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4 juillet 2022

Temps de lecture : 22 minutes

4 juillet 2022

Accueil | Portraits | David Pujadas

David Pujadas

Temps de lecture : 22 minutes

Tranquille, trop tranquille

Ennemi juré des syndicalistes et de l’extrême-gauche, David Pujadas est souvent décrié comme un journaliste « servile », voire directement comme un « laquais », selon le mot de Jean-Luc Mélenchon. Habitué du club Le Siècle, le présentateur, né en décembre 1964 à Barcelone, n’en a pas moins assuré, malgré les nombreuses critiques et reproches, une énorme longévité à la tête du journal télévisé de France 2, qu’il a animé longtemps tous les soirs. Depuis la fin de l’ère PPDA, Pujadas était même parvenu à réduire drastiquement l’écart avec le JT de TF1. Une capacité d’adapation tranquille que rien ne semble pouvoir freiner… jusqu’à Delphine Ernotte en mai 2017.

Formation

Fils d’un inter­prète et d’une tra­duc­trice, il est sco­lar­isé au lycée inter­na­tion­al de Fer­ney-Voltaire, dans l’Ain, où il se fait remar­quer par sa nature tur­bu­lente : « J’obtiens le bac de justesse. Si je suis devenu ensuite un bon élève à la fac, à Sci­ences po puis au Cen­tre de for­ma­tion des jour­nal­istes, j’ai tou­jours gardé ce prob­lème avec l’autorité. Cela m’a joué des tours même durant ma ­car­rière pro­fes­sion­nelle ». ll effectue par la suite une licence en sci­ences économiques à l’Université de la Méditer­ranée d’Aix-en-Provence. Diplômé de l’Institut d’études poli­tiques de Paris (où il est alors un mil­i­tant rocar­di­en), il rejoint ensuite le cen­tre de for­ma­tion des jour­nal­istes (CFJ) de Paris, en 1988, après avoir effec­tué un stage à Nice-Matin à l’agence locale de Saint-Raphaël. À ce sujet, il con­fie au Dauphiné libéré : « Tout à coup, j’avais un rôle dans la cité. Je me suis dit, à ce moment pré­cis, que je voulais être jour­nal­iste ».

Parcours

Au sor­tir de ses études, en 1989, David Pujadas rem­porte un con­cours de reporters organ­isé par TF1 et intè­gre le ser­vice étranger de la chaîne, pri­vatisée depuis peu. Il cou­vre notam­ment la chute de Ceaus­es­cu en Roumanie (1989), la guerre du Golfe (1991) ou encore le siège de Sara­je­vo (1992).

En 1992 et 1993, il assure le rem­place­ment des présen­ta­teurs des jour­naux du matin. De 1990 à 1994, il réalise par­al­lèle­ment plusieurs enquêtes pour Charles Vil­leneuve, alors présen­ta­teur de l’émis­sion « Le Droit de savoir ». Deux de ses sujets seront cen­surés : le pre­mier sur Bernard Tapie, ami de Patrick Le Lay (prési­dent de la chaîne), l’autre sur le milieu de la Côte d’Azur. Il décide alors de quit­ter la chaîne.

Mais lorsque TF1 lance en 1994 sa nou­velle chaîne d’in­for­ma­tion en con­tinu, LCI, David Pujadas rejoint la rédac­tion et y présente régulière­ment des jour­naux télévisés jusqu’en 1996. En sep­tem­bre de la même année, il présente le « Grand jour­nal » de la chaîne, de 18h à 19h.

En 2000, il crée « 100 % poli­tique », un mag­a­zine heb­do­madaire qu’il coprésente avec Patrick Buis­son jusqu’en 2001.

