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Hervé Chabalier

20 avril 2020

Temps de lecture : 11 minutes
Accueil | Portraits | Hervé Chabalier
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Hervé Chabalier

Temps de lecture : 11 minutes

Troskyste ? libéral ? libertaire ? Tout cela mais surtout producteur

« Quoi de com­mun entre “Le jour­nal du hard” et “Les infil­trés” ? Quel lien entre des reportages d’“Envoyé spé­cial” et “Braquo”, la dernière série poli­cière de Canal+ ? Entre “Glob­al mag”, le ren­dez-vous d’Arte sur l’en­vi­ron­nement, et “L’ef­fet papil­lon”, le mag­a­zine inter­na­tion­al de Canal+ ? Une même volon­té en forme de slo­gan : “Racon­ter le monde à hau­teur d’homme… avec un pas de côté”. Et une même entre­prise, CAPA, qui pro­duit des cen­taines d’heures par an de reportages, doc­u­men­taires ou fic­tions pour les chaînes de télévi­sion, publiques ou privées » « Les nou­veaux défis de l’a­gence Capa » - Le Monde, 22 novem­bre 2009

Hervé Chabalier est né de parents enseignants le 7 septembre 1945 à Langogne (Lozère). De son engagement au sein de la mouvance trotskyste dans les années 1960, le fondateur et président de CAPA, a retenu l’importance de détenir les leviers du pouvoir culturel pour influer sur la société. Avec son agence de presse et de production, ce proche de l’UMP, insuffle une vision « libérale-libertaire » sur le petit écran.

Formation

Tit­u­laire d’une licence d’his­toire à la Sorbonne.

Cen­tre de for­ma­tion des jour­nal­istes (pro­mo 1969).

Parcours professionnel

Après un pas­sage à RTL et l’AFP en 1969, puis au ser­vice de poli­tique intérieure sur la pre­mière chaîne de télévi­sion française, il entre en octo­bre 1972 comme grand reporter au ser­vice « Notre époque » du Nou­v­el Obser­va­teur. Il traite des sujets brûlants : avorte­ment, lib­erté sex­uelle, tox­i­co­manie, la dic­tature des colonels en Grèce, fran­quisme en Espagne. Il pub­lie des enquêtes sur le racisme, la tox­i­co­manie ou la réforme de l’ORTF (1974), dans le cadre des doc­u­ments de la semaine.

1977

Il rejoint le Matin de Paris. Il y occupe le poste de grand reporter au ser­vice « Événe­ment », pro­mu rédac­teur en chef du Matin mag­a­zine en 1981.

1979

Prix Albert-Lon­dres

1982

Il devient rédac­teur en chef du jour­nal de 13 heures d’Antenne 2.

1983

Pro­duc­teur des mag­a­zines Carte de presse et Dimanche plus

1985 à 1989

Direc­tion de Syg­ma télévision

1989

Créa­teur de l’a­gence de presse et de télévi­sion CAPA (« Cha­balier Asso­ci­at­ed Press Agency »). Il pro­duit de nom­breux reportages, doc­u­men­taires et émis­sions : « 24 Heures », dif­fusée sur Canal+ dans les années 1990, « Ruban rouge » (une émis­sion heb­do­madaire con­sacré au SIDA), « On aura tout lu ! » sur la Cinquième en 2001, « Madame, Mon­sieur, bon­soir » sur France 5 en 2006, qu’il coprésente avec David Pujadas, « Le vrai jour­nal » de Karl Zéro et le mag­a­zine de reportage en caméra cachée « Les Infil­trés » sur France 2. Actuelle­ment, CAPA Presse TV pro­duit : Le Château – Dimanche+, L’Effet Papil­lon, Le Monde dans tous ses états, Le Monde en Marche, Con­so­mag, Glob­al Mag, Envoyé Spé­cial, Des Racines et des Ailes, Les Nou­veaux Explo­rateurs, Enquêtes Crim­inelles, 1€70, Le Jour­nal du Hard, Ondes de Choc, Garde a Vue, C’est Notre Histoire.

