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Yves de Kerdrel quitte Valeurs Actuelles, Erik Monjalous arrive

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27 mai 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Yves de Kerdrel quitte Valeurs Actuelles, Erik Monjalous arrive

Temps de lecture : 3 minutes

Les rumeurs couraient depuis plusieurs semaines : Yves de Kerdrel a fini par quitter son poste de directeur du groupe Valmonde (Valeurs Actuelles, Jour de chasse, Jour de cheval, Marine et Océans). Le groupe Valmonde, racheté en avril 2015 par Privinvest médias, était jusqu’à fin 2017 en croissance régulière sur fond de conflit de personnes.

Yves de Kerdrel, Dr Jekyl and Mr Hyde

L’Observatoire a con­sacré un por­trait à Ker­drel début 2015, inti­t­ulé Dr Yves et Mis­ter Ker­drel, illus­trant le car­ac­tère de Janus du dirigeant. Ce por­trait a été réal­isé trois ans après le départ de ce poste de Guil­laume Roquette (par­ti au Figaro Mag­a­zine) mais avant le rachat par les action­naires de Priv­in­vest, l’industriel fran­co-libanais Iskan­dar Safa et les hommes de médias Éti­enne Mougeotte (ex Figaro) et Charles Vil­leneuve (ex Paris Match). Ce por­trait sera prochaine­ment actualisé.

Inlass­able défenseur des plus rich­es, titrant sa chronique du 12 mars 2012 « Paris n’est pas Wall Street hélas », rejoignant le très thatch­érien il n’y a pas de société (There is noth­ing like a soci­ety), par­ti­san du tra­vail domini­cal, il affiche un dar­win­isme social sans com­plexe. Mem­bre d’une des com­mis­sions du Medef, par­tic­i­pant à la com­mis­sion Attali pour la Crois­sance en 2007, il est proche de Marc Ladre­it de Lachar­rière (ancien pro­prié­taire de Val­monde, Prési­dent de Fimalac : voir l’infographie du groupe ici), ferme par­ti­san de l’immigration et hos­tile aux frontières.

D’un autre côté il a un incon­testable flair poli­tique et com­mer­cial. Il com­prend dès 2012 que les posi­tions se rad­i­calisent et n’hésite pas avec courage à pub­li­er des Unes très fer­mes sur l’immigration. Une de ces cou­ver­tures lui vau­dra une injuste con­damna­tion en jus­tice pour inci­ta­tion à la haine raciale. Et ça marche. Il redresse les comptes, les ventes explosent, pro­gres­sant de plus de 50% en six ans, ceci dans le secteur des mag­a­zines con­sid­éré comme sin­istré. Un exploit remarqué.

Conflits de personnes et conflits politiques

Peu après le rachat par Iskan­dar Safa et ses amis, Ker­drel fait nom­mer rédac­teur en chef Geof­froy Leje­une tout en gar­dant un œil sur la rédac­tion. Mougeotte et Vil­leneuve beau­coup plus sarkozyens sont réti­cents devant une ligne qu’ils trou­vent trop pop­uliste. Safa doit arbi­tr­er les con­flits, éloignant de la rédac­tion le trop inter­ven­tion­niste Mougeotte. Mais si les dif­férends poli­tiques exis­tent, il s’agit essen­tielle­ment d’un con­flit de pouvoir.

Affaib­li fin 2017 par la décou­verte des malver­sa­tions d’un cadre, qui auraient coûté plus de cinq mil­lions d’euros au groupe, Ker­drel a joué la valse hési­ta­tion autour de Macron, qu’il avait côtoyé à la Com­mis­sion Attali. Le côté libéral économique de Macron ne peut que séduire une bonne par­tie du lec­torat de l’hebdomadaire. Mais sa face lib­er­taire sur le plan socié­tal pour­rait déplaire. D’où un lou­voiement avec des arti­cles tour à tour hos­tiles ou com­plaisants vis à vis du nou­veau pouvoir.

Cette ligne hési­tante se ressent dans les ventes en kiosque. Dépas­sant les 120000 exem­plaires au moment de la cam­pagne prési­den­tielle de 2017, elles seraient passées sous la barre des 100000 début 2018, remon­tant un peu les dernières semaines.

Yves de Ker­drel sera rem­placé par Erik Mon­jalous, ancien de l’AFP et du quo­ti­di­en L’Opinion, qui présente un pro­fil plus con­sen­suel que son prédécesseur. Le rédac­teur en chef Geof­froy Leje­une, dont le par­cours est unanime­ment salué par la pro­fes­sion en interne comme en externe, ne sem­ble pas men­acé. Mais le retour des dinosaures Mougeotte et Vil­leneuve pour­rait chang­er les choses. Yves de Ker­drel restera éditorialiste.