C’est lors de cette année qu’il quitte le groupe TF1 et rejoint France 2, chaîne à laque­lle il restera lié jusqu’à aujour­d’hui. Le 3 sep­tem­bre 2001, il rem­place Claude Séril­lon à la présen­ta­tion du jour­nal de 20 heures grâce à l’in­ter­ven­tion du nou­veau directeur de l’in­for­ma­tion, Olivi­er Maze­rolle. Huit jours après cette nom­i­na­tion survi­en­nent les atten­tas du 11 sep­tem­bre. Pujadas est filmé par une équipe de Canal+ en train de regarder les évène­ments en direct. C’est là qu’il lance son fameux : « Ouah génial ! » au moment où le deux­ième avion per­cute la deux­ième tour du World Trade Cen­ter. À ses côtés, un col­lègue ajoute : « Alors là, c’est mieux que le Con­corde, on est bat­tus ». L’exclamation de Pujadas, filmée et rap­portée par Canal+ au sein de l’émis­sion « +Clair », fait scan­dale, le con­traig­nant à des excus­es. 10 ans plus tard sur Europe 1, Pujadas expli­quera que, « au moment où on le décou­vre ça parait cocasse. On voit un petit filet de fumée qui dépasse d’une tour ».

Mais ce petit déra­page ne per­turbera pas son ascen­sion au sein du groupe pub­lic : le 15 octo­bre 2008, il présente son mil­lième jour­nal télévisé sur France 2. C’est depuis cette année d’ailleurs que son jour­nal vien­dra talon­ner celui de TF1 présen­té par Lau­rence Fer­rari, dont l’au­di­ence est en recul.

David Pujadas présen­tera, en par­al­lèle du JT, plusieurs émis­sions : « Le Con­trat », une inter­view poli­tique men­su­elle sur LCP (sai­son 2005–2006) ; « Madame, Mon­sieur, bon­soir » sur France 5 avec Hervé Cha­balier (2006–2007) ; « Les Infil­trés », mag­a­zine d’in­ves­ti­ga­tion de France 2 (2008–2010). Enfin, il présente depuis 2002 les soirées élec­torales de France 2 ain­si que le mag­a­zine poli­tique men­su­el à suc­cès « Des paroles et des actes » sur la même chaîne.

Hormis ce « Ouah génial ! » un peu enfan­tin, on peut relever quelques « boulettes » jour­nal­is­tiques plus gênantes.

Le 3 févri­er 2004, Pujadas annonce en ouver­ture de son jour­nal qu’Alain Jup­pé se retire offi­cielle­ment de la vie poli­tique. Au même moment, Jup­pé donne pré­cisé­ment une longue inter­view à TF1, dans laque­lle il livre une ver­sion bien plus nuancée. Pujadas aurait-il voulu anticiper pour ne pas laiss­er l’in­for­ma­tion à TF1 ? Quoi qu’il en soit, suite à cette boulette, le présen­ta­teur de France 2 présen­tera ses excus­es, ce qui n’empêchera pas la rédac­tion de vot­er, deux jours plus tard, une motion de défi­ance à son encon­tre. Olivi­er Maze­rolle présen­tera sa démis­sion, et David Pujadas sera écarté de l’an­tenne pen­dant deux semaines. Sur Europe 1 en 2011, il ren­dra respon­s­able de cette faute le ser­vice poli­tique de la chaîne, tout en affir­mant « assumer » cette erreur…

Cinq ans plus tard, en 2009, Pujadas inter­roge, dans son JT, Xavier Math­ieu, délégué CGT de l’usine Con­ti­nen­tal à Clairoix après que ses col­lègues grévistes aient saccagé la sous-pré­fec­ture de Com­piègne. Ses ques­tions, unique­ment axées autour de la vio­lence util­isée par les syn­di­cal­istes, provo­queront une grosse colère dans les milieux d’ex­trême-gauche. Devant les caméras de Pierre Car­les, Jean-Luc Mélen­chon qual­i­fiera, à la vue des images de l’in­ter­view, David Pujadas de « salaud », de « larbin » et de « laquais ». Acrimed pub­liera un long papi­er pour dénon­cer ses méth­odes jour­nal­is­tiques jugées com­plaisantes envers le patronat.

Le 23 sep­tem­bre 2009, il inter­viewe Nico­las Sarkozy en com­pag­nie de Lau­rence Fer­rari. Son com­porte­ment sera vive­ment cri­tiqué, notam­ment par Acrimed, qui soulign­era sa com­plai­sance et sa mol­lesse à l’é­gard du chef de l’É­tat.

