Alias Charly Papa Tango
Né Charles Leroy en juillet 1941 à Beyrouth, Charles Villeneuve a présenté pendant 17 ans l’une des émissions phare de TF1, « Le Droit de savoir ». Journaliste, producteur et auteur de nombreux essais, il a été, avant sa carrière de journaliste, sous-officier dans l’armée française, issu de l’ENSOA (École nationale des sous-officiers d’active) de Saint-Maixent-l’École.
Balafres au visage, il aime particulièrement entretenir cet air de « dur à cuire », témoin et acteur de toutes les batailles, imaginaires ou non. Lors de son pot de départ de TF1, on lui a joué « Le salut aux caïds » ; ses collèges le surnomment « Charly papa tango ». Pourtant, comme l’a révélé Le Parisien, Villeneuve ne fut jamais légionnaire (comme il a pu le laisser entendre) et n’a même jamais été au feu… Son obsession pour la chose militaire ne s’en est pour autant pas trouvée affectée.
D’émission en émission, il s’est fait une spécialité dans la dénonciation des petites frappes, criminels d’en bas, pour le plus grand bonheur du téléspectateur avide de sensations fortes. Homme de tous les réseaux, il n’a jamais caché des opinions politiques plutôt à droite. En 2012, il a du reste fait partie de l’équipe de communication de Nicolas Sarkozy en vue de l’élection présidentielle.
Formation
Après l’armée, il reprend ses études et intègre Sciences Po à Aix en Provence en 1964, où il est le plus vieux de sa promotion.
Parcours
Il fait ses débuts dans le journalisme à Paris-Presse l’Intransigeant en 1967 (trois ans avant que le journal ne soit absorbé entièrement par France-Soir). En 1979, il se lance dans le monde de la radio quand Jean Gorini le recrute à Europe 1. Il couvre alors les conflits au Moyen-Orient, et c’est à cette occasion qu’il change de nom. En effet, il y avait déjà un Leroy dans la rédaction en la personne de son rédacteur en chef. VSD raconte les circonstances : « Charles propose Séropian, du nom de sa mère. Le présentateur refuse, préférant un nom plus classique. Dix minutes avant son passage à l’antenne, Charles n’a toujours pas de pseudonyme. André Arnaud cherche un jeu de mots avec “Leroy” et finit par trouver “Villeneuve-le-Roi” (nom d’une commune du Val-de-Marne). Il devient donc Charles Villeneuve. Aujourd’hui, sur son passeport, les deux patronymes figurent. »
En 1987, direction la télévision avec la présentation de « Le Glaive et la Balance » sur M6 en guise de premiers pas (il en deviendra ensuite le producteur). La même année, il rejoint Paris Match où il crée, avec Laurence Masurel, les « pages jaunes », largement consacrées à la politique.
En 1990, Francis Bouygues lui propose de rejoindre TF1. Il accepte et crée « Le Droit de savoir » avec Patrick Poivre d’Arvor, Gérard Carreyrou et Franz-Olivier Giesbert, magazine à succès qu’il présente pendant 17 ans. Il devient ensuite le directeur des sports de la première chaîne. En parallèle, il dirige TAP (nom donné en référence aux troupes aéroportées), maison de production filiale de TF1 avec laquelle il produit, entre autres : « Le Droit de savoir », « Le Droit de savoir faits divers », « Appels d’urgence », « 90 min enquêtes » sur TMC, « 50 min inside » ; ainsi que plusieurs téléfilms : « La Chasse à l’Homme », « La Véritable Histoire de l’arrestation de Jacques Mesrine », « L’Affaire du Rainbow Warrior », et le documentaire « Ils voulaient tuer de Gaulle ».
Il quitte toutes ses fonctions de TF1 en avril 2008, à 67 ans, pour prendre le poste de président du Paris Saint-Germain. Pour ce départ de la première chaîne d’Europe, il aurait empoché un chèque de « 3 à 4 millions d’euros », information qu’il a cependant toujours catégoriquement démentie. Son entrée dans le monde du sport est très critiquée. Malgré tout, il permet au PSG, alors 15ème du championnat, de se hisser à la 5ème place et gagne la sympathie des supporters. Il démissionne le 3 février 2009 suite à des tensions internes.
Depuis 2011, il participe régulièrement, en tant que chroniqueur, à l’émission « Les Spécimens » sur Canal+ (football) et au « Débat des grandes voix », présenté par Frédéric Taddeï sur Europe 1.
