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Silence, on frappe Ménard : réactions des médias après l’agression du maire de Béziers

1 août 2018

Temps de lecture : 7 minutes
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Silence, on frappe Ménard : réactions des médias après l’agression du maire de Béziers

Temps de lecture : 7 minutes

Red­if­fu­sion. Pre­mière dif­fu­sion le 14 mai 2018

Quand Robert Ménard, élu de la République comme tous les maires, premier magistrat de sa commune, est agressé dans la rue, comment réagissent les principaux médias ? Analyse.

Le 5 mai 2018, l’élu de la République, maire de Béziers, co-fon­da­teur de Reporters Sans Fron­tières, époux d’une députée de la République et per­son­nal­ité qui compte dans la vie poli­tique française, Robert Ménard a été agressé en pleine rue à Saint André de Cubzac. L’élu était invité pour un débat. Son tort ? Les images des vidéos sont par­lantes à ce pro­pos, il n’est pas de gauche.

Analyse : plusieurs points viennent immédiatement à l’esprit

Notons que durant ce qui est indé­ni­able­ment une agres­sion poli­tique d’une très grande vio­lence, des élus de gauche regar­dent et fil­ment au lieu d’intervenir pour empêch­er leurs amis mil­i­tants, tout autant de gauche, de con­fon­dre action poli­tique et volon­té d’attenter à l’intégrité physique d’un élu de la République. Plus tard, une con­seil­lère munic­i­pale de la com­mune où a eu lieu l’agression s’en félicite même.

La vidéo mon­tre la vio­lence de cette agres­sion : l’élu de la République est bous­culé, frap­pé, jeté à terre aux cris de « facho ! facho ! ». Elle mon­tre aus­si la rai­son de cette agres­sion : il est insup­port­able aux pré­ten­dus apôtres de la « tolérance » de sup­port­er la tenue d’une réu­nion ayant pour thème le rap­proche­ment d’élus de divers mou­ve­ments classés poli­tique­ment à droite.

Ain­si, l’aspect vio­lem­ment anti­dé­moc­ra­tique de cette agres­sion doit être relevé : il s’agit, au cœur de la République française, d’empêcher un élu, par ailleurs fig­ure impor­tante d’une droite représen­tant des mil­lions d’électeurs à l’échelle nationale, de béné­fici­er des droits fon­da­men­taux qui for­ment pour­tant le socle de la République, à com­mencer par les lib­ertés de réu­nion, de cir­cu­la­tion, d’opinion et d’expression. Notons qu’un autre socle de la République n’est pas respec­té : la sécu­rité du citoyen et élu Robert Ménard

Il y a peu, pour une action placée sous le signe de l’humour, l’entartage de l’élu France Insoumise Éric Coquer­el (élu qui par ailleurs appelait à « ren­vers­er le prési­dent de la République » à l’occasion de la « fête à Macron », un ancien can­di­dat à la prési­den­tielle et député par­lait « d’attentat d’extrême droite » (en référence aux atten­tats qui frap­pent le ter­ri­toire, ain­si celui du Bat­a­clan ?) et demandait au min­istre de l’intérieur de veiller à la sécu­rité des élus (de gauche) de la République men­acés, de son point de vue, par les actions sup­posées de « mil­ices » d’extrême droite en France.

Dans cet ordre d’idée, la présen­ta­tion sur Le Média, télévi­sion proche de la France Insoumise, est révélatrice :

En par­ti­c­uli­er la con­clu­sion du « spé­cial­iste » invité, « pas per­suadé » que les RG ou autres suiv­ent de près « le dan­ger de l’extrême droite ». Pour­tant, d’après Libéra­tion les ser­vices secrets s’intéresseraient de très près aux mou­ve­ments qui ne sont pas de gauche, ain­si que l’OJIM l’a expliqué il y a peu.

Ce traite­ment d’un sim­ple entartage subi par un député de la France Insoumise, pra­tique à laque­lle un BHL par exem­ple sem­ble s’être par­faite­ment habitué et ne plus en faire un fro­mage, est à met­tre en rela­tion avec la vidéo de l’agression subie par Robert Ménard : les images prou­vent la présence de mil­i­tants de la France Insoumise lors de cette agres­sion vio­lente (le dra­peau de ce par­ti est claire­ment vis­i­ble au pre­mier plan). À ce jour, Jean-Luc Mélen­chon n’est pas inter­venu à l’Assemblée Nationale et n’a pas évo­qué les pra­tiques d’actions vio­lentes du mou­ve­ment qu’il dirige, il ne les a pas plus qual­i­fiées de vio­lences de l’extrême droite, con­traire­ment par exem­ple à sa récente inter­pré­ta­tion de la nature des vio­lences du Black Bloc.

Une ques­tion se pose con­cer­nant l’avenir : ces images de mil­i­tants arbo­rant dra­peau de la France Insoumise lors d’une agres­sion vio­lente seront-elles resservies à Mélen­chon lors de cha­cune des prochaines élec­tions, sur TF1 et France 2, afin de faire com­pren­dre aux téléspec­ta­teurs que Mélen­chon dirig­erait une organ­i­sa­tion ayant à voir avec les Ligues des années 30 ?