Le 30 juin 2010, dans le cadre de son doc­u­men­taire « Fin de con­ces­sion », le jour­nal­iste Pierre Car­les attend, avec son équipe et des proches du défunt jour­nal Le Plan B, David Pujadas à la sor­tie de France Télévi­sions pour lui remet­tre la « laisse d’or » et le titre de « Laquais du Siè­cle », en référence au club Le Siè­cle, dont il est mem­bre. Les mil­i­tants repein­dront son scoot­er d’une pein­ture dorée à l’aide de bombes aérosols. Une « agres­sion » qui sera vive­ment dénon­cée dans la presse.

Le 12 mars 2013, les Indigènes de la République pub­lient un arti­cle dans lequel son livre « Agis­sons avant qu’il ne soit trop tard : Islam et République » est cri­tiqué. Le mou­ve­ment lui reproche de créer un « islam imag­i­naire », fan­tas­mé et manichéen.

Le 7 octo­bre 2013, pour illus­tr­er leur pro­pos sur le lax­isme des vendeurs d’al­cool, David Pujadas et son équipe envoient des mineurs ten­ter leur chance dans des épiceries en caméra cachée. Dans une let­tre ouverte à Thier­ry Thuil­li­er, directeur de l’information de France Télévi­sions, le syn­di­cat des jour­nal­istes fait alors part de son indig­na­tion : « Ce procédé nous indigne car l’équipe a effec­tué une mise en scène, deman­dant à un mineur d’enfreindre la loi pour arriv­er à ses fins, et de plus vio­le la Charte du jour­nal­iste qui stip­ule qu’un “jour­nal­iste s’interdit d’user de moyens déloy­aux pour obtenir une infor­ma­tion ou sur­pren­dre la bonne foi de quiconque”. »

En avril 2015, il inter­viewe le prési­dent Bachar el-Assad au sujet de la guerre civile qui rav­age la Syrie. Il est le pre­mier jour­nal­iste français à avoir pu s’en­tretenir avec le prési­dent syrien depuis le début du con­flit, en 2011.

À par­tir de la ren­trée 2015, il sera aux com­man­des d’un nou­veau mag­a­zine d’in­for­ma­tion, Cel­lule de crise, qui pro­posera de revivre les moments impor­tants de l’his­toire récente à tra­vers une nar­ra­tion et une con­tre-enquête journalistique.

Le 17 mai 2017, il annonce avoir été écarté de la présen­ta­tion des jour­naux télévisés – dans le cadre de la lutte de Del­phine Ernotte con­tre les « mâles blancs ». En sub­stance, « Le “20 heures” a besoin de renou­velle­ment et d’une nou­velle incar­na­tion », lui aurait dit Del­phine Ernotte selon Le Monde.

À par­tir du 28 août 2017, il reprend le 18–20h de LCI en rem­place­ment d’Yves Calvi, pour deux ans. Il crée en même temps son entre­prise, Par­tic­ules pro­duc­tions, avec Mathilde Pasinet­ti, « en hom­mage à Michel Houelle­becq », et embauche dix personnes.

Le 15 octo­bre 2017, avec Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray, il inter­viewe le prési­dent de la République (Le grand entre­tien : Emmanuel Macron). L’émission est dif­fusée sur LCI et TF1.

Depuis le 28 août 2017, il présente sur LCI l’émis­sion 24h Pujadas, l’in­fo en ques­tions, chaque jour de la semaine entre 18 h et 20 h, émis­sion qu’il pro­duit aus­si via sa société Par­tic­ules Pro­duc­tion, dont il est le fon­da­teur. À par­tir du print­emps 2018, il pro­duit et ani­me aus­si une émis­sion de débat, la Grande con­fronta­tion, qui booste les audi­ences de LCI.