En avril 2015, il rachète, en compagnie de l’homme d’affaires libanais Iskandar Safa et du patron de presse Étienne Mougeotte, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles au groupe Valmonde. Auparavant, avec les mêmes associés, il avait déjà tenté d’acquérir Nice-Matin et L’Express, sans succès.
Il est l’auteur de plusieurs essais sur la politique et le terrorisme.
Son nom réapparaît dans le sillage de l’affaire Benalla, car il se serait rapproché du disgracié pour l’aider, fort de son carnet d’adresses bien fourni, dans sa reconversion dans le « consulting international ». Selon Libération, « l’automne dernier, il s’est lui aussi mis en tête de prendre Alexandre Benalla en main, et surtout de le faire savoir au microcosme politico-financier. C’est ainsi que Charles Villeneuve l’a ostensiblement trimballé chez Laurent, le restaurant du CAC 40, le Stresa, lieu de passage des stars ou à l’Avenue, cantine de l’ancien patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini. Largement de quoi alimenter le spectre d’un complot antimacroniste diligenté par ce qui reste de la sarkozie. » Il dément toutefois avoir joué le rôle d’intermédiaire entre Alexandre Djouhri, homme d’affaires franco-algérien mis en cause dans le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, et Alexandre Benalla, comme l’affirment les journalistes du Monde Simon Piel et Joan Tilouine.
Faits notoires
Avec son émission phare « Le Droit de savoir », il est la cible de nombreuses critiques. On lui reproche souvent une ligne axée sur les coupables d’actes antisociaux (dealers, criminels, militants politiques…), particulièrement en période électorale.
En octobre 2001, il est débouté dans son procès intenté à Pierre Botton. Dans son livre Mes chers amis (Flammarion, 2000, réédition en collection « J’ai lu ») l’homme d’affaire, condamné en 1996 pour abus de biens sociaux, l’avait accusé d’avoir bénéficié de ses largesses, citant notamment deux séjours au ski à Courchevel, dont l’un avec excursion en hélicoptère, offerts intégralement à la famille de Villeneuve. Villeneuve s’estimait diffamé, ce qui n’a pas été de l’avis du tribunal correctionnel. Celui-ci a jugé les preuves fondées, et même révélatrices de « certaines pratiques en vigueur au sein du monde de la politique et des médias ».
Charles Villeneuve a été balafré lors d’une manifestation à Tunis lors de son enfance. La seconde balafre provient d’un accident de voiture. Selon ses dires, il aurait également été visé par des tireurs d’élite lors de la guerre du Liban, qu’il couvrait pour Europe 1.
En 2008, il participe à un documentaire parodique, à la base réalisé pour la promotion du film « Go Fast », dans lequel il caricature ses propres reportages sur la banlieue. Ladi Ly, le producteur du documentaire, raconte : « Sa participation nous a surpris, on avait fini le docu, on voulait une voix off, on a pensé à lui mais c’était un délire, on ne pensait pas qu’il accepterait. Et puis, il a vu la vidéo et il a dit oui tout de suite. S’il joue le jeu comme ça, s’il est autant dans l’autodérision, j’imagine que c’est parce qu’il sait ce qu’on pensait de ses émissions. »
Il a commenté 13 fois le défilé militaire du 14 juillet, et a présenté les émissions « Opérations spéciales » lors de cet événement.
Engagement militant
Lors de la campagne présidentielle de 2012, il intègre l’équipe de communication de Nicolas Sarkozy aux côtés de Gérard Carreyrou et d’Étienne Mougeotte.
Son réseau
D’après L’Express (6 août 2008) : « Il est de tous les clubs, des moindres coteries : les Arméniens, les Français de Tunisie, les amis de la Légion étrangère, etc. Sans oublier la franc-maçonnerie ».
Il fait également partie du « Club des meilleurs », fan-club très select de l’armée française.
Collaborations
Le 12 mars 2014, il tient une conférence chez les « Amis du Crif » sur le thème « La stratégie militaire : le modèle français et le modèle israélien ».
Le 2 février 2015, il participe avec Bruce Toussaint à la « Masterclass » de l’IEJ Paris sur le thème : « L’importance de la hiérarchie au sein d’une rédaction pour le traitement d’un évènement en direct ».
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Publications
- Histoire secrète du Terrorisme, Plon, 1987, essai
- Le glaive et la balance, Compagnie 12, 1989, essai
- Les masques du terrorisme, Éditions n° 1, 1991, essai. Coécrit avec avec Patrice de Méritens.
