Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Libération cesse son partenariat avec Facebook

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

28 mars 2021

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Libération cesse son partenariat avec Facebook

Libération cesse son partenariat avec Facebook

Temps de lecture : 4 minutes

CheckNews comme son nom l’indique « vérifie » ou est supposé vérifier l’information. C’est le nom du « service vérificateur » de Libération qui vient de rompre ses liens financiers avec Facebook. Un peu d’histoire.

De Désintox à CheckNews

Le quo­ti­di­en libéral lib­er­taire inno­vait en 2008 en créant son ser­vice Dés­in­tox visant à soign­er les intox­i­ca­tions de l’information. Ce ser­vice fût trans­for­mé en 2017 en Check­News grâce aux ser­vices gra­tu­its de l’agence de pub­lic­ité J. Wal­ter Thomp­son (JWT). JWT est lui-même mem­bre de WPP, le plus impor­tant réseau d’agences de pub­lic­ité et de com­mu­ni­ca­tion dont le siège est à Jer­sey (pour des raisons liées aux tax­es) et dont l’épicentre se trou­ve aux États-Unis, mais avec une présence mon­di­ale dans plus de cent pays et plus de cent mille col­lab­o­ra­teurs. En France TNS Sofres et Kan­tar (minori­taire) sont des éma­na­tions de WPP.

Qu’une agence améri­caine de com­mu­ni­ca­tion offre ses ser­vices gratis pro deo en avril 2017 pour créer un nou­veau con­cept avec de nou­veaux out­ils n’indique qu’une chose : non un rap­port de sujé­tion mais un rap­port de prox­im­ité cul­turelle, intel­lectuelle, économique avec le monde anglo-sax­on dans son ensem­ble, en par­ti­c­uli­er dans sa ver­sion améri­caine. Libéra­tion – comme l’ensemble du monde libéral lib­er­taire – ne cache pas sa fas­ci­na­tion pour le grand frère, qui par­fois se four­voie (Trump) mais reste le mod­èle indé­pass­able et le précurseur.

Facebook donne un bon coup de main

Avec l’obligeance de JWT, le jour­nal se trou­ve avec un bel out­il, mais pour le manier il faut des arti­sans, des jour­nal­istes, donc des salaires, c’est là que Face­book – améri­cain comme JWT – donne la main en sep­tem­bre 2017. C’est à peu près un an après l’élection de Trump et au moment de l’éclosion de la légende des Fake News (infox) qui auraient per­mis sa vic­toire. Les GAFAM — vent debout — ont décidé qu’un tel mal­heur ne devait pas se répéter. Face­book crée son ser­vice de véri­fi­ca­tion en ayant recours (voir infra) à des prestataires de ser­vices – proches sur le plan idéologique et partageant les mêmes intérêts – dont Libéra­tion. A ce titre le jour­nal sera rémunéré par Face­book et percevra 222K€ en 2018, autour de 200K€ en 2020, nous n’avons pas retrou­vé le chiffre exact pour 2019 mais il doit se situer dans les mêmes eaux, ce qui fait sur trois ans env­i­ron 600K€ pour un jour­nal détenu par un mil­liar­daire Patrick Drahi puis une « fon­da­tion » étroite­ment con­trôlée par lui.

Plus de Facebook mais toujours l’IFCN

Le 7 mars 2021 le jour­nal annonçait avoir mis fin à sa col­lab­o­ra­tion avec Facebook :

« En ter­mes d’indépendance édi­to­ri­ale, la direc­tion a jugé plus per­ti­nent de miser sur les abon­nés numériques et des con­tenus à valeur ajoutée plutôt que sur un con­trat avec une entre­prise privée. C’est un choix que l’équipe de Check­News a défendu. Si nous voulons fidélis­er nos lecteurs, les pouss­er à s’abonner pour lire nos con­tenus, nous devons con­sacr­er nos forces à la pro­duc­tion d’enquêtes appro­fondies et de sujets qu’ils n’auront pas lus ailleurs ».

L’article est intéres­sant, il met l’accent sur l’indépendance édi­to­ri­ale, indi­quant en creux que le con­trat avec Face­book lim­i­tait cette indépen­dance. Mais admet­tons que cela va dans le bon sens, sauf que : « Check­News restera mem­bre du réseau inter­na­tion­al et indépen­dant de fact-check­ing, l’IFCN ». Comme le men­tionne un arti­cle précé­dent du jour­nal « Check­News est mem­bre du réseau inter­na­tion­al de fact-check­ing (IFCN) depuis 2017. L’adhésion à l’IFCN doit être renou­velée tous les ans grâce à un dossier étudié par des tiers indépen­dants ».

IFCN ? Inter­na­tion­al Fact Check­ing Net­work de l’université améri­caine Poyn­ter en Floride. Quels en sont les financiers ? Google, L’Open Soci­ety de George Soros, la NED (un faux-nez qua­si offi­ciel de la CIA). Ceci ne veut pas dire bien enten­du que Soros, la NED ou la CIA don­nent leurs ordres à l’IFCN qui donne des ordres à Libéra­tion. Sim­ple­ment qu’ils font par­tie de la même coali­tion, défen­dant les mêmes intérêts matériels et moraux. Amen.

Les parte­naires de Face­book en France après le retrait de Libéra­tion : Les Décodeurs du Monde, Les Obser­va­teurs de France24, AFP Factuel, Fake Off de 20 Min­utes. Toute infor­ma­tion venant de ces ser­vices n’est pas automa­tique­ment fausse, ils ne mentent que dans une minorité de cas poli­tique­ment sig­ni­fi­cat­ifs. Le vrai (80% non poli­tique) sert à jus­ti­fi­er le men­songe (20%, idéologique­ment utile). Ces pro­por­tions sont don­nées à titre d’indication.

Voir aus­si notre arti­cle sur Les Décodeurs, financés par Google.