Le 1er juil­let 2019, Thier­ry Thul­li­er, directeur de l’information du groupe TF1 – dont LCI fait par­tie – annonce à Puremédias/Ozap la pro­lon­ga­tion de David Pujadas « pour au moins trois ans ». « C’é­tait pour moi une date impor­tante car cela cou­vre la cam­pagne prési­den­tielle prochaine, de 2022 (…) C’est une très bonne nou­velle pour LCI et David Pujadas et à titre per­son­nel, je m’en réjouis », affirme ain­si Thier­ry Thuil­li­er. Si l’émission 24h Pujadas n’est recon­duite que du lun­di au jeu­di, l’animateur se voit con­fi­er sept émis­sions sup­plé­men­taires en prime time de la Grande Con­fronta­tion, son émis­sion de débat.

Entretemps, sur France 2, Anne-Sophie Lapix qui a suc­cédé à David Pujadas n’arrive tou­jours pas à égaler ses audi­ences – à peine 4 mil­lions de téléspec­ta­teurs con­tre 4.8 pour lui – et surtout à dépass­er TF1 qui cara­cole avec 800.000 téléspec­ta­teurs de plus. David Pujadas avait, selon lui réus­si à dépass­er TF1 à huit repris­es sur la sai­son 2016–2017 et à réduire l’écart moyen à 430.000 téléspec­ta­teurs. En réal­ité, l’écart moyen entre France 2 et TF1 reste à peu près sim­i­laire entre ses per­for­mances et celles d’Anne-Sophie Lapix.

Sa rémunération

Selon Télé2Semaines, il gag­nait 15.000 € par mois en 2017 sur France 2.

Vie privée

David Pujadas est divor­cé de sa pre­mière épouse, une jour­nal­iste de la presse écrite, avec laque­lle il a eu deux filles, Esther et Adèle. Il a une nou­velle com­pagne, une hôtesse de l’air, depuis 2004, avec laque­lle il a eu un garçon , Adam, et une fille, Rose. Le cou­ple se sépare en mai 2017.

Ses réseaux

David Pujadas est mem­bre du club Le Siè­cle, où se côtoient hommes poli­tiques, indus­triels, financiers et journalistes.

Dans sa nébuleuse égale­ment, Arlette Chabot, Thier­ry Thuili­er, Éric Monier.

Il cofonde en 1997 le club Aver­roès qui est une agence de place­ment de la « diver­sité » dans les médias français.

Récompenses

  • David Pujadas a rem­porté le Prix Jean d’Ar­cy 1998 pour le thème du « meilleur jour­nal du câble et du satellite ».
  • En 2007, il rem­porte le prix Roland-Dorgelès, dans la caté­gorie « Télévi­sion », pour son « attache­ment à la qual­ité de la langue française ».
  • En juin 2010, il reçoit de la part du défunt jour­nal Le Plan B une « laisse d’or » cen­sée récom­penser « le jour­nal­iste le plus servile ».
  • Il reçoit le « Bobard d’or » 2010 pour avoir util­isé, le 28 décem­bre 2009, des images du Hon­duras pour illus­tr­er la répres­sion d’une man­i­fes­ta­tion en… Iran.
  • … et le « Bobard de cuiv­re » 2014 pour « le bobard par novlangue auda­cieuse : quand fer­rail­lage rime avec bobardage ! »

Publications

  • La Ten­ta­tion du Jihad, Jean-Claude Lat­tès,‎ 1995
  • Dans les couliss­es du 20h. Vous subis­sez des pres­sions ? Flam­mar­i­on,‎ 2009
  • Agis­sons avant qu’il ne soit trop tard : Islam et République, Le Cherche midi,‎ 2013

Filmographie

  • 1982 : N’ou­blie pas ton père au ves­ti­aire de Richard Bal­duc­ci. David Pujadas appa­raît pour un petit rôle dans une scène tournée dans une rue de Paris.
  • 2003 : France Bou­tique de Tonie Mar­shall. David Pujadas appa­raît dans le rôle d’un présen­ta­teur de télévision
  • 2010 : Les Vivants et les Morts, série télévisée de Gérard Mordil­lat, dans son pro­pre rôle
  • 2010 : Made in Jamel, où David Pujadas fait « l’in­ter­view de la chaus­sure de Bush » avec Jamel Debbouze.
  • 2012 : Hénaut Prési­dent de Michel Muller, dans son pro­pre rôle
  • 2013 : Silences d’É­tat, télé­film de Frédéric Berthe, dans son pro­pre rôle.
  • 2015 : Le Grand Partage, film de Alexan­dra Leclère, dans son pro­pre rôle.
  • 2015 : Bor­der­line d’O­livi­er Mar­chal, télé­film — dans son pro­pre rôle
  • 2016 : Mar­seille (série TV), dans son pro­pre rôle

