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21 novembre 2021

Temps de lecture : 12 minutes

21 novembre 2021

Accueil | Portraits | Jérôme Bellay

Jérôme Bellay

Temps de lecture : 12 minutes

Pilier du groupe Lagardère

Jérôme Bellay, de son vrai nom Dominique Quenin, est né le 10 octobre 1942 à Châlons-en-Champagne. Il est marié à la chanteuse Karen Cheryl (la journaliste Isabelle Morizet, de son vrai nom) qui travaille sur Europe 1 de 2001 à 2008 et depuis 2012.

Formation universitaire

Jérôme Bel­lay est tit­u­laire d’un bac­calau­réat. À 18 ans il avait passé le con­cours de l’IDHEC et voulait faire du cinéma.

Parcours professionnel

Jérôme Bel­lay débute sa car­rière dans la presse écrite en 1961, dans le quo­ti­di­en L’Union de Reims, avant d’entrer à l’ORTF en 1965 où il cou­vre l’actualité à Cayenne. Il est ensuite cor­re­spon­dant d’An­tenne 2 et de TF1 à Brux­elles en 1973 puis nom­mé rédac­teur en chef d’Antenne 2 en 1975.

Il est nom­mé en 1981 directeur de l’in­for­ma­tion de Radio France. Pro­fes­sion­nel recon­nu, il est le créa­teur de France Info en 1987, dont il assure la direc­tion de l’in­for­ma­tion jusqu’en 1989. En 1994, il créée la chaine LCI, fil­iale de TF1. En 1996, il rejoint le groupe Lagardère, pour assur­er la direc­tion générale de l’an­tenne d’Europe 1, alors en lourde perte d’au­di­ence. Il y applique le con­cept de “News and Talk”, basé sur l’in­for­ma­tion et des débats sur l’ac­tu­al­ité. Il est rem­placé en 2005 par Jean-Pierre Elk­a­b­bach, mais reste admin­is­tra­teur de Lagardère active broad­cast et mem­bre du comité de direc­tion de Lagardère active.

Depuis sep­tem­bre 2000, Jérôme Bel­lay est prési­dent-directeur-général de la société Max­i­mal Pro­duc­tion, qui pro­duit des reportages, des doc­u­men­taires et des mag­a­zines d’in­for­ma­tion, notam­ment l’émis­sion quo­ti­di­enne C dans l’air d’Yves Calvi. La société dépend depuis 2008 de Lagardère enter­tain­ment, fil­iale de Lagardère active, qui réu­nit l’ensemble des activ­ités de pro­duc­tion et de dis­tri­b­u­tion audio­vi­suelles du groupe Lagardère. Max­i­mal Pro­duc­tion a pro­duit notam­ment l’in­ter­ven­tion télévisée du prési­dent de la République du 27 octo­bre 2011, con­sacrée à la crise de la zone euro : une émis­sion basée, d’après TF1, sur “une idée orig­i­nale de Jérôme Bel­lay” (Le Monde – 17-10-2011). Max­i­mal Pro­duc­tion assure, en jan­vi­er 2012, une nou­velle inter­ven­tion du chef de l’État dif­fusée sur 9 chaînes de télévision.

À l’été 2011, Jérôme Bel­lay est nom­mé au poste clé de directeur du Jour­nal du Dimanche, autre titre phare du groupe Lagardère, en rem­place­ment d’O­livi­er Jay. Jérôme Bel­lay dira aux jour­nal­istes du JDD « Je ne serai pas de ceux qui fer­ont tout pour que Nico­las Sarkozy ne soit pas réélu ».

En octo­bre 2015 il est dans la tour­mente après la une du JDD sur Marine Le Pen « un français sur trois prêt à vot­er pour elle ». « Fait aggra­vant : pro­duite par M. Bel­lay, l’émission « C Poli­tique » du 11 octo­bre a comme invitée… Marine Le Pen. Le directeur de la rédac­tion du JDD est soupçon­né d’avoir util­isé son jour­nal pour faire prospér­er son émis­sion. « Ça fai­sait petite entre­prise », se sou­vient un jour­nal­iste de l’hebdomadaire », relève Le Monde (30/05/2016). Arnaud Lagardère s’était plaint de cette Une à l’époque, et le 16 octo­bre 2015 la société des jour­nal­istes adopte une motion de défi­ance con­tre Jérome Bel­lay, visant des « des erre­ments man­agéri­aux, de l’absence de vision et de stratégie ».

