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MeToo, mais pas pour Thaïs d’Escufon dans les médias dominants

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17 décembre 2021

Temps de lecture : 4 minutes
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MeToo, mais pas pour Thaïs d’Escufon dans les médias dominants

Temps de lecture : 4 minutes

C’est après que des actrices, des célébrités, ou des femmes politiques, aient témoigné avoir été victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles d’Harvey Weinstein, un producteur de cinéma hollywoodien réputé, que naquit le mouvement « MeToo ». Mais lorsque d’autres femmes témoignent des mêmes faits perpétrés par des personnes issues de l’immigration, les faits sont passés sous silence. Un deux poids deux mesures de nouveau mis en lumière par l’affaire Thaïs.

Voir aus­si : Le néo-fémin­isme sur inter­net, le mal gagne

Thaïs agressée, Thaïs oubliée, Thaïs niée

Le 7 décem­bre 2021, Thaïs d’Es­cu­fon, anci­enne porte-parole de Généra­tion Iden­ti­taire, pub­lie une vidéo sur son compte Insta­gram où elle racon­te com­ment un homme d’o­rig­ine tunisi­enne l’a séquestrée pen­dant une demi-heure avant de se ren­dre coupable d’une agres­sion sex­uelle. Cer­tains inter­nautes n’ont pas hésité à nier la réal­ité des faits vécus par Thaïs, alors même qu’une enquête est ouverte par le par­quet de Lyon pour agres­sion sex­uelle, vio­la­tion de domi­cile et har­cèle­ment sex­uel. Ces inter­nautes ne voient dans cette agres­sion qu’un men­songe inven­té par la jeune femme pour servir ses idées. Con­sid­érant l’engagement de Thaïs d’Es­cu­fon, la parole de la vic­time, pour­tant sacral­isée dans d’autres affaires, appa­raît dou­teuse à cer­taines per­son­nes et cer­tains médias.

Libéra­tion pré­cise : « Sol­lic­itée Thaïs d’Es­cu­fon n’a pas souhaité com­mu­ni­quer des élé­ments sur la procé­dure à Libéra­tion, per­me­t­tant de véri­fi­er les faits. »[1], comme si le procès-ver­bal, posté sur les réseaux soci­aux, ou l’ou­ver­ture d’une enquête n’é­taient pas suff­isants pour appuy­er la réal­ité des faits. Autre élé­ment, Géral­dine Mail­let dit à Thaïs, lors de son pas­sage sur le plateau de Touche pas à mon poste, « Je ne suis pas de votre bord, mais je vous crois. ». Le choix des mots est intéres­sant. Pourquoi ce « mais ». Le « mais » indique une oppo­si­tion dans l’e­sprit de la chroniqueuse entre le bord poli­tique de Thaïs et son hon­nêteté con­cer­nant son agres­sion. Néan­moins, là n’est pas le prin­ci­pal élé­ment intéres­sant sur cette affaire.

Pas touche aux extra-Européens

Le prin­ci­pal reproche fait à Thaïs, notam­ment lors de son pas­sage chez Cyril Hanouna, est de faire de son agres­sion le sym­bole d’une vio­lence sur les femmes com­mise par des per­son­nes issues de l’im­mi­gra­tion extra-européenne. Un reproche qui ne manque pas d’être fait par Gilles Verdez, qui déclare : « Vous faites de ce drame un fait poli­tique ». Pour­tant d’autres agres­sions, sex­uelles ou non, ont don­né lieu à des faits poli­tiques, sans que per­son­ne ne s’en émeuve.

Nous citions le mou­ve­ment « MeToo », Medi­a­part con­sacre un large dossier à ce mou­ve­ment qui devient un fait poli­tique par la mul­ti­pli­ca­tion des témoignages et la cou­ver­ture médi­a­tique qui en est faite, aucun arti­cle con­cer­nant l’a­gres­sion de Thaïs n’a été trou­vé sur ce site.

Lorsque plusieurs affaires – citons l’af­faire Mila, l’af­faire des vio­ls com­mis au nou­v­el an 2016 à Cologne par des migrants ain­si que l’af­faire Thaïs – pointent toutes vers un même pro­fil, pourquoi est-il inter­dit d’en faire un fait poli­tique appelant à une prise de con­science col­lec­tive ? Nous n’avons cité que quelques exem­ples, mais les témoignages sont nombreux.

Voir aus­si : [Dossier] Cologne : chronique d’un men­songe rat­trapé par le réel

Cécité sélective

Cette céc­ité – qui n’est pas pour nous sur­pren­dre — souligne la décon­nex­ion entre d’une part, la majorité du milieu poli­tique, médi­a­tique et intel­lectuel, et d’autre part, le réel subi quo­ti­di­en­nement par des cen­taines de jeunes femmes français­es et européennes. Le pre­mier refu­sant de voir ses cer­ti­tudes bal­ayées par la réal­ité quo­ti­di­enne vécue par les deux­ièmes. Un soci­o­logue dirait « ils ne croient pas ce qu’ils voient, ils voient ce qu’ils croient ».

Notes

[1]Que sait-on de la plainte de Thaïs d’Escufon pour agres­sion sex­uelle ?, Check­News de Libéra­tion (con­sulté 13/12/2021)

Pho­to : cap­ture d’écran vidéo TPMP, 12/12/2021

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