Il l’a dit

« Ouah, génial ! », le 11 sep­tem­bre 2001, à la vue du sec­ond avion frap­pant les tours du World Trade Center.

« Là j’ai trou­vé que cette inter­view était assez réussie, assez intéres­sante. Évidem­ment, parce que c’est devenu main­tenant presque inévitable, ici, là, on va dire ceci, on va dire cela. Mais moi j’ai trou­vé que cette inter­view était pas mal », au « Grand Jour­nal » le 25 sep­tem­bre 2009, à pro­pos de son inter­view (très cri­tiquée) de Nico­las Sarkozy.

« Il a aus­si dit le car­bone pol­lue l’atmosphère, alors que c’est le dioxyde de car­bone… Si vous voulez, il y a une façon de par­ler de Nico­las Sarkozy qui est un peu à l’emporte-pièce, et vous n’allez pas tout le temps le repren­dre sur la pré­ci­sion des ter­mes », ibid.

« Alors les ques­tions, c’est des ques­tions de base, c’est école de jour­nal­isme numéro 1, c’est, bien sûr, est-ce que vous regret­tez ce saccage, est-ce que vous lancez un appel au calme, enfin il y avait évidem­ment aucune agres­siv­ité, et encore une fois, il a béné­fi­cié d’une expo­si­tion assez excep­tion­nelle, je ne con­nais pas beau­coup de grands jour­naux qui font ça voilà. Donc je pense qu’il y a un con­tre­sens même que fait Jean-Luc Mélen­chon qui est assez étrange », France Info, 11 octo­bre 2010, suite à son inter­view du syn­di­cal­iste Xavier Math­ieu et aux cri­tiques de Mélenchon.

« L’antenne n’est plus mon ambi­tion pre­mière. Ce n’est plus mon moteur. J’ai tourné cette page. Je deviens pro­duc­teur et mon envie est de créer. Y a t il des incon­vénients à la notoriété ? Franche­ment ce serait faire la fine bouche.. un seul peut être. Quand vous présen­tez un 20 heures, on vous attribue toutes les arrières pen­sées pos­si­bles. Vous devenez la cible de toutes les aigreurs et des mécon­tente­ments. Il faut se blind­er » ; Le Parisien 27/08/2017, op. cit.

« Après avoir con­nu les émo­tions fortes du 20 heures, cette adré­naline, cette respon­s­abil­ité, c’est dif­fi­cile d’imaginer qu’on va juste con­tin­uer d’être présen­ta­teur autre part pen­dant 15 ou 20 ans. Il faut se réin­ven­ter », ibid.

« Quand vous faites ce méti­er, à ce niveau-là, dans une grande entre­prise comme France Télévi­sions, le rap­port de con­fi­ance est fon­da­men­tal. A par­tir du moment où il a été brisé, con­tin­uer sur l’antenne n’a plus beau­coup de sens. On ne peut pas faire comme si de rien était » au sujet de la propo­si­tion que lui a fait Del­phine Ernotte d’incarner le 18 heures de la chaîne con­tin­ue France Info, ibid.

« Je voulais mon­ter ma société de pro­duc­tion pour avoir l’opportunité de chang­er de méti­er. Je voulais tourn­er une page. Cela fait longtemps que créer, pro­duire et trans­met­tre me démangeait. Le sec­ond est d’intégrer un groupe qui a la cul­ture de l’info, ce qui est le cas du groupe TF1 qui est revenu très fort sur la scène poli­tique durant l’élection prési­den­tielle. Si TF1 écoutait ses con­seillers financiers, il est prob­a­ble qu’elle aban­don­nerait l’info mais la chaîne garde cette cul­ture dans son ADN », Straté­gies, 30/08/2017.