Fin mai 2016, il annonce qu’il quitte ses fonc­tions de directeur de la rédac­tion du Jour­nal du dimanche et de dirigeant de Max­i­mal Pro­duc­tions. C’est la fin d’un feuil­leton politi­co-financier qui voit Jérome Bel­lay céder à la pres­sion du pou­voir de Hol­lande, relayée notam­ment par Del­phine Ernotte et Ramzi Khi­roun, selon TéléObs.

Il con­tin­ue à s’impliquer dans l’ombre dans la car­rière d’Yves Calvi qu’il a suivi à LCI fin août 2016 puis à Canal+ en sep­tem­bre 2017. Selon MCE TV, « très écouté par Vin­cent Bol­loré, Cyril Hanouna voit en Yves Calvi l’homme de la sit­u­a­tion pour le 18h-20h sur Canal+. Après le flop du Grand Jour­nal et le peu d’audience du Petit Jour­nal, la chaîne cryp­tée a besoin de mus­cler ce créneau horaire très stratégique. L’animateur de TPMP aurait organ­isé une ren­con­tre entre Yves Calvi, son pro­duc­teur his­torique, Jérôme Bel­lay, et les dirigeants de la chaîne cryp­tée ». Le Parisien enfonce le clou : lors de cette ren­con­tre, « à table, il y a aus­si le charis­ma­tique pro­duc­teur Jérôme Bel­lay, avec qui Calvi a créé « C dans l’air » sur France 5 et sans qui rien ne se fait ».

Con­tre toute attente, Jérôme Bel­lay fait son grand retour à la tête du Jour­nal du Dimanche à l’âge vénérable de 79 ans en octo­bre 2021. Nom­mé directeur général de la rédac­tion, il est sec­ondé par Cyril Petit, ex-directeur adjoint du quo­ti­di­en du dimanche, est pro­mu directeur de la rédac­tion. Il est vrai qu’Hervé Gat­teg­no, directeur du JDD et de Paris Match, était sur la sel­l­ette depuis quelques mois en rai­son des tour­ments judi­ci­aires causées par l’affaire Takkiedine et de sa ges­tion erra­tique de l’hebdomadaire. Selon une con­nais­sance du mil­liar­daire offi­ciant à Paris Match con­sultée par Libéra­tion, il « est évi­dent que c’est Bol­loré qui a dit stop ». En rachetant la part de cap­i­tal détenu par le fond Amber dans Lagardère Active, le mil­liar­daire bre­ton est devenu le pro­prié­taire réel du titre de presse et il se dit qu’il aurait peu goûté la « pho­to volée » d’Éric Zem­mour en une de Paris Match.

Parcours militant

Il n’est pas encar­té mais plus proche de la droite. TéléObs (24/04/2017, op. Cit.) dira « Jérôme Bel­lay […] Denis Olivennes… Les deux parta­gent un tro­pisme sarkozyste tan­dis que Ramzi Khi­roun en pince pour la gauche ».

En 2001 pour le Télé­gramme il tranche le débat : « Quand la gauche est au pou­voir, on dit que je suis de droite. Quand c’est la droite, on me dit de gauche. Je suis inclass­able parce que c’est comme ça ».

Publications

  • Le seigneur des dos-pelés (1979)
  • Le chercheur d’opale (1983)
  • La nuit du Crys­tal (2007)
  • Entre les lignes ou le jour­nal­iste assas­s­iné (2008)
  • Le Bal des pom­piers, par Jérôme Bel­lay, Le Cherche Midi, 239p., 17 € (2014)

Collaborations

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Ce qu’il gagne

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Il l’a dit

« J’es­time qu’une femme qui par­le d’in­sécu­rité n’a pas à être taxée de racisme. Quand bien même il y aurait eu des pro­pos dis­cuta­bles, il faut m’ex­pli­quer com­ment on peut com­bat­tre des idées sans qu’elles soient exprimées. » (Le Soir – 28 sep­tem­bre 1996)

« Je suis un indi­vid­u­al­iste social trop timide pour être mondain. Et puis, je con­nais trop les gens des médias. Ils m’ont fait du mal », Le Télé­gramme, 15/07/2001 (op. Cit.)