Le check­news de Libéra­tion, com­para­nt entartage de Coquer­el et agres­sion de Ménard, peut sans peine et déjà can­di­dater aux Bobards d’Or 2019.

L’absence de présence poli­cière ou de gen­darmes est remar­quable. De même que la dis­cré­tion de l’État répub­li­cain suite à l’agression, ce qui a con­traint la députée Emmanuelle Ménard, épouse du maire de Béziers, à inter­venir.

Robert Ménard est régulière­ment l’objet d’un traite­ment par­tial dans les médias, ce que l’OJIM mon­trait il y a peu au sujet d’un reportage dif­fusé sur Arte.

Un traitement médiatique indigne d’une démocratie

Alors que les médias offi­ciels peu­vent par­fois glos­er des heures durant, ain­si sur BFM au creux de l’hiver 2018, de l’éventuelle per­ruque portée par le prési­dent des États-Unis Don­ald Trump, qu’ont-ils à nous dire de l’agression d’un élu de la République ? Pas grand-chose, à vrai dire.

Un pas grand-chose au sujet duquel il faut garder en mémoire l’hystérie médi­a­tique et poli­tique qui avait suivi l’agression subie par NKM en 2017, cette image par­lant d’elle-même.

C’est le ton général des médias au sujet de l’agression subie par Robert Ménard. Il ne serait pas vic­time d’une vio­lente agres­sion, con­traire­ment à NKM ou à Coquer­el, mais d’une sim­ple « bousculade » :

‣ La réac­tion majori­taire min­imise les faits, con­sis­tant ain­si à écrire et dire que Robert Ménard n’aurait pas été agressé mais « bous­culé » (Sud-Ouest, quo­ti­di­en qui met de plus le mot « agres­sion » entre guillemets dans le corps de son arti­cle), « légère­ment bous­culé », chahuté » ou « pris à par­tie », les verbes étant par­fois (mais pas tou­jours) précédés du mot « vio­lem­ment » : Libéra­tion, Huff­in­g­ton post, Le Midi Libre, Oumma.com, France 3 Nou­velle Aquitaine, 20 Min­utes, France­bleu par­le d’une « vis­ite sous haute ten­sion », RTL, Le Jour­nal Du Dimanche, Les Inrocks, Le Figaro, Francetv­in­fo, Le Monde utilise le verbe « chahuté », tout comme Le Point, LCP, L’Obs, M6… 

‣ Dans un pre­mier temps, de rares médias osent employ­er le verbe « agress­er » : LCI, RMC, Sud Radio et BFM (mais par la bouche de la vic­time, invitée à s’exprimer), L’express, Sput­nik, RT France… Sur CNews, la ques­tion de « l’agression » a entraîné un débat plus que vif : 

https://www.youtube.com/watch?v=ykXU9xwic_Y

Dans un sec­ond temps, l’intervention de la députée de la République Emmanuelle Ménard con­duit une par­tie des médias à utilis­er le verbe « agress­er » car ce verbe est util­isé par la députée dans son com­mu­niqué, et unique­ment pour cette rai­son : Paris Match, Europe 1, Le Parisien, BFM, Valeurs Actuelles (qui par­lait aus­si éton­nement d’un Ménard « pris à par­tie » dans un pre­mier temps), Fran­ce­in­fo… Cette ten­dance se développe un peu à par­tir du 10 mai, soit 5 jours après l’agression.

Ain­si, le 10 mai au matin Les Grandes Gueules s’interrogent :

Que conclure ?

‣ La par­tial­ité des médias offi­ciels est caricaturale

‣ Les élus de la république de droite ne sem­blent pas être des élus de la République au même titre que ceux des autres familles politiques

‣ Con­traire­ment à ce qu’affirment cer­tains députés de gauche à l’Assemblée Nationale ou un quo­ti­di­en de gauche libérale lib­er­taire comme Libéra­tion, ce ne sont pas les hommes poli­tiques de gauche qui voient con­crète­ment leur vie être aujourd’hui men­acée en France.

‣ Aucun média ne remar­que ce fait pour­tant extra­or­di­naire : le 10 mai 2018, alors qu’un maire d’une com­mune de la République française a été vio­lem­ment agressé, aucun mem­bre du gou­verne­ment n’avait encore réagi.

Par­tial­ité et absence de réac­tion du pou­voir entraî­nent une con­séquence claire : qui a une autre con­cep­tion du monde et de la poli­tique que le pou­voir médi­a­tique et poli­tique offi­ciel n’est plus ni en sécu­rité ni pro­tégé sur le ter­ri­toire nation­al. De même, les droits fon­da­men­taux d’un élu de droite ne sont plus garan­tis par la République française ni par la réac­tion des médias officiels.

Pho­to : cap­ture d’écran Sud-Ouest

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