« La mati­nale n’est pas pour moi, ce n’est pas com­pat­i­ble avec mon rythme biologique », ibid.

« L’exer­ci­ce du 20 heures, je l’ai fait pen­dant seize ans, j’ai adoré cela, j’ai vécu des moments inou­bli­ables. Mais la page est tournée. Une vie, c’est plusieurs vies. Je n’ai ni regrets ni amer­tume », Le Parisien, 30/06/2018.

« Je suis déçu pour mes anciens cama­rades que l’élan vers le lead­er­ship ait été stop­pé, d’autant que Nagui, juste avant le 20 heures, a été plus fort que jamais cette sai­son. Au print­emps 2017, on avait énor­mé­ment réduit l’écart à 430.000 téléspec­ta­teurs avec TF1. Depuis, il a gon­flé », ibid

« J’ai très vite digéré mon évic­tion du JT de France 2 car j’ai eu un tel shoot d’hommages et de sou­tiens que cela a large­ment effacé ce qui aurait pu être une blessure nar­cis­sique », ibid.

« Mais il n’y a pas beau­coup de libéraux. Dans mon émis­sion, je qual­i­fie Nico­las Bouzou de libéral, mais, en Scan­di­navie, il serait con­sid­éré comme un social-démoc­rate bon teint. Bien sûr, cette parole-là peut fâch­er sur les réseaux soci­aux et chez les jour­nal­istes. Car nous, les jour­nal­istes, sommes comme toutes les pro­fes­sions intel­lectuelles en France, glob­ale­ment а gauche. Une gauche française qui voit de l’ul­tra­l­ibéral­isme partout dans un pays qui a 56 % de prélève­ments oblig­a­toires », Le Point, 26/06/2020.

« J’ai une aver­sion naturelle а l’ex­cès d’é­mo­tion dans l’in­for­ma­tion. Pas seule­ment la peur. Il y a mille reg­istres а cette facil­ité de l’é­mo­tion : la vic­tim­i­sa­tion, la plainte ou l’apitoiement […] Il y a une sorte de général­i­sa­tion donc de dilu­tion de toute idée de vic­time. Il y en a des vraies. De la souf­france aus­si, il y en a de la vraie. Mais faire de tout une souf­france, et surtout tout assim­i­l­er а la souf­france, c’est un leurre et un dévoiement… Et pourquoi ? Pour des raisons com­mer­ciales. Parce que les larmes se vendent. La souf­france se vend, l’api­toiement se vend. Je pense qu’on a très vite été dis­so­nant sur LCI quand il y a eu ce con­cert de klax­ons alarmistes et effrayants. Pour la pre­mière fois, comme présen­ta­teur, j’ai pris par­ti pour une forme de tem­péra­ment poli­tique : la respon­s­abil­ité plus que l’oblig­a­tion ; la rai­son plus que la peur ; l’ob­ser­va­tion des faits plutôt que l’alarmisme », Ibid.

« Mon père, à 13 ans, était vendeur de fruits à Barcelone. Il est arrivé en Suisse comme garçon d’hôtel après mille petits boulots. Ayant appris les langues, il a inté­gré l’école d’interprète de Genève où il a ren­con­tré ma mère. De temps en temps, un prince russe venait dîn­er à la mai­son. Dans mon col­lège cos­mopo­lite, les enfants de diplo­mates de l’ONU ou du Gatt (ex-OMC) côtoy­aient ceux d’agriculteurs. Mes amis étaient égyp­tiens, libanais, et ma pre­mière fiancée anglaise. J’ai baigné dans cette atmo­sphère-là… », Le Dauphiné Libéré, 30/08/2020.

« Aujourd’hui dans les écoles (de jour­nal­isme, ndlr), le mod­èle, c’est Plenel. Il faut des Plenel en France, mais de là à l’instituer en mod­èle… », Le Monde, 11/09/2021.