- La Ville — Vol. 1 — Premières Armes, Stock, 1991 avec Jean-Pierre Bastid
- La Ville — Vol. 2 — Le Temps du pouvoir, Stock, 1991 avec Jean-Pierre Bastid
- Les Liaisons dangereuses de Pierre Bérégovoy, Plon, 1993, essai
Il l’a dit
« Je suis journaliste, je reste journaliste, c’est tout ce que je sais faire », Nice-Matin, 11 octobre 2012
« Au sens politique, non. Mais au sens d’un lobby, d’un groupe de pression, oui. Depuis quelques années, les homos s’affichent, ils se défendent, et sont organisés. Ils sont maires de grandes villes, hauts fonctionnaires, magistrats, journalistes, et ils font cause commune. » (à propos d’un “pouvoir gay” en France), La Dépêche, 26 février 2002
« PPDA, on l’a égorgé au coin d’un couloir avec un couteau rouillé » (à propos du limogeage de PPDA de TF1) France Inter, 5 mars 2009
Marine Le Pen est un « Goebbels en jupons », Europe 1, « Le débat des grandes voix », 12 mars 2011
« Il y a toujours 600 millions d’Arabes qui veulent jeter 6 millions de Juifs à la mer », Europe 1, « Le débat des grandes voix », 3 juillet 2010
Ils l’ont dit
« Charles est beaucoup plus nuancé que l’image qu’on donne de lui. (…) Il aime aussi ce qui brille, il aime le pouvoir, il est opportuniste, mais qui ne l’est pas dans ce métier ? (…) Ce n’est pas un ange, loin de là. Il a un rapport à la parole donnée parfois… un peu souple… Mais c’est un mec qui peut changer d’avis. », Pascal Praud, Fifa.com, 26 mai 2008
« Un homme odieux, hyper-froid, jamais dans les sentiments », journaliste anonyme de TF1, Fifa.com, 26 mai 2008
« De toute manière, pour faire ce qu’il a fait, il faut être fort. C’est un para. Il est allé faire des reportages sous les bombes toute sa vie. C’est un dur de dur », Louis Acariès, Fifa.com, 26 mai 2008
« Passionné d’histoire, il aurait aimé vivre pendant la Révolution française et être adulte durant la Seconde Guerre mondiale. Des périodes exaltantes, estime-t-il », VSD, 15 juillet 2004
« Charles redoute la mort par décrépitude. Il s’entretient physiquement, fait deux fois par semaine du vélo en salle et mange bio » VSD, 15 juillet 2004
« Truculent, charmeur, n’hésitant pas à prendre parfois quelques libertés avec la réalité », Le Parisien, 22 juin 2008
« C’est un adversaire coriace. Il sait agiter tous ses réseaux, plus ou moins confidentiels. C’est un vrai dur », Nicolas de Tavernost, Le Parisien, 22 juin 2008
« Lui dire que c’est un enfoiré, c’est trop banal, c’est banaliser l’enfoiré », Thierry Rolland, « La dernière interview », avril 2011
« Villeneuve, c’est comme un dos d’âne, sauf qu’il n’y a pas le dos, il y a juste l’âne » Thierry Rolland, « La dernière interview », avril 2011
« Il a les mâchoires d’un bouledogue, le regard qui frise un peu plus qu’à l’accoutumée », L’Express, 6 août 2008
« À l’époque de la maladie de Mitterrand, il suffisait qu’il apprenne qu’un caporal de garde, au sixième sous-sol de l’hôpital du Val-de-Grâce, avait vu passer une radiographie pour traverser Paris… », Charles Pellegrini, L’Express, 6 août 2008
« Ses collègues de bureau le surnomment « Charlie Papa Tango », car l’ancien para adore refaire ses guerres imaginaires de cette voix sombre de conspirateur qui, plus tard, hypnotisera la France du Droit de savoir », L’Express, 6 août 2008
« Éternel jeune homme siglé Dolce & Gabbana de la tête aux pieds, Villeneuve soigne son brushing à l’âge où d’autres soignent leur arthrose », L’Express, 6 août 2008
« Il est de tous les clubs, des moindres coteries : les Arméniens, les Français de Tunisie, les amis de la Légion étrangère, etc. Sans oublier la franc-maçonnerie » L’Express, 6 août 2008
« Parfois, il pousse un peu. Son regard sur l’armée est complètement subjectif, c’est plus que de l’exaltation. Il ne pourra jamais être critique » Général Bruno Dary, Le Parisien, 22 juin 2008
Crédit photo : DR