C’est une bien curieuse interview du Président du CSA qu’ont entendue les auditeurs de France inter le 28 septembre. La journaliste Sonia Devillers nous a gratifié d’un nouvel exercice d’inquisition morale dont la radio affiliée à l’État français a le secret.
Il fut un temps où la parole dissidente, celle qui refuse la religion libérale-libertaire dite « progressiste », était reléguée aux marges des médias de grand chemin. Le Figaro Vox et Valeurs actuelles étaient à droite parmi les seuls médias dits « mainstream » à offrir une tribune à des personnalités qui remettent en cause l‘avenir radieux promis à la France et à l’humanité.
Mais la réalité d’un pays qui se fragmente, se communautarise, se paupérise, s’islamise, ne pouvait être indéfiniment occultée. Les succès en librairie d’un Éric Zemmour, d’un Yvan Rioufol, d’un Michel Onfray, etc., ont amené certains médias à inviter des éditorialistes non conformistes sur les plateaux de télévision et de radio et à leur ouvrir des tribunes de journaux. Bien après TV Libertés qui apporte depuis plusieurs années un vent de liberté, Sud Radio et la chaine CNews, parmi d’autres, ont compris qu’il y avait une réelle attente de l’opinion publique à entendre des analyses qui sortent du cadre formaté imposé depuis des décennies.
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Sonia Devillers : portrait
Le service public au service de la gauche morale
À côté de cela, le service public de radio, France inter, France culture, France info, ronronne, avec un public de gauche (ou anesthésié) captif qui entend ce qu’il veut entendre, et des auditeurs occasionnels qui choisissent leur émission en fonction du sujet traité, et non pour être conforté dans leur opinion.
Les fidèles lecteurs de l’OJIM constatent chaque jour que la parole sur la radio publique est essentiellement captée par un clergé libéral-libertaire. Un clergé médiatique dont les idées sont tellement unanimes et répétitives qu’elles forment un corpus idéologique. Pour résumer, libéral libertaire, en faveur de l’accueil inconditionnel des migrants, farouchement hostile aux partis « populistes », etc.
Il n’en demeure pas moins que le service public de radio devrait évoluer dans la cadre d’un cahier des charges impliquant une certaine réserve et le respect de la pluralité d’opinions qui existe dans la société française.
Mais là n’est pas le problème pour Sonia Devillers. Lors de l’émission du 28 septembre de L’Instant M, la journaliste profite de la présence du président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour souligner que le temps de parole des éditorialistes dont les idées la dérangent dans les autres médias devrait être décompté au même titre que celui des hommes et femmes politiques.
Une interview surréaliste
Dans un état d’agitation intense, Sonia Devillers s’adresse à celui qui est chargé de la régulation de l’audiovisuel :
« Autour de ces plateaux, ce ne sont ni des militants, ni des soutiens, ni des patrons de partis, ce sont des éditorialistes, des Michel Onfray, des Zineb El Rhazoui, des Rokhaya Diallo, des Gabrielle Cluzel Ces gens ne sont pas encartés mais leur parole est éminemment polémique, politique. Votre mission est aussi de veiller au pluralisme en dehors des périodes électorales. Pour comptabiliser, pour mesurer, pour identifier la parole de ces gens-là, avez-vous des outils pour mesurer ? » .
Le président du CSA répond que « non » mais « c’est un sujet sur lequel on va nourrir une réflexion, il y a des évolutions en cours, cette appréciation du pluralisme, on va la faire plus finement ».
Sonia Devillers est-elle bien placée pour se poser en parangon de la réserve en matière d’opinions politiques ?
Pour lui rafraichir la mémoire, n’est-ce pas elle qui, le 11 octobre 2019, comme le soulignait Gilles William Goldnadel, a dressé une liste de « mal pensants » ?
L’interview de Geoffroy Lejeune de Valeurs actuelles le 17 décembre 2019 est une nouvelle illustration que la journaliste ne prend même pas la peine de cacher son mépris pour des opinions éloignées des siennes.
Quand nos lecteurs nous font des retours sur leurs démarches auprès du CSA, du médiateur de Radio France, etc., sur la privatisation de la parole sur la radio publique, nous apprenons que celles-ci n’ont bien souvent pas de réponse. Mais que le début d’une pluralité d’opinions dans certains médias, très minoritaires, suscite le courroux de Sonia Devillers, voilà qui ne peut qu’amuser ou agacer.
Nous invitons aimablement le président du CSA à prendre le temps de lire les nombreux articles que l’OJIM a consacré, souvent avec amusement, toujours avec dépit, à l’incroyable parti pris des journalistes et autres amuseurs publics sur les ondes des radios affiliées à l’Etat français. Et nous attendons avec impatience son analyse et ce qu’il envisage de faire…