« Depuis hier soir, on n’entend pra­tique­ment qu’une seule musique. « Emmanuel Macron a gag­né mais en fait il a un peu per­du », « Emmanuel Macron n’est pas com­plète­ment légitime », « Emmanuel Macron est réélu par effrac­tion », « Emmanuel Macron doit élargir son équipe, il doit faire pro­fil bas, il doit amender son pro­gramme, il doit marcher sur des œufs ». Donc, un prési­dent qui fait 58% des voix, c’est trop peu. Com­bi­en faut-il ? 70% ? 80% ? 90% pourquoi pas, il faudrait l’inscrire dans la loi. Ah et puis pour être légitime, il ne faut pas être élu face à Marine Le Pen, ça ne compte pas, elle est une anom­alie. Peu importe que les électeurs l’aient choisie pour le sec­ond tour, ça n’est que le suf­frage uni­versel après tout. Alors qu’on appré­cie ou pas Emmanuel Macron, la ques­tion est la même : quand va-t-on cess­er de saper la règle démoc­ra­tique qu’est une élec­tion ? », LCI, 25/04/2022.

Ils l’ont dit

« L’idée même de cette émis­sion est scan­daleuse. Dans une démoc­ra­tie, un jour­nal­iste doit avancer à vis­age décou­vert. Un jour­nal­iste doit pou­voir dire à son inter­locu­teur qui il est, quel méti­er il fait, et l’informer de cette vérité sim­ple : les pro­pos tenus ont voca­tion à être porté à la con­nais­sance du pub­lic. A l’inverse, avancer masqué, dis­simuler sa fonc­tion pro­fes­sion­nelle, cacher le vrai but de son tra­vail, s’apparente à du viol, à un vol, et il est extrême dif­fi­cile, voire franche­ment impos­si­ble, de présen­ter cela comme du jour­nal­isme. Le mot d’es­pi­onnage serait plus adap­té », Jean-Michel Aphatie, à pro­pos de l’émis­sion « Les Infil­trés », le 2 octo­bre 2008

« Une inter­view “assez réussie” ? Mais pour qui ? Pour Nico­las Sarkozy d’abord, par­faite­ment sec­ondé dans cet exer­ci­ce de com­mu­ni­ca­tion, comme nous avons essayé de l’établir dans notre arti­cle précé­dent. Que David Pujadas trou­ve cette inter­view “pas mal” ne nous apprend qu’une chose : qu’il est, avec d’autres, ajusté à la fonc­tion de faire-val­oir et qu’à ce titre, sa sélec­tion est jus­ti­fiée. S’il est sat­is­fait, c’est par com­para­i­son avec la précé­dente inter­view, dont il déplore le style “figé”, et non le con­tenu. Rap­pelons d’ailleurs qu’en réal­ité, il avait à l’époque surtout regret­té qu’ils aient été qua­tre jour­nal­istes à se partager la faveur du prince, et que telle sem­blait bien la cause pre­mière de sa “frus­tra­tion” », Acrimed, le 6 octo­bre 2009, suite à l’in­ter­view Nico­las Sarkozy par Pujadas et Ferrari.

« Mer­ci, Mon­sieur Pujadas. Si nous ne le savions déjà, nous sommes désor­mais infor­més des “ques­tions de base” que l’on apprend à for­muler dans les écoles de jour­nal­isme. Non pas : “Qu’est-ce qui explique votre colère à la suite de la déci­sion du tri­bunal ? Quel sort attend les Con­ti après cette déci­sion d’une extrême… vio­lence ?” Mais trois appels (et cela seule­ment…) à con­damn­er la “vio­lence” des salariés. Ce n’est pas un entre­tien, mais un cours d’instruction civique pour école mater­nelle », Hen­ri Maler, Acrimed, 14 octo­bre 2010, suite à l’in­ter­view du syn­di­cal­iste Xavier Mathieu.

« Le Pen et Pujadas, même com­bat », Téléra­ma, suite au traite­ment médi­a­tique du meurtre d’une petite fille, le 22 novem­bre 2011.