« Si j’é­tais proche de l’UMP, cela ferait longtemps que je serais patron de France 2 et France 3 ! Avec mon savoir-faire et ma per­son­nal­ité, si, en plus, je suis dans les papiers du pou­voir, il faut me don­ner la plus grosse respon­s­abil­ité… Il n’y a pas moins poli­tique que moi. » (Straté­gies mag­a­zine n°1303)

« Je défends des valeurs de radio con­tre des valeurs de com­merce. Vous savez, quand on fait quelque chose, cela vous ressem­ble. Donc, for­cé­ment, Europe 1 me ressem­ble. Je suis un jour­nal­iste avec de l’ex­péri­ence. Jean-Luc Lagardère me dis­ait : une radio, c’est l’af­faire d’un homme », Straté­gies, 20/11/2003.

Sa nébuleuse

Jérôme Bel­lay est PDG de Max­i­mal Pro­duc­tion, qui fait par­tie du groupe Lagardère Enter­tain­ment, lui-même dépen­dant de la branche Lagardère Active qui détient égale­ment 17 % du groupe Le Monde SA et 20 % de Canal+ France (groupe issu de la fusion des bou­quets satel­li­taires Canal­Satel­lite et TPS). Ce pôle dis­pose en out­re d’une dizaine de chaînes thé­ma­tiques, notam­ment dans la musique (MCM, Europe 2 TV…) ou les pro­grammes des­tinés à la jeunesse (Canal J, Gul­li). Le groupe reste seul maître à bord de la radio Europe 1, dirigée début 2011 par l’énarque et nor­malien Denis Olivennes, ancien directeur général délégué du Nou­v­el Obser­va­teur, qui a égale­ment pris en charge la direc­tion opéra­tionnelle d’un nou­veau pôle d’information de Lagardère active regroupant Europe 1, donc, mais aus­si Paris Match, Le Jour­nal du Dimanche, ain­si que Newsweb, fil­iale d’informations en ligne du groupe qui édite le JDD.fr (source : Les médias en servi­tude – édi­tions Polemia, décem­bre 2011).

Son départ de Max­i­mal pro­duc­tions est for­cé, con­state Le Monde (30/05/2016, op. Cit) : « France Télévi­sions a engagé une rené­go­ci­a­tion, afin, notam­ment, d’en réduire le coût. Le 9 mai, c’est la douche froide : le présen­ta­teur de « C dans l’air » et « poulain » de M. Bel­lay, Yves Calvi, annonce qu’il rejoint LCI, prenant par sur­prise France Télévi­sions et Max­i­mal, selon plusieurs sources. Ce départ est inter­prété comme un sig­nal : la posi­tion de Jérôme Bel­lay s’affaiblit, même auprès de ses proches. France Télévi­sions en prof­ite pour enfon­cer le clou et réa­gir au départ de M. Calvi, pili­er de France 5. Le groupe impose une nou­velle société de pro­duc­tion, « Togeth­er », dirigée par l’ancien de Canal+, Renaud Le Van Kim, pour copro­duire « C dans l’air » aux côtés de Max­i­mal. Une con­fig­u­ra­tion dif­fi­cile à accepter pour M. Bel­lay, qui se vit comme le père de l’émission. Il jette l’éponge ».

Après une petite année passée sur LCI, Calvi revient dans le giron de Bel­lay qui rede­vient son pro­duc­teur sur la nou­velle émis­sion d’info qu’il présente sur Canal+, « L’info du vrai ».

On l’a dit à son sujet

« si Jérôme Bel­lay est bien à l’o­rig­ine de la réus­site de France Info et de LCI, il n’a pas pu faire grand-chose pour RMC dont il fut le directeur d’an­tenne, faute d’ac­cord de la part de ses action­naires. A Europe 1, Jérôme Bel­lay pour­ra en tout cas sat­is­faire son féroce appétit de réfor­ma­teur. ATF1, où il venait de se faire dou­bler par Robert Namias à la direc­tion de la rédac­tion, il était resté sur sa faim », Libéra­tion, 15/07/1996.

« Tout l’homme est dans la for­mule. Ça passe ou ça casse. En général ça passe… Ce qu’il y a de ter­ri­ble avec les répu­ta­tions, c’est qu’elles col­lent à la peau. Depuis tou­jours, Jérome Bel­lay, 59 ans, costaud, l’air bour­ru d’un ours mal réveil­lé, intrigue d’au­tant plus qu’il ne s’embarasse pas des inim­i­tiés qu’il provoque sur son pas­sage », Le Télé­gramme, 15/07/2001.

