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Le Média, diversité de gauche et entourloupe associative en vue

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21 décembre 2017

Temps de lecture : 3 minutes
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Le Média, diversité de gauche et entourloupe associative en vue

Temps de lecture : 3 minutes

Le Média, la chaine de télévision qui doit être lancée le 15 janvier 2018 par des personnalités proches de la France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, peine à cacher ses origines politiques sous des oripeaux associatifs. Et ce bien que plusieurs figures de la presse de gauche ont rejoint l’aventure, notamment Aude Lancelin, virée du Nouvel Obs pour avoir été trop à gauche.

Avec elle et Aude Rossigneux, rédac­trice en chef depuis le début du pro­jet, on retrou­ve Serge Faubert, employé chez France-Soir (2005–2006) puis à Bakchich.info, puis rédac­teur en chef de Jeune Afrique (2008–2009) et de Quoi.info (2011–2012) avant de rejoin­dre le cab­i­net de Jean-Paul Huchon quand il était prési­dent de la région Ile de France (novem­bre 2013 – mars 2014). Il y aus­si Cather­ine Kir­pach, anci­enne de LCI ou Marc de Boni, ancien grand reporter au Figaro, mais qui a aus­si écrit pour Libéra­tion. Sans oubli­er le jour­nal­iste fran­co-camer­ounais Théophile Kouamouo, Léa Ducré, qui a tra­vail­lé pour la télévi­sion viet­nami­enne, mais aus­si L’Ori­ent le Jour, Mar­i­anne ou encore Le Monde des Reli­gions, sans oubli­er Reda Set­tar, JRI et pro­gram­ma­teur sur les émis­sions du ser­vice public.

Bref, une équipe venue d’hori­zons divers – mais essen­tielle­ment de la gauche – aux­quelles s’a­jouteront Noël Mamère – qu’on ne présente plus – et Bernard Cassen, ex-directeur du Monde Diplo­ma­tique, prési­dent d’hon­neur d’At­tac, comme chroniqueurs. Aude Rossigneux imposera à tous de rem­plir une déc­la­ra­tion d’intérêts men­tion­nant ses activ­ités antérieures ou actuelles, jour­nal­is­tiques ou de com­mu­ni­ca­tion – cet out­il servi­ra-t-il à mieux informer les lecteurs ou à fil­tr­er les voix autorisées et inter­dites sur la nou­velle Prav­da de la France Insoumise ?

Une grosse zone d’om­bre sub­siste cepen­dant sur la place des « socios », présen­tés comme les action­naires par­tic­i­pat­ifs du Média. Cen­sés inter­venir sur les choix stratégiques comme « copro­prié­taires » de la société d’après Sophia Chikirou, cofon­da­trice du Média et anci­enne direc­trice de com­mu­ni­ca­tion lors de la cam­pagne prési­den­tielle de Jean-Luc Mélen­chon, ils ne sont pour­tant tou­jours pas représen­tés ni au sein du Média – dont le site dif­fuseur est la pro­priété de Sophia Chikirou, remar­que Médi­a­part – ni au sein de l’as­so­ci­a­tion. Du reste en droit français la notion de « copro­prié­taires » n’ex­iste pas au sein d’une association.

« À ce jour, cha­cun des plus de 9 000 con­tribu­teurs est donc cen­sé être pro­prié­taire d’un “titre” d’une société qui n’a aucune exis­tence légale », pour­suit Médi­a­part. Le site inter­net du Media donne une piste : « Le Média pour­ra se trans­former à l’avenir en coopéra­tive. Dans un tel cas, et selon les modal­ités que l’association arrêtera, le droit d’entrée sera soit con­ver­ti en par­tic­i­pa­tion dans la nou­velle struc­ture, soit virtuelle­ment rem­boursé et immé­di­ate­ment réin­vesti dans la coopéra­tive créée ».

Cepen­dant, mal­gré la récupéra­tion de 1,11 mil­lions d’eu­ros par Le Média, rien ne fil­tre sur la façon pré­cise par laque­lle cette somme sera con­ver­tie en droits pour les « socios ». D’au­tant que ça cloche aus­si dans leur représen­ta­tion. Le Média sera, d’après son règle­ment intérieur, con­sti­tué de trois col­lèges : les fon­da­teurs (Sophia Chikirou et Gérard Miller), les socié­taires (les socios) et les « mem­bres-cor­re­spon­dants » qui auront seuls le droit de vote en assem­blée générale. Or, tous sont égaux mais cer­tains plus que d’autres : ceux-là seront « coop­tés par le bureau pour leur con­tri­bu­tion notable à la réal­i­sa­tion des objec­tifs de l’association ». Sur quelles bases ? Mys­tère encore, mais il sem­ble que les petits tuyaux et les grandes entour­loupes des démoc­ra­ties pop­u­laires n’ont pas été oubliés par La France Insoumise. Au risque que l’opac­ité qua­si-revendiquée ne revi­enne comme un boomerang.