CAPA dra­ma (pro­duc­tion de fic­tions et docu-fic­tions) pro­duit ou a pro­duit : Braquo, Tan­go, Âge sen­si­ble, Police Dis­trict, L’école du pou­voir, Le repaire de la Vouiv­re, Reporters, Françoise Dolto, L’ordre du tem­ple solaire, Pas­teur, Les temps changent, Ils voulaient tuer De Gaulle, Françoise Dolto, Sac des hommes de l’ombre, Car­men, Mariage sur­prise, Bac+70, Com­plot d’amateurs, Médecin-chef à la San­té, Gold­man, La République des enfants.

Mem­bre de la com­mis­sion pour une nou­velle télévi­sion publique en 2008, il intè­gre en févri­er 2009, le « Con­seil de la créa­tion artis­tique » ani­mé par Marin Kar­mitz à la demande de Nico­las Sarkozy.

1996

Prix du Pro­duc­teur français de télévision

2008

Offici­er de la Légion d’honneur

2009

Un reportage sur la pédophilie réal­isé par CAPA est dif­fusé lors de l’émission d’investigation “Les Infil­trés” sur France 2. Le principe du pro­gramme est de tourn­er en caméra cachée. Fait raris­sime, la dif­fu­sion du reportage mène à l’arrestation de 23 per­son­nes. Une par­tie de la pro­fes­sion s’émeut d’une telle con­nivence et déplore que des jour­nal­istes puis­sent servir d’indicateurs de police.

2010

L’homme d’affaires Fab­rice Larue, déten­teur de Newen, la fil­iale de pro­duc­tion de TF1 rachète 60% de CAPA.

2013

Reprenant les mêmes méth­odes, CAPA a réal­isé une enquête sur un cer­cle catholique tra­di­tion­nal­iste girondin fondé par un ancien mem­bre du Front Nation­al, À l’extrême droite du père, qui est dif­fusée en 2010. On y voit des paroissiens, notam­ment des enfants, profér­er et chanter des dis­cours anti­sémites et racistes. Trois ans plus tard, Hervé Cha­balier, David Pujadas et son jour­nal­iste Matthieu Beur­ri­er sont mis en exa­m­en pour atteinte à la vie privée, pub­li­ca­tion d’un mon­tage et escro­querie pour avoir fait usage d’une fausse qual­ité dans le but d’obtenir des pro­pos et des images. À l’issue du procès en diffama­tion qui se tient en 2014, le tri­bunal cor­rec­tion­nel de Paris relaxe les jour­nal­istes, recon­nais­sant leur « bonne foi ».

2013–2017

Cha­balier ani­me le Grand Débat sur Europe 1 chaque dimanche de 18h30 à 20 heures entre 2013 et 2015. Par la suite, il tient une chronique au cours de la mati­nale de la sta­tion inti­t­ulée L’œil d’Hervé Cha­balier entre 2015 et 2017.

Parcours militant

Proche de l’UNEF en mai 1968 : « J’ai fait une licence d’his­toire, je me sen­tais très con­cerné par les événe­ments de Mai 68 à la Sor­bonne… J’é­tais proche de l’Unef. » (Source : LesÉchos.fr)

Par­ticipe à la créa­tion des Jeuness­es com­mu­nistes révo­lu­tion­naires : « “fait le coup de poing avec les mecs d’Oc­ci­dent”… Des “écarts” qui lui vau­dront une solide répu­ta­tion aux Ren­seigne­ments généraux… » (Source : L’Express.fr)

Publications

  • Alcoolisme : Le par­ler vrai, le par­ler sim­ple (Édi­tions Robert Laf­font), 2011
  • Un dernier pour la route (Édi­tions Robert Laf­font), 2006