« Oui, le jour­nal véhicule sans doute une vision du monde : l’idée implicite que le salut et le bon­heur rési­dent dans la con­som­ma­tion ou l’accumulation des richess­es. La crois­sance non mesurée, l’attention portée aux autres, […] c’est essen­tiel dans une société. Mais on ne la traite pas. En ce sens, oui, il y a une idéolo­gie cachée », Soci­ety, 12/2016.

« Depuis qu’il a annon­cé le retrait d’Alain Jup­pé de la vie poli­tique en 2004 alors que l’intéressé annonçait l’inverse simul­tané­ment sur TF1, David Pujadas, 52 ans, fait gaffe. Mais à force – seize ans qu’il tient le JT de 20 heures de France 2 – de fréquenter les puis­sants, il sait ce qu’est un homme d’État et de quel bois il doit être fait. Fin mars, il demandait à Benoît Hamon : « Est-ce que vous vous sen­tez prêt à endoss­er ce lourd cos­tume prési­den­tiel ? » La ques­tion valait réponse : non. En fin jour­nal­iste, David Pujadas sait égale­ment ce qui est intéres­sant et ce qui ne l’est pas. Lors du débat de l’entre-deux-tours de la pri­maire de gauche, il a évac­ué l’état d’urgence que voulait abor­der le même Hamon : « C’est un débat tech­nique. » Ah, d’accord. », Les Jours, 10/03/2017.

« Après seize ans, il faut une nou­velle incar­na­tion, parce qu’on arrive à la fin d’un cycle », Del­phine Ernotte aux jour­nal­istes de France 2 le 17 mai 2018 pour expli­quer sa déci­sion d’écarter Pujadas de la présen­ta­tion du JT.

« Pour l’ex-ani­ma­teur star du ser­vice pub­lic qui a présen­té durant seize ans le «20 heures» de France 2, c’est aus­si un retour aux sources. En effet, David Pujadas a fait ses débuts en tant que présen­ta­teur sur la chaîne en con­tinu, où il a offi­cié de 1994 à 2001. Le jour­nal­iste devrait se sen­tir comme chez lui. Il retrou­ve en effet plusieurs anciens de France Télévi­sions, à l’in­star de Thier­ry Thuil­li­er — les deux hommes se con­nais­sent bien — ou encore d’Éric Monier, ancien directeur de la rédac­tion de France 2, main­tenant directeur de la rédac­tion de LCI. Pour se sen­tir encore plus en famille, LCI a demandé à Arlette Chabot, anci­enne direc­trice de la rédac­tion de France 2, de présen­ter l’émis­sion « Poli­tique­ment Show » du lun­di au jeu­di à 20h10 », Le Figaro, 21/08/2017.

« Même si on peut enten­dre qu’on l’a trop vu, rap­pelons que Michel Druck­er est encore à la télévi­sion. Oui, il y a un besoin de raje­u­nisse­ment, mais en même temps, David Pujadas est quelqu’un qui sait faire de l’in­for­ma­tion, qui a de l’ex­péri­ence. Grâce à l’émis­sion Cel­lule de crise, entre autres, on avait vu qu’il savait faire autre choses que présen­ter le JT. Il fau­dra seule­ment qu’il ne fasse pas du sous-Calvi », Vir­ginie Spies à son sujet, L’Express, 21/08/2017.

« Deux canettes de coca, deux bananes, deux écrans d’ordinateurs et une pile de dossiers. Voilà à quoi se résume le nou­veau bureau de David Pujadas », Le Parisien, 27/08/2017.

« 13,7 mil­lions d’abstentionnistes, 3 mil­lions de suf­frages blancs et nuls ? Ça ne compte pas. Des électeurs de gauche ayant voté Emmanuel Macron unique­ment pour faire bar­rage à Marine Le Pen ? Ça ne compte pas. Ce qui compte, pour David Pujadas, c’est qu’Emmanuel Macron ait gag­né. Quitte à faire comme si les élec­tions lég­isla­tives à venir n’existaient pas, le grand démoc­rate appelle à laiss­er les mains libres à Emmanuel Macron », Acrimed, 29/04/2022.

Crédit pho­to : Coccico2345 via Wiki­me­dia (cc)

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