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Copier RT pour gagner la bataille des idées : les étonnantes confessions du Commissaire Borrell

1 février 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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Copier RT pour gagner la bataille des idées : les étonnantes confessions du Commissaire Borrell

Temps de lecture : 3 minutes

La mise au ban des médias russes dans l’espace européen a suscité peu d’émotion de la part des défenseurs du pluralisme mais a été l’occasion de mettre en lumière le fonctionnement du groupe RT International. Une marque médiatique au service de l’influence russe, source d’inspiration pour le commissaire Josep Borrell, qui estime que l’Europe doit faire de même pour gagner la « bataille des récits ».

Le SEAE lutte « contre l’ingérence étrangère »

Pour rem­porter la « bataille des réc­its » con­tre la Russie, l’Union européenne a besoin de « capac­ités, d’outils et de per­son­nes dévouées » : c’est ce qu’a déclaré le vice-prési­dent de la Com­mis­sion européenne, l’espagnol Josep Bor­rell, le 23 jan­vi­er, à l’occasion d’un dis­cours pronon­cé devant le Ser­vice Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) lors d’une con­férence visant à lut­ter con­tre la dés­in­for­ma­tion, la manip­u­la­tion et l’ingérence étrangère : l’Europe doit s’adresser au monde dans toutes les langues…

RT meilleur que le SEAE

Le haut représen­tant de l’Union pour les affaires étrangères et la poli­tique de sécu­rité Josep Bor­rell estime que la stratégie pré­con­isée par Rus­sia Today est la bonne : il faut déclin­er des organes de presse à des­ti­na­tion de toutes les com­mu­nautés lin­guis­tiques. Il s’agit, pour lui, de dis­pos­er « de gens qui par­lent non seule­ment anglais mais aus­si arabe, hin­di, chi­nois et des langues par­lées par des cen­taines de mil­lions de gens qui ne font pas par­tie de notre cul­ture lin­guis­tique traditionnelle ».

Esti­mant que les médias de l’UE doivent adopter les out­ils dévelop­pés par RT, il affirme par ailleurs qu’il s’agit là d’une « ques­tion de sécu­rité » pour le Continent.

En prenant l’exemple de l’un de ses déplace­ments en Égypte, il explique avoir vu au Caire « plein de pub­lic­ités pour Rus­sia Today » et que cette chaîne s’était instal­lée dans le monde arabe où elle était dev­enue une source d’informations… Et d’ajouter : « Nous devons faire la même chose : par­ler et utilis­er le même langage ».

Voir aus­si : Pro­pa­gande et pro­pa­gan­des de guerre bis

La France le fait déjà

Les pro­pos du Haut-com­mis­saire sont intéres­sants et en matière d’influence dans le monde, la néces­sité pour un grand État de dis­pos­er de canaux médi­a­tiques est prob­a­ble­ment néces­saire ; pour­tant, la stratégie russe n’a rien de bien nou­veau. La chaîne qatarie Al Jazeera émet en arabe, en français et en anglais ; en France, la chaîne France 24 émet en anglais, espag­nol et en arabe touchant au-delà de l’espace continental.

Des médias made in U.E. ? Ou in US ?

Dévelop­per des médias au niveau européen qui puis­sent peser dans le monde chi­nois ou indi­en impli­querait par ailleurs des con­traintes d’ampleur.

Si l’Europe admet la présence de médias étrangers (dans une cer­taine lim­ite, comme l’éviction des médias russ­es l’a mon­tré), la réciproque ne sera pas néces­saire­ment pos­si­ble. La Chine et l’Inde admet­traient-elles des cri­tiques de médias occi­den­taux sur leurs modes de vie, leurs mœurs ou leur mode de gouvernement ?

Par ailleurs, peut-on envis­ager l’existence d’une chaîne européenne pilotée par Brux­elles (et un peu Wash­ing­ton) à des­ti­na­tion du monde arabe dans laque­lle des jour­nal­istes tiendraient des pro­pos en con­tra­dic­tion avec les pra­tiques et cou­tumes du monde musulman ?

Enfin, un autre prob­lème est soulevé par le développe­ment d’une ambi­tion médi­a­tique inter­na­tionale pour pro­mou­voir une infor­ma­tion vue d’Europe ou décrite avec ses mots. Qui serait à l’origine d’un tel média ? Un groupe privé ou une struc­ture payée par l’UE ? Quelle indépen­dance serait celle d’un tel média ?

Il serait déli­cat d’avoir tancé les Russ­es au pré­texte que leurs médias étaient des out­ils de pro­pa­gande pour pro­pos­er, avec plusieurs années de retard, un mod­èle analogue.

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