Collaborations

  • Mai 2010 : Par­ticipe à la séance « le ser­vice pub­lic et le web » organ­isée par le Club Galilée.
  • Sep­tem­bre 2009 : Sor­tie sur les écrans de l’adaptation de son livre Le dernier pour la route avec François Cluzet dans son pro­pre rôle.
  • Avril 2009 : Par­ticipe à la journée « Médias et diver­sité sociale » organ­isée par l’Ecole supérieure de jour­nal­isme de Lille (ESJ Lille) et le Bondy Blog.
  • Févri­er 2008 : Mem­bre de la com­mis­sion pour la nou­velle télévi­sion publique présidée par Jean-François Copé.
  • 2008 : Témoigne dans le film « C’est dur d’être aimé par des cons » : « Pour avoir repro­duit les douze car­i­ca­tures danois­es ayant déclenché la colère des musul­mans aux qua­tre coins du monde, Philippe Val, le patron de Char­lie Heb­do, jour­nal satirique français, est assigné en jus­tice. Un procès hors norme que Daniel Lecon­te suit en temps réel. Pour décrypter, avec les acteurs clés, les enjeux poli­tiques inter­na­tionaux, médi­a­tiques et idéologiques. Avec, en images : avo­cats, témoins, médias, con­férences de rédac­tion, man­i­fes­ta­tions de sou­tien. Avec aus­si les pris­es de posi­tions des intel­lectuels et des hommes poli­tiques, les réac­tions de l’ac­cu­sa­tion et des pays musul­mans. Une réflex­ion sur l’Is­lam, sur la presse, sur l’é­tat de l’opin­ion dans la société française mais aus­si une ten­ta­tive de réponse aux défis lancés par l’in­té­grisme à toutes les démoc­ra­ties. »
  • Novem­bre 2007 : Délégué général du Fes­ti­val européen des 4 écrans. Le fes­ti­val a été fondé en 2007 par Hervé Chabalier.
  • 2006 : Mem­bre du jury du « Prix inter­na­tion­al de l’enquête CFJ – Groupe Caisse d’Epargne »

Ce qu’il gagne

Non ren­seigné.

Il l’a dit

« Dans le jour­nal­isme, on me le reproche d’ailleurs de temps en temps, j’ac­corde beau­coup d’im­por­tance à la trans­mis­sion du savoir. C’é­tait dans mes gènes » « Hervé Cha­balier, Prési­dent-fon­da­teur de l’a­gence CAPA » - LesÉchos.fr, 11/08/2006

« J’avais reçu de mon passé, en Espagne sous Fran­co et en Afrique aux débuts de la décoloni­sa­tion, deux valeurs fon­da­men­tales : le goût de la lib­erté et le refus de l’asservisse­ment. (…) Le jour­nal­isme me per­me­t­tait, grosso modo, de défendre les valeurs aux­quelles je croy­ais, de défendre la veuve et l’or­phe­lin. (…) Un jour­nal­iste est là pour grat­ter où cela fait mal. » Ibid.

« Aujourd’hui on ne con­naît de l’Italie que les “Berlus­conades”. Toute la médi­ati­sa­tion tourne autour de la per­son­ne du prési­dent du Con­seil, au pou­voir depuis vingt ans. J’ai pris le par­ti de m’intéresser à l’autre Ital­ie, celle qu’on ne con­naît pas, et de mon­tr­er les forces, les mou­ve­ments et les gens qui dés­ap­prou­vent le per­son­nage et sa poli­tique. (…) Des mou­ve­ments de rébel­lion ont émergé un peu partout en Ital­ie et pro­posent des alter­na­tives au sys­tème Berlus­coni. Mais il n’existe pas encore de rassem­ble­ment de ces forces d’opposition. La colère est réelle, mais la rad­i­cal­ité fait peur dans ce pays qui n’a jamais con­nu de révo­lu­tion et a tou­jours pra­tiqué l’art du com­pro­mis. » Source : france5.fr

« Le jour­nal­iste a un rôle impor­tant dans le fonc­tion­nement de la démoc­ra­tie. C’est un for­mi­da­ble priv­ilège de pou­voir être lu, ou enten­du, ou vu par ses conci­toyens. Cela implique des devoirs : le tra­vail, la rigueur, la véri­fi­ca­tion de l’information, l’honnêteté intel­lectuelle. Cela doit être le fonde­ment de notre éthique. Notre méti­er con­siste d’abord à aller chercher l’information puis à la trans­met­tre. C’est basique. Et pour­tant, je ren­con­tre aujourd’hui trop de jeunes attirés avant tout par le mode de vie et le statut social que con­fère notre méti­er : ils n’ont pas de con­vic­tions pro­fes­sion­nelles et ne mesurent pas le ser­vice car­di­nal que le jour­nal­isme rem­plit. Ils n’ont ni l’humilité ni la pas­sion indis­pens­ables. » « Jour­nal­iste un méti­er à réin­ven­ter 60 ans de CFJ ».

