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Soros étend son influence en Pologne

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28 avril 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Soros étend son influence en Pologne

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 07/03/2019

Comme nous le signalions le 2 février 2019, George Soros était en lice, de manière indirecte, pour le rachat des stations de radio du groupe polonais Eurozet : Radio Zet, Chillizet, Antyradio, Meloradio et Radio Plus ainsi qu’un studio de production de radio et de télévision. Ce groupe avait été racheté par le tchèque Daniel Kretinsky via Czech Media Invest au Français Lagardère au printemps 2018 pour être mis en vente par le nouveau propriétaire seulement quelques mois après.

Compétition autour d’Eurozet

Plusieurs acheteurs poten­tiels s’étaient présen­tés, mais c’est finale­ment le groupe Ago­ra qui va acquérir 100% d’Eurozet. Le fonds d’investissement sorosien Media Devel­op­ment Invest­ment Fund (MDIF) est pro­prié­taire depuis 2016 de 11% des parts d’Agora dont les prin­ci­paux médias sont aujourd’hui le jour­nal quo­ti­di­en Gaze­ta Wybor­cza et la radio Tok FM, deux médias active­ment engagés con­tre le PiS depuis une quin­zaine d’années notam­ment en rai­son de leur pro­fil idéologique claire­ment libéral-lib­er­taire. Ago­ra est aus­si déjà pro­prié­taire, entre autres act­ifs, de plusieurs radios locales et d’un réseau de salles de cinémas.

Soros/MDIF investissent

On appre­nait le 20 févri­er 2019 qu’un con­trat avait été signé en ver­tu duquel Czech Media Invest s’engageait à ven­dre 40 % des parts du groupe Eurozet à la société Ago­ra et 60 % des parts à la société tchèque SFS Ven­tures dont l’actionnaire minori­taire (avec 24 % des parts) est la société améri­caine Sal­va­tors­ka Ven­tures LCC appar­tenant aus­si au fonds sorosien MDIF. Le con­trat prévoit qu’Agora pour­ra racheter dans un délai d’un à trois ans les 60 % de SFS Ven­tures, devenant ain­si action­naire unique. Le coût de la pre­mière tranche d’actions (40 %) est de 130 mil­lions de zlo­tys (env­i­ron 30 mil­lions d’euros), dont 75 mil­lions sont financés par un crédit bancaire.

Avec 11 % des parts du groupe Ago­ra, le fonds MDIF n’a que 8 % des voix, mais cette nou­velle opéra­tion impli­quant une autre société où MDIF est présente mon­tre que, en plus de financer une nébuleuse d’ONG, George Soros sou­tient, par l’intermédiaire de ses fonds d’investissement, le développe­ment en Europe cen­trale de médias à même de pro­mou­voir ses idées. Le groupe Ago­ra a annon­cé l’année dernière son inten­tion d’accroître son chiffres d’affaires annuel d’un demi-mil­liard de zlo­tys d’ici à 2022 pour attein­dre 1,6 mil­liard (370 mil­lions d’euros).

Tour de passe passe avec Gazeta Wyborcza

À l’origine, la société Ago­ra avait été créée en 1989 dans l’appartement du célèbre cinéaste Andrzej Waj­da pour per­me­t­tre à Adam Mich­nik de pren­dre le con­trôle du jour­nal de Sol­i­darność Gaze­ta Wybor­cza (dont Adam Mich­nik est encore aujourd’hui le rédac­teur en chef). Ce jour­nal avait lui-même été créé après l’accord de la Table ronde avec les com­mu­nistes en prévi­sion des élec­tions semi-libres de 1989. « Ce qui a joué un rôle essen­tiel, c’est quand Adam Mich­nik s’est vu con­fi­er le pre­mier jour­nal légal de l’opposition, Gaze­ta Wybor­cza, et le tour qu’il a joué en faisant de ce jour­nal la pro­priété d’une société privée. Du coup, Gaze­ta Wybor­cza est dev­enue indépen­dante de la direc­tion de Sol­i­dar­ité et du Comité civique. Tout le monde pen­sait que ce serait le jour­nal du syn­di­cat ou du Comité civique, ou des deux à la fois. Il n’est venu à l’esprit de per­son­ne, ce qui s’est révélé extrême­ment naïf, que ce serait la société privée de quelques per­son­nes liées aux milieux de l’ancienne oppo­si­tion interne du sys­tème [com­mu­niste] qui y défendraient unique­ment leurs pro­pres idées. », expli­quait Jarosław Kaczyńs­ki, l’actuel chef du PiS, dans le livre-inter­view « Czas na zmi­any » pub­lié en 1993.

En investis­sant dans le groupe Ago­ra et en sou­tenant son développe­ment avec le rachat du groupe Eurozet, George Soros n’en est pas à ses pre­miers pas en Pologne. Dès 1988, il créait, avec l’accord d’un régime com­mu­niste en train de pré­par­er sa sor­tie, la Fon­da­tion Bato­ry qu’il con­tin­ue de financer par l’intermédiaire de l’Open Soci­ety Foun­da­tions (OSF) et qui est très engagée aujourd’hui, comme les médias du groupe Ago­ra, con­tre le PiS et en faveur de l’idéologie libérale-lib­er­taire, notam­ment des reven­di­ca­tions du lob­by LGBT ain­si que de l’accueil des « migrants ».

Sur George Soros on peut con­sul­ter l’ouvrage de Pierre-Antoine Plaque­vent, Soros et la société ouverte, Le Retour aux sources, 2018, 365p, 25 €.

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