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Journalistes du JDD, encore un effort !

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18 août 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Journalistes du JDD, encore un effort !

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 1er juil­let 2023

Le JDD outragé, le JDD brisé, le JDD martyrisé, mais le JDD libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple… On se croirait à l’Hôtel de ville de Paris, le 25 août 1944, pendant la Libération, lorsque le général de Gaulle prononçait son célèbre discours. Mais non, nous sommes au Théâtre libre dans le Xème arrondissement de Paris le 28 juin 2023, une soirée en soutien des journalistes en grève du quotidien dominical, une analyse et un conseil amical.

Arrêts sur images s’engage

Nous reprenons le ver­ba­tim d’un arti­cle du 28 juin d’Arrêt sur images de Daniel Schnei­der­mann, où il donne la parole à Car­o­line Fontaine, une anci­enne jour­nal­iste licen­ciée de Paris Match :

« J’ai fait des reportages très durs. Et pour­tant je le dis là devant vous, chers con­frères et amis…» Car­o­line Fontaine s’ar­rête. La voix s’é­tran­gle. La salle (comble) du Théâtre libre, à Paris, se lève, l’ap­plau­dit une minute, deux min­utes. «…Bol­loré et ses sbires m’ont fait beau­coup plus de mal ». Représen­tante de la société des jour­nal­istes de Paris Match, Car­o­line Fontaine a été licen­ciée pour l’ex­em­ple, pour s’être opposée à un édi­to­r­i­al de l’ex-directeur de Match Patrick Mahé, « parce qu’ils veu­lent envoy­er le mes­sage très clair que per­son­ne n’est à l’abri ». C’est la pre­mière fois qu’elle prend la parole en pub­lic. « Il faut se bat­tre sans peur », lance-t-elle à ses con­sœurs et con­frères du JDD, aujour­d’hui men­acés par le rouleau com­presseur Bol­loré. « Col­mater avec nos petits bras. À Paris Match, vingt-cinq sont par­tis, la plu­part en silence. Moi, je refuse de négoci­er. Il faut aller aux prud­hommes, pour soi et pour le col­lec­tif. »

Voir aus­si : Enquête au cœur de la résis­tance con­tre Bolloré

La soirée de sou­tien a été organ­isée par RSF, qui n’a pas tou­jours été par­ti­san de la lib­erté d’expression. Le très macronien Jean-Marc Dumon­tet, pro­prié­taire de la salle, l’a pro­posée gra­tu­ite­ment, c’est un « acte civique » a‑t-il déclaré au Monde avec un joli mou­ve­ment de menton.

« Ils sont venus, ils sont tous là, même ceux du sud de l’Italie, y’a même Gior­gio le fils mau­dit » chan­tait Charles Aznavour. Et en effet ils sont tous là, l’économiste assoif­fée de pou­voir Julia Cagé, l’écolo Marine Ton­de­lier qui veut inter­dire CNews, Edwy Plenel est dans la salle, il y a un député Renais­sance, le jour­nal­iste Hervé Gat­teg­no, un séna­teur social­iste, Clé­men­tine Autain de LFI qui veut met­tre les médias sous le con­trôle des syn­di­cats, la CGT, la CFDT, et une par­tie de la rédac­tion du JDD, remon­tés comme des ressorts libéraux libertaires.

Amis journalistes, du courage !

Vous êtes en grève depuis le 22 juin. Arnaud Lagardère, encore un peu pro­prié­taire du jour­nal avant de le céder à Bol­loré, est venu rat­i­fi­er le choix du nou­veau directeur de votre rédac­tion, devant vous le mar­di 27 juin au matin. Oui, il le con­firme, c’est bien lui qui a choisi Geof­froy Leje­une, « un ami très proche, un jeune qui con­naît le numérique, une oppor­tu­nité à saisir, des jour­nal­istes de tal­ent il n’y en a pas beau­coup ». Un choix économique a‑t-il affir­mé et non un choix poli­tique et la ligne édi­to­ri­ale du jour­nal ne chang­era pas, ce ne sera jamais « un tract mil­i­tant ».

Notre supplique : démission, démission tout de suite !

Bien enten­du, on n’est pas obligé de le croire sur parole. Plus l’heure est grave, plus les déci­sions doivent être empreintes de courage. À ceux — tous ne le sont pas — des jour­nal­istes du JDD qui sont mar­qués dans leur chair, affligés au plus pro­fond de l’âme de voir arriv­er l’affreux Geof­froy Leje­une à la tête de la rédac­tion, nous don­nons un ami­cal conseil :

Pour vous jour­nal­istes scep­tiques, scan­dal­isés, hos­tiles, révul­sés, indignés, insoumis, démoral­isés, atteints au plus intime, il y a une solu­tion, une seule : la démis­sion immé­di­ate et sans con­di­tions. Oui vous resterez fiers, non vous ne pren­drez pas l’argent de l’infâme Bol­loré, cet argent prob­a­ble­ment sale et gag­né dans des con­di­tions prob­a­ble­ment con­damnables. Oui vous refuserez cette aumône ten­due par une main indigne, non vous n’invoquerez pas la clause de con­science qui vous don­nerait droit à des indem­nités de la part d’un bour­reau. Oui vous par­tirez libres, la tête haute et votre hon­neur sans tache, vous démis­sion­nerez sans con­di­tions en hommes et en femmes respon­s­ables don­nant ain­si un puis­sant exem­ple à toute la pro­fes­sion. Ou alors, je me tromperais sur votre sens du devoir et de la dig­nité…? Je n’ose y croire…

Voir aus­si : Geof­froy Leje­une, portrait