Au sujet de l’euthanasie : « Oui, mais il se trou­ve que nous sommes dans un état laïque, je dis bien “laïque” et c’est notre droit de citoyen et d’hu­main de décider com­ment et quand on veut quit­ter ce bas monde. D’ailleurs la bataille pour le sui­cide assisté, qui est légale dans plusieurs pays européens va s’im­pos­er très vite. Vous savez ma maxime “je n’ai pas de cer­ti­tude mais j’ai une opin­ion” Notre corps, notre âme nous appar­ti­en­nent et dans cette affaire, ce sont les indi­vidus et pas les poli­tiques, les patients et pas les médecins ou les reli­gions qui doivent être le cen­tre du prob­lème. », Europe 1, 29 novem­bre 2014.

Sa nébuleuse

Hervé Kouch­n­er : « Hervé Cha­balier ne cache pas son ami­tié avec Bernard Kouch­n­er » — Le Figaro, 06 avril 2012. En avril 2012, la col­lec­tion « Empreintes » réal­isée par CAPA a dif­fusé un doc­u­men­taire « Kouch­n­er sans fron­tières ». En 2009, nom­mé directeur général délégué du groupe de pro­duc­tion audio­vi­suelle CAPA. À 38 ans, Julien Kouch­n­er se voit con­fi­er par le PDG et fon­da­teur de CAPA, Hervé Cha­balier, la mis­sion d’adapter le groupe aux « nou­veaux enjeux de l’industrie audio­vi­suelle ». Sans que cela soit offi­ciel, Hervé Cha­balier serait mem­bre du club Le Siè­cle.

UMP : Mem­bre de la com­mis­sion pour la nou­velle télévi­sion publique présidée par Jean-François Copé. Il a été fait Offici­er de la Légion d’honneur par Nico­las Sarkozy en 2008.

Ils ont dit

« La jus­tice a tranché: “Compte tenu des liens économiques entre la société CAPA et la société Viven­di, il était com­préhen­si­ble que Philippe Val trou­ve dans cette coïn­ci­dence pour le moins sin­gulière matière à ali­menter sa dénon­ci­a­tion récur­rente de la main­mise des grands groupes indus­triels sur les moyens d’in­for­ma­tion.” Le 26 mai 1999, Philippe Val sig­nait dans Char­lie Heb­do un édi­to qui relatait la coupe dont il fut l’ob­jet au cours de l’émis­sion Place de la République pro­duite par CAPA, la société de pro­duc­tion d’Hervé Cha­balier. Lors de l’en­reg­istrement, Val s’en pre­nait à « Bouygues, Lagardère, Jean-Marie Messier ». À la dif­fu­sion, le nom de Messier, patron de Viven­di et action­naire de CAPA via Canal+ avait été sup­primé. Coupe qual­i­fiée par Val de « cen­sure ». Mal­gré la pub­li­ca­tion d’un droit de réponse dans l’heb­do­madaire satirique, CAPA a attaqué Val pour diffama­tion et a vu hier sa demande rejetée par la pre­mière cham­bre du tri­bunal de grande instance de Paris. » « CAPA perd con­tre « Char­lie ». La société de pro­duc­tion attaquait Val pour diffama­tion. » — Libéra­tion, 26 avril 2000

Au sujet du reportage sur la pédophilie : « Le SNJ avait demandé à la direc­tion de France 2, le 22 octo­bre 2008, de renon­cer à ce pro­jet, car il por­tait en lui toutes les dérives pos­si­bles. Il n’était pas digne du ser­vice pub­lic. Quand l’information devient spec­ta­cle, on perd l’authenticité du jour­nal­isme. La direc­tion du ser­vice pub­lic a décidé d’ignorer ces aver­tisse­ments et ces ques­tions et de laiss­er l’agence Capa mon­ter seule au front. Les expli­ca­tions de cette dernière sont assez pitoy­ables et celles d’Hervé Cha­balier sont bien loin de sa tri­bune dans Le Monde du 26 mars 2008, où il procla­mait son attache­ment à la pro­tec­tion des sources au nom de la lib­erté d’expression, pierre angu­laire de la démoc­ra­tie, et trou­vait inen­vis­age­able qu’une autorité judi­ci­aire puisse oblig­er un jour­nal­iste à révéler ses sources. Nous étions alors d’accord. », Dominique Pral­adié, secré­taire général du SNJ, Valeurs Actuelles, 15 avril 2010.

Crédit pho­to : France Inter, 30 décem­bre 2009

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