre 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Les liens très étroits de Lagardère Entertainment avec France Télévisions

Temps de lecture : 3 minutes

La une du JDD le 11 octobre dernier, appuyé sur le sondage selon lequel un tiers des électeurs serait prêt à voter Marine le Pen, n’a pas fait que fâcher contre le directeur du JDD Jérôme Bellay son patron Lagardère. Elle a aussi des répercussions sur la place du groupe au sein de France Télévisions et sur le climat social à l’intérieur du journal.

Le 16 octo­bre, la société des jour­nal­istes du JDD a voté – à 40 voix pour, 3 con­tre et 7 absen­tions – une motion de défi­ance envers sa direc­tion pour cette Une accusée d’être trop empathique pour le chef de file du FN. Les jour­nal­istes pointent des « dys­fonc­tion­nements au sein du jour­nal, des erre­ments man­agéri­aux, de l’absence de vision et de stratégie » et accusent « un choix d’événements en urgence alors que cer­tains pour­raient être lancés en amont et mieux traités, comme pour les trois pages de dimanche sur le Front nation­al, un recours abusif aux sondages, une absence de souf­fle et de vision ».

C’est donc une affaire qui tend la sit­u­a­tion sociale du JDD, mais aus­si de tout le groupe Lagardère Active dont les salariés avaient eux aus­si voté le 13 octo­bre une motion de défi­ance con­tre leurs dirigeants et la vente prévue du men­su­el Par­ents qui devrait être adossé à une mai­son d’édi­tion. Le groupe Lagardère, qui s’es­time « en panne » sur la presse mag­a­zine, envis­age en effet de tout ven­dre, sauf le JDD, Paris-Match et Elle.

Par ailleurs Jérôme Bel­lay, directeur du JDD, donne égale­ment du grain à moudre à Del­phine Ernotte, la nou­velle patronne de France Télévi­sions, qui essaie de réduire le poids de Lagardère dans les émis­sions du groupe.

À peine arrivée (et déjà con­testée) Del­phine Ernotte a en effet décou­vert les liens très étroits entre France Télévi­sions et les 21 sociétés de pro­duc­tion de chez Lagardère Enter­tain­ment. À la fin de l’ère Pflim­lin, les com­man­des du groupe audio­vi­suel pub­lic à ces sociétés avaient atteint la somme ron­delette de 70 mil­lions d’eu­ros. Plus étrange encore : toutes les émis­sions ont été recon­duites, même celles qui ne marchent pas comme « Du côté de chez Dave » (Car­son Prod) qui atteignait jadis 9 voire 10% d’au­di­ence et se trou­ve aujour­d’hui autour de 5% voire en-dessous.

C’est que les liens entre le pro­duc­teur privé et le groupe pub­lic sont tis­sés par des per­son­nes. Ain­si, l’un de ceux qui com­mandaient le plus d’émis­sions à Lagardère, l’ex-patron de France 3 Thier­ry Lan­glois a été embauché par ce dernier après un bref pas­sage par Canal+. Sa nou­velle activ­ité ? Diriger la branche de pro­duc­tion d’émis­sions qui représente 60% du CA du groupe et en ven­dre le max­i­mum à France Télévi­sions où il a encore gardé bien des amis. Ce qui ressem­ble beau­coup au cap­i­tal­isme de con­nivence, un mal français bien connu.

Or, il se trou­ve que Jérôme Bel­lay est lui aus­si pro­duc­teur – via sa société Max­i­mal Pro­duc­tion qui fait par­tie de Lagardère Enter­tain­ment – de l’émis­sion « C Poli­tique » sur France 5. Et juste­ment le dimanche 11 octo­bre Marine Le Pen en était l’in­vitée pour com­menter led­it sondage ! La Une polémique et le dossier aux petits soins pour le FN n’é­taient ain­si qu’un coup mar­ket­ing pour l’émis­sion du soir sur le ser­vice pub­lic. Ce qui a provo­qué logique­ment la colère de Dephine Ernotte, qui s’est sen­tie « instru­men­tal­isée », à en croire Le Canard Enchaîné. Pour revenir en grâce, Lagardère devra sans doute lâch­er du lest. Ou sac­ri­fi­er quelqu’un…