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Remous à Valeurs actuelles

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6 novembre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Remous à Valeurs actuelles

Temps de lecture : 4 minutes

La nouvelle est tombée le 20 octobre 2022 : « Geoffroy Lejeune est sur le point d’être écarté par la direction de la rédaction de Valeurs actuelles », annonçait La Lettre A sur Twitter. C’est parce qu’il aurait été « gêné par le positionnement militant de l’hebdomadaire [que] son propriétaire Iskandar Safa [aurait souhaité] parachuter Jean-Michel Salvator » pour le remplacer à la tête de l’hebdomadaire.

Le tour de passe-passe n’aura pour­tant pas pris : une semaine plus tard, la même source annonçait que « Jean-Michel Sal­va­tor [renonçait finale­ment], face au sou­tien dont béné­fi­cie le directeur de la rédac­tion de Valeurs actuelles en interne », à rem­plac­er le directeur de la rédac­tion en place depuis six ans. Retour sur une tem­pête en cours…

Aveu de désamour pour une ligne éditoriale « radicale »

Selon Libéra­tion, c’est le traite­ment de la cam­pagne prési­den­tielle d’Éric Zem­mour qui aurait gêné Iskan­dar Safa, plus favor­able à la défense d’idées que de per­son­nes. Démen­tant ce désamour par­tiel, le directeur de la rédac­tion comme son adjoint Tug­dual Denis démentent ; ce dernier laisse même enten­dre que l’information serait venue d’un camp rival : « J’ai eu l’actionnaire au télé­phone. Il m’a dit que […] ce qu’on lisait dans la presse n’engageait que ceux qui pub­lient ces infor­ma­tions-là et ceux qui y croient. Qui veut nous désta­bilis­er ? Je ne sais pas ! », con­fie encore Denis à Libéra­tion.

Une ver­sion con­tred­ite par les sources de Camille Vigogne pour L’Express : selon ce jour­nal­iste, con­nu pour son amour relatif du milieu poli­tique droiti­er, Iskan­dar Safa se serait déclaré, à l’occasion d’une entre­vue avec le suc­cesseur sup­posé de Leje­une, navré du « qua­si-organe de cam­pagne » que serait devenu l’hebdomadaire à l’occasion de la prési­den­tielle et des pertes finan­cières du mag­a­zine. Si Le Monde évoque sept unes con­sacrées par Valeurs actuelles à Zem­mour à l’occasion de la cam­pagne prési­den­tielle, il faut néan­moins s’interroger sur l’objectivité de la presse à l’égard de l’hebdomadaire. De décem­bre 2021 à avril 2022, soit pour les cinq mois précé­dant la date de l’élection prési­den­tielle, Valeurs actuelles a accordé trois unes à Éric Zem­mour[1] con­tre cinq pour son adver­saire Emmanuel Macron[2]. En com­para­i­son, Le Point a con­sacré, pen­dant cette même fourchette de temps (jan­vi­er – mai 2017), qua­tre unes[3] à son poulain Emmanuel Macron – dont c’était alors la pre­mière can­di­da­ture, à l’image de la pos­ture d’Éric Zem­mour en 2022 – sans sus­citer l’émoi par­mi la sphère médi­a­tique.  Quoiqu’il en soit, ce n’est qu’après avoir reçu la promesse de Geof­froy Leje­une de « rééquili­br­er la ligne de VA » que l’actionnaire libanais aurait finale­ment renon­cé à sanc­tion­ner le jour­nal­iste, lui accor­dant selon l’Express un sim­ple « sur­sis ».

Voir aus­si : Camille Vigogne Le Coat, portrait

Face à la tempête, la stratégie de la relance

Réagis­sant diligem­ment, Geof­froy Leje­une s’est lancé avec son équipe édi­to­ri­ale dans une course à l’abonnement stratégique­ment cen­sée : dénonçant une entre­prise de désta­bil­i­sa­tion, il en appelle au sou­tien de ses lecteurs et à une vaste opéra­tion d’abonnement de leur part. « Ce qu’ils veu­lent, c’est notre affaib­lisse­ment, notre renon­ce­ment, notre extinc­tion, notre mort », explique face caméra le directeur du jour­nal dans une vidéo tournée devant l’Arc de Tri­om­phe en com­pag­nie des mem­bres de la rédaction.

Face au sou­tien mas­sif reçu par Leje­une, Jean-Michel Sal­va­tor, qui avait eu l’espoir de faire de Valeurs actuelles « un jour­nal libéral sur l’économie, de droite décom­plexée, mais pas d’extrême-droite », a renon­cé. Con­sid­érant la réplique de Leje­une et son équipe comme « un putsch de la direc­tion de la rédac­tion » […] « au reg­istre zem­mourien », l’ancien directeur des rédac­tions du Parisien / Aujourd’hui en France a regret­té que l’équipe de la rédac­tion soit allée « beau­coup trop loin ». « C’est inédit de voir une rédac­tion pren­dre le pou­voir ain­si et s’emparer d’un jour­nal pour en faire l’instrument d’un par­ti poli­tique », se plaint cet ancien du Figaro sans pré­cis­er de quel par­ti Valeurs actuelles aurait pris la défense.

Voir aus­si : Geof­froy Leje­une, portrait

Notes

  • [1] N°4439 du 23.12.2021 ; n°4451 du 17 mars 2022 où il partage la une avec Mmes Le Pen et Pécresse ; n°4453 du 31 mars 2022.
  • [2] N°441 du 6 jan­vi­er 2022 ; n°4442 du 13 jan­vi­er 2022 ; n°4447 du 17 févri­er 2022 ; n°4452 du 24 mars 2022 ; n°4455 du 14 avril 2022.
  • [3] N°2315 du 19 jan­vi­er 2017 ; n°2321 du 2 mars 2017 qu’il partage avec François Fil­lon ; n°2325 du 30 mars 2017 avec le titre Est-il si fort ? ; n°2329 du 27 avril 2017 avec le titre Seul Face à l’Histoire.