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Le journalisme de délation progresse chaque jour

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1 janvier 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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Le journalisme de délation progresse chaque jour

Temps de lecture : 3 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 14 sep­tem­bre 2023

Délation, dit le Littré, « dénonciation mais toujours en mauvaise part ». Le journaliste de délation — une spécialité en plein développement — n’est pas là pour informer, il est là comme un inspecteur de police intellectuel, un magistrat moral, à la fois détective privé, flic et juge, il recherche les contrevenants au désordre établi libéral libertaire.

Quelques exemples

Déjà en 2015 le jour­nal Nord lit­toral pub­li­ait une « liste de la honte » com­por­tant les noms des inter­nautes auteurs de « pro­pos haineux ou dis­crim­i­nants ». Fin 2020, 7200 jour­nal­istes ou assim­ilés suiv­aient @balancetarédaction. Sur ce compte Insta­gram, cer­tains jour­nal­istes peu­vent se livr­er de manière anonyme à la dénon­ci­a­tion, la déla­tion, la mise à l’index de leurs cama­rades de rédac­tion, de leur voi­sine d’ordinateur dans la « news­room », de leurs col­lab­o­ra­teurs, de leurs chefs, du chien du secré­taire de rédac­tion, et plus si affinités.

En 2021 une « jour­nal­iste » (les guillemets s’imposent, Aude Favre (France 2), s’offrait joyeuse­ment le scalp d’un con­frère. Elle fai­sait démoné­tis­er par Google le site de France Soir. Tou­jours chez France 2 une autre « jour­nal­iste », Sophie Broyet, oubli­ait la charte de Munich et après une enquête sous cam­ou­flage et à charge, inter­ro­geait avec une feinte naïveté le min­istre de l’Intérieur sur une pos­si­ble dis­so­lu­tion d’un mou­ve­ment catholique conservateur

La délation est devenue un métier

Médi­a­part fait par­tie de la grande école du jour­nal­isme de déla­tion. Nour­ri de dossiers aimable­ment four­nis par des mag­is­trats et des policiers, il suf­fit de les habiller ensuite en les présen­tant comme des travaux d’investigation. Le regret­té Pierre Péan avait par­faite­ment analysé la recette dans un excel­lent arti­cle posthume du Monde diplo­ma­tique d’octobre 2019 (voir infra)

Voir aus­si : La méth­ode Médi­a­part, vue par Pierre Péan dans Le Monde diplomatique

Une bonne par­tie de la rédac­tion de Libéra­tion appar­tient à la même école de dénon­ci­a­tion. Nous avons analysé (voir notre encadré) cer­taines enquêtes de Check News du même quo­ti­di­en pour con­stater que non seule­ment les policiers du ser­vice épin­g­lent les sup­posés coupables, mais ils vont plus loin. Ils télé­pho­nent à leur employeur, à leur école ou à leur uni­ver­sité, à leur club sportif. Pour les faire exclure. Ce qui est visé, c’est si pos­si­ble la mort sociale défini­tive du coupable ou a min­i­ma qu’il soit frap­pé d’un sceau infâ­mant, l’excluant de tout débat. Il s’agit d’interdire toute pen­sée hors du monde libéral lib­er­taire, de la faire sor­tir du débat légitime.

Voir aus­si : Check­News est-il un ser­vice de la police de la pensée ?

C’est devenu un véri­ta­ble gagne-pain pour cer­tains. Un média con­fi­den­tiel, Street­Press, pub­lie un suivi de ce qu’ils appel­lent l’extrême droite ; Libéra­tion avec une équipe de qua­tre jour­nal­istes lance Frontal, une chronique heb­do­madaire de la même eau. Avec les sous de Mon­sieur Křetín­ský, le roi du char­bon et du lignite.

La bal­ance, c’est le signe astrologique de l’air et dans l’argot des pris­ons (Jean-Michel Armand, L’Argot des pris­ons, Horay, 2012) c’est le cafard, le mou­ton, la casse­role, la son­nette, le déla­teur, un sale bon­homme qui trahit pour un avan­tage, un sourire ou par peur. De nos jours, c’est le signe dis­tinc­tif dans cer­taines rédac­tions, une sorte de médaille chez les « woke ». Dégoûts et des couleurs on ne saurait trop parler.