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Éviction de Gattegno : entre émotion et rééquilibrage

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24 octobre 2021

Temps de lecture : 4 minutes
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Éviction de Gattegno : entre émotion et rééquilibrage

Temps de lecture : 4 minutes

Le départ d’Hervé Gattegno du groupe Lagardère ne passe pas inaperçu. Ancien patron du JDD et de Paris Match, cet homme de presse que personne, ou presque, ne connaissait (en-dehors du milieu du journalisme) avant son éviction, fait parler à six mois de l’élection présidentielle.

Der­rière ce départ cer­tains, à l’instar du Monde croient voir la main de Bol­loré et ses envies de droi­tis­er un peu son éven­tail médi­a­tique quand d’autres y ver­ront un rééquili­brage du paysage médiatique.

Du simple hommage à l’épouvantail brun, les réactions au départ

Vous ne con­naissiez pas Hervé Gat­teg­no ? Le petit monde médi­a­tique, si ! Alors que le départ d’Hervé Gat­teg­no du groupe Lagardère a provo­qué un intérêt peu com­mun de la presse, les réac­tions des jour­nal­istes sur les réseaux soci­aux en dis­ent long sur ce qui est en train de se jouer dans le paysage médi­a­tique français.

Si cer­tains ont ren­du un hom­mage, niais par­fois mais plutôt neu­tre à l’image de Claude Askolovitch et Éti­enne Grenelle

https://twitter.com/askolovitchC/status/1450424708265127939

…d’autres ont sor­ti leurs grands chevaux à l’image d’Aude Lancelin qui affirme qu’avec son départ ce sont deux grands médias qui « bas­cu­lent dans le champ d’influence de l’extrême droite ».

Éton­nante analyse quand on sait la manière dont Gat­teg­no a pu servir la soupe à Emmanuel Macron depuis quelques années et le peu de sym­pa­thie qu’Aude Lancelin peut avoir pour l’actuel président.

Raphaëlle Bac­qué, grand reporter et prési­dente de la Société des rédac­teurs du Monde n’y va pas par qua­tre chemins et évoque car­ré­ment, à pro­pos des deux per­son­nal­ités pressen­ties pour le rem­plac­er, Patrick Mahé et Jérôme Bel­lay, une nom­i­na­tion anti-Macron visant une alliance « droite-extrême droite ». Un degré d’analyse qui, en d’autres cir­con­stances, pour­rait être assim­ilé à une forme de complotisme.

Raphaëlle Bac­qué risque de ne pas être déçue car mer­cre­di 20 octo­bre au matin, Lau­rent Ubartel­li du Point annonçait que Lau­rence Pieau (ex-Clos­er) prendrait la place de Paris Match quand le JDD serait dirigé par l’actuel directeur adjoint de Valeurs Actuelles Tug­dual Denis.

https://twitter.com/oubertalli/status/1450744496761802754

Jean-Michel Aphatie, que les réseaux soci­aux n’ont vrai­ment pas gran­di y est allé de son petit cou­plet pleur­nichard sous-enten­dant claire­ment que ce change­ment était issu de la volon­té de Vin­cent Bol­loré. Pas un scoop mais tou­jours l’occasion d’écrire quelque chose.

D’autres ten­tent le lyrisme avec un ridicule un peu gênant à l’image de Nils Wilcke.

Voir aus­si : Départ d’Hervé Gat­teg­no au JDD et à Paris Match, début de l’ère Bolloré ?

À six mois de la présidentielle, les médias en ébullition

Une fois n’est pas cou­tume, l’information factuelle à retenir de cette petite polémique a été soulignée par l’AFP : il s’agit de mou­ve­ments qui inter­vi­en­nent à six mois de la prési­den­tielle. En effet, l’arrivée d’Éric Zem­mour sem­ble gal­vanis­er Bol­loré dans sa volon­té de diver­si­fi­er (en l’occurrence droi­tis­er) une par­tie de la presse nationale. Juste retour de bâton pour un monde médi­a­tique qui penche large­ment au cen­tre gauche libéral lib­er­taire et qui sem­ble avoir trou­vé un can­di­dat-prési­dent idéal avec Emmanuel Macron.

Depuis le début du quin­quen­nat, l’information et les médias sont au cœur des préoc­cu­pa­tions de la majorité qui sem­ble gênée par la diver­sité d’opinion et la lib­erté de ton inhérente à inter­net. La loi Avia aura mon­tré la volon­té de musel­er les con­tre­poids médi­a­tiques, la créa­tion d’un obser­va­toire de la haine en ligne com­plètera ensuite le pan­el répressif…

Le pou­voir s’est activé pour lim­iter les voies con­tes­tataires mais béné­fi­cie aus­si de la créa­tion d’un média tail­lé sur mesure avec Franc-Tireur, qui se lance en novem­bre à cinq mois de l’élection prési­den­tielle. Déjà assuré d’une cer­taine forme d’appui du groupe France TV qui ne devrait pas vrai­ment faire cam­pagne pour Jean-Luc Mélen­chon, Éric Zem­mour ou Marine Le Pen, le prési­dent Macron dis­pose d’un large pan­el de jour­naux qui lui sont acquis ; d’autres le ral­lieront en cas de sec­ond tour con­tre « un pop­uliste » à l’image de Libéra­tion, dernier ves­tige quo­ti­di­en du social­isme ver­sion PS.

Faute de révo­lu­tion­ner une pro­fes­sion très ancrée à gauche et dans le mod­èle libéral lib­er­taire, les mou­ve­ments opérés par Bol­loré, quoiqu’on puisse en penser par ailleurs, vont indé­ni­able­ment dans le sens d’une plus grande diver­sité d’opinion dans les médias.