Pour la semaine de Pâques, l’OJIM prend des vacances et republie entre le 2 et le 7 avril les articles les plus significatifs du premier trimestre de 2024. Retour le 8 avril et bonnes Pâques à tous !
L’Arcom et le monde médiatique continuent à se creuser la tête sur la façon de faire respecter le pluralisme des médias selon des critères qui satisferont le Conseil d’État, ou plutôt, à travers lui, Reporters sans frontières. La tâche n’est pas simple si l’on veut préserver l’indépendance des médias, car l’association qui appelle ce nouveau pluralisme semble très proche de la gauche.
Première diffusion le 26 février 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
Reporters sans frontières, une organisation perfusée ?
Dans sa charte éthique en matière de relations avec ses donateurs, Reporters sans frontières (RSF) affirme que son fonctionnement est assuré par des soutiens financiers qui expriment « l’adhésion des donateurs à la vision, aux missions et aux valeurs de RSF. » On ne peut que souscrire… sauf à se pencher d’un peu plus près sur les donateurs en question. En effet, plus de la moitié des recettes de RSF (52% en 2022) proviennent de subventions, principalement de trois bailleurs : l’Union européenne, l’Agence France Développement (AFD) et la Swedish International Development Cooperation Agency (Sida). Ainsi, en 2021, l’Union européenne donnait près d’1,4 million d’euros à l’ONG.
Or, les contribuables ne sont évidemment jamais consultés par le gouvernement lorsqu’il s’agit d’attribuer des subventions.
Par ailleurs, la plainte contre CNews, à un moment charnière de réattribution des fréquences, et alors que cette chaîne bat des records d’audience, pose question quant à « l’adhésion des donateurs à la vision, aux missions et aux valeurs de RSF. » Les téléspectateurs de CNews, par ailleurs contribuables français, adhèrent-ils au récent rapport de RSF qualifiant cette chaîne de chaîne d’opinion et demandant le changement de son fonctionnement ?
De la même façon, étant donné que la charte mentionne plus loin que « Le donateur reconnaît agir pour son propre compte et non pour celui d’un tiers », on peut se demander pourquoi l’ONG reçoit des subventions. Le donateur, l’État ou une instance supra-nationale, agit pour le compte d’un tiers, en l’occurrence le contribuable.
L’ami Soros toujours là
Au-delà des subventions publiques, Reporters sans frontières fonctionne grâce à des fonds privés. 11% de ses recettes (1,3 millions d’euros en 2021) proviennent de « dons et mécénat ». Parmi eux, la fondation Open Society, créée par George Soros. France Info, qui n’est en général pas pointé comme étant dans le même cercle infernal que le groupe Bolloré, décrit cette fondation comme « réseau pour le soutien à la gauche américaine, à la promotion des minorités, à l’égalité des sexes et pour inciter au vote les électeurs noirs et latinos. » Cette fondation a donné 300 000€ à Reporters sans frontières en 2021, soit près du quart des recettes « dons et mécénat » de cette année-là. Or, si l’on en croit sa charte, « RSF s’interdit de recevoir des fonds ou des donations de toute nature qui puissent être assimilées à une démarche de prosélytisme. » Le soutien à la gauche américaine n’est donc pas du prosélytisme pour Reporters sans frontières.
Voir aussi : Une base de données sur les réseaux Soros
Des perfusions aux actions
Entre les subventions publiques et les dons de la gauche libérale libertaire, si Reporters sans frontières était neutre, cela tiendrait du miracle. Ses actions n’en donnent pas l’impression. Ainsi, dans son rapport d’activité 2021, l’ONG revient sur un film destiné à contrer « les discours mensongers de Vladimir Poutine » à propos de l’invasion russe en Ukraine, « par les images des reporters qui couvrent le conflit. »
RSF explique que « seuls les faits rapportés par les journalistes peuvent déjouer la propagande du Kremlin » et que « ce nouveau spot a pour objectif d’amener les spectateurs à mesurer l’importance du journalisme dans la prise de conscience et la mobilisation des populations sur des sujets déterminants pour leur avenir. » On salue le travail des journalistes qui veillent à illustrer les faits pour permettre aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, d’avoir d’autres contenus que les déclarations politiques pour se faire une idée des événements mondiaux.
Mais pourquoi l’ONG semble-t-elle éviter la problématique de la désinformation par l’image, au moins aussi nocive que la propagande par le discours ? Les exemples de photos trafiquées, sorties de leur contexte ou utilisées pour illustrer un événement inapproprié existent pourtant, tout comme les journalistes militants, voire malhonnêtes. Par ailleurs, si, selon RSF, le journalisme permet « la prise de conscience et la mobilisation des populations sur des sujets déterminants pour leur avenir », pourquoi le travail de CNews, qui met un certain accent sur les sujets de droite, dont l’immigration et ses conséquences négatives, est-il problématique ?
Vincent Bolloré placé sur le même plan que …la Chine
Plus récemment, le rapport d’activité 2022, qui revient sur les actions de RSF par ordre chronologique, s’ouvre d’abord sur son appel à un boycott diplomatique des Jeux olympiques d’hiver en Chine « en signe de protestation contre les violations massives commises par le régime, en particulier la persécution des journalistes. » Le régime communiste chinois n’est en effet pas connu pour garantir la liberté de la presse, c’est le moins que l’on puisse dire. Cette action est immédiatement suivie du « Pot de départ » de Vincent Bolloré après son supposé départ en retraite « pour marquer le départ de l’homme d’affaires qui s’est illustré ces dix dernières années par son ingérence et ses méthodes brutales dans le monde des médias. » Un rapprochement audacieux…
Voir aussi : Feu sur le quartier général ! Offensive contre Bolloré
Là aussi, on ne peut s’empêcher de faire le lien avec la fondation de George Soros. Les journalistes qui travaillent pour le groupe Bolloré ont coutume de dire, dans les cercles privés comme dans les cercles publics, qu’ils sont parfaitement libres de dire ce qu’ils veulent dans leurs médias. Admettons qu’ils fassent erreur. Reporters sans frontières croit-elle que son donateur est moins influent et agressif que le propriétaire de CNews ? La fondation Soros est-elle bien exempte d’ingérence ? Rien ne le prouve, et rien ne le laisse penser.
Que Reporters sans frontières soit aveuglée par ses dons ou par ses idéologies, une chose est certaine: quand on prétend œuvrer pour le pluralisme des médias, on veille à respecter une charte qui, d’ailleurs, porte des valeurs importantes. Il est bien regrettable qu’une organisation qui se bat pour une chose aussi importante que la liberté de la presse s’acharne sur des médias au prétexte qu’ils ne conviennent pas à sa propre lecture de l’actualité. Si Reporters sans frontières existe et est nécessaire, c’est qu’ils informent que dans le monde des journalistes sont persécutés, emprisonnés ou tués parce qu’ils font leur travail. Il serait bon que RSF ne passe pas, en France, de l’autre côté de la barrière.