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Conseil de l’Ordre des journalistes : mieux surveiller les médias

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29 juin 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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Conseil de l’Ordre des journalistes : mieux surveiller les médias

Temps de lecture : 3 minutes

Cédric O, le secrétaire d’État chargé du Numérique vient de se positionner pour la création d’un “Conseil de l’ordre des journalistes” dans une interview accordée à Reuters le 25 juin 2019, pour surveiller le monde médiatique et restreindre cette satanée liberté d’expression, déjà bien mise à mal.

Le bon vieux retour de la délation

Ce Con­seil serait géré par les jour­nal­istes eux-mêmes (mais le gou­verne­ment ne sera pas loin), il aurait pour but d’informer l’Etat dès lors qu’un média procéderait à un “man­que­ment éthique ou déon­tologique”. Cet échange d’informations pour­rait se con­cré­tis­er par la demande de retir­er un agré­ment, la néces­sité d’émettre un aver­tisse­ment, etc. Ce Con­seil serait dépourvu de pou­voir de sanc­tion. En résumé, des jour­nal­istes dénon­ceraient d’autres jour­nal­istes à l’Etat pour raisons morales, le bon vieux retour de la délation…

Et Cédric O d’ajouter que si les jour­nal­istes ne se dotent pas d’un Con­seil, “Ce sera le CSA (Con­seil supérieur de l’audiovisuel) ou une autorité indépen­dante qui va décider ce qu’est une infox ou pas.”, quand on voit la plaisan­terie qu’est le CSA, on a presque envie qu’ils se dotent eux-mêmes immé­di­ate­ment d’un Conseil…

Pour l’aspect cocasse de l’histoire, n’oublions pas que lorsque le Rassem­ble­ment Nation­al pro­po­sait une idée sim­i­laire, Emmanuel Macron n’hésitait pas à dire qu’un tel Con­seil serait directe­ment sor­ti de “l’Italie des années 1930” !

La nouvelle peur à la mode : “l’ingérence russe”

Mais c’est avant tout la peur de “l’ingérence russe” qui motive Cédric O (alias Cédric Officines, comme il est plaisam­ment surnom­mé) à créer ce Con­seil, plus que la lutte con­tre de quel­con­ques fauss­es infor­ma­tions, qui de toute façon, ne peu­vent être pro­duites que par des médias russ­es. Vieille peur déjà exprimée lors des élec­tions européennes où l’Élysée pen­sait que la Russie allait manip­uler l’élection, et qui découle d’une volon­té manip­u­la­toire com­binée à une rus­so­pho­bie ambiante que nous avions longue­ment étudié il y a 3 mois.

Pour dévelop­per ce risque d’ingérence, Cédric O(fficines) pointe à nou­veau du doigt, les deux mêmes médias habituels, Rus­sia Today (RT) et Sput­nik qui, en plus d’être les porte-paroles de la Russie, “frag­ilisent volon­taire­ment la démoc­ra­tie”. On ne voit pas bien com­ment la sim­ple dif­fu­sion d’informations pour­rait débouch­er sur cette deux­ième affir­ma­tion, et con­cer­nant la pre­mière, quid de France 24 à l’étranger ? Une volon­té de la France d’influencer les autres pays ? Quid d’AJ+ et sa pro­pa­gande qatarie (voir l’excellent arti­cle de Mar­i­anne sur le sujet) ? Sans par­ler de la French Amer­i­can Foun­da­tion, très influ­ente dans les médias français. Comme le dit l’adage : deux poids, deux mesures…

À moins que l’ami Cédric ne soit tout sim­ple­ment jaloux que ces chaînes aient par­fois plus de vis­i­bil­ité sur YouTube que BFM ou CNEWS, comme il le déplore.

Deux jours après sa pre­mière déc­la­ra­tion Mon­sieur Officines a effec­tué un rétropé­dalage accéléré, assur­ant « J’ai tenu des pro­pos qui n’engageaient que moi et qui ne sont en aucun cas la posi­tion du gou­verne­ment ».