« Doté des pleins pou­voirs, il sup­prime les con­férences de rédac­tion où les jour­nal­istes dis­cu­tent col­lec­tive­ment des sujets, s’en­ferme et conçoit seul, sans aucune aide, toute la tranche du matin : les invités, les sujets, les reportages, l’ac­tu­al­ité, les mag­a­zines, tout… Un cadre descend les ordres du patron et les fait appli­quer. Bel­lay entre­tient avec Cather­ine Nay ou Alain Duhamel des rela­tions notoire­ment exécrables. Le tsar n’aime pas les stars. Ni les élus du per­son­nel. Pas ques­tion d’ac­cueil­lir les hommes poli­tiques ou les grands patrons invités dans les émis­sions, un priv­ilège d’or­di­naire très prisé. Mais que François Hol­lande ait demandé à le ren­con­tr­er le flat­te », Chal­lenges, 18/06/2014.

« Der­rière la rugosité du car­actère, Bel­lay a les qual­ités d’un grand patron de rédac­tion. « C’est un des rares qui vous sort de votre case, témoigne Axel de Tar­lé. Il voit plus loin que ce que vous faites, il vous imag­ine ailleurs. Cela donne un coup d’ac­céléra­teur à une car­rière. » Impos­si­ble de citer tous les anciens de l’é­cole Bel­lay lancés par lui aujour­d’hui con­nus et recon­nus. Para­doxale­ment, ce patron sans con­ces­sion souf­fre de cette image de dur. Il se rac­croche aux femmes. « Elles ne pensent pas que je suis un ours », assure-t-il. L’écorché vif a mal vécu les man­i­fes­ta­tions des filles grimées de l’as­so­ci­a­tion La Barbe qui stig­ma­ti­sait l’ab­sence de femmes sur les plateaux de ses émis­sions. Depuis, Bel­lay s’épuise en défense, citant inlass­able­ment la liste de celles qu’il a engagées, lancées, soutenues : Alba Ven­tu­ra, Car­o­line Roux, Arlette Chabot… Il assure qu’il préfère tra­vailler avec elles. » Ibid.

« Jérôme appar­tient à l’espèce raris­sime des seigneurs de l’information », Arnaud Lagardère, 30/05/2016.

« “Rude”, “bour­ru”, “intran­sigeant”, “inven­tif”, “tout sauf un cour­tisan”… Le grand patron de presse ‑écrivain à ses heures- a un sacré car­ac­tère, décrit Chal­lenges, qui lui a con­sacré un por­trait en 2014 », L’Express, 30/05/2016.

« Bel­lay et Calvi, c’est un duo indé­fectible. Lorsqu’ils se ren­con­trent, en 1988, à France Info, Bel­lay, 45 ans, est déjà une fig­ure de la pro­fes­sion quand Calvi n’est qu’un débu­tant. Ensem­ble, ils vont arpen­ter le paf : Télé Lyon Métro­pole, RMC, LCI, Europe 1. L’un, tout en rugosité, l’autre tout en sou­p­lesse. En 2001, ils créent “C dans l’air”, un talk-show d’ac­tu­al­ité, for­mi­da­ble suc­cès qui struc­ture l’au­di­ence et l’im­age de France 5. Calvi règne en plateau, Bel­lay régit la liste des invités et, surtout, l’or­eil­lette — il est com­pris à demi-mot », TéléObs, 24/04/2017.

« Calvi embrasse un pub­lic allant des férus de poli­tique à celui, plus pop­u­laire, de RTL dont il ani­me la mati­nale. Bel­lay, l’homme de l’om­bre, patron du “Jour­nal du dimanche” et pro­duc­teur télé, cumule les leviers d’in­flu­ence : les poli­tiques cour­tisent “le JDD” et accourent dans son émis­sion “C poli­tique”, sur France 5. Intel­li­gentsia, écon­o­mistes, experts colonisent “C dans l’air” », ibid.

« Il incar­ne ce que Del­phine Ernotte fustigeait en prenant ses fonc­tions : l’arché­type du mâle blanc de plus de 50 ans qui squat­te la télé. Bel­lay en a 73 et assume crâne­ment son machisme », ibid.

« J’ai du respect pour lui. Il faut juste savoir que si vous n’êtes pas jour­nal­iste, vous êtes un som­bre con­nard, et qu’à ses yeux, il est incon­cev­able qu’un mec, dans l’or­gan­i­gramme de Lagardère, l’em… », un ancien dirigeant de France Télévi­sions à son sujet, ibid.

« Il est par­ti [de Lagardère] sans chèque de départ, pré­cis­era, tout éton­né, Denis Olivennes, en comité exé­cu­tif. Et donc non tenu par une clause de con­fi­den­tial­ité », ibid.

Crédit pho­to : Bib­lio­thèque munic­i­pale de Lyon — 1989 (cc)

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