Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Audrey Pulvar, censeur en 2021 et déjà en 2012

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

13 juin 2021

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Audrey Pulvar, censeur en 2021 et déjà en 2012

Audrey Pulvar, censeur en 2021 et déjà en 2012

Temps de lecture : 4 minutes

Benjamin Dormann est l’auteur d’un remarque essai sur les médias, Ils ont acheté la presse, publié en 2014 aux éditions Jean Picollec. Il revient sur une censure à son égard effectuée en 2012 à la demande d’Audrey Pulvar alors journaliste à France Inter, à propos d’un entretien accordé au média Enquête et Débat.

Il avait pub­lié sur Dai­ly­mo­tion une vidéo étab­lis­sant que Madame Pul­var était bien mem­bre des très atlantistes Young Lead­ers, qu’elle tra­vail­lait pour Ter­ra Nova tout en rece­vant aimable­ment à l’antenne Hen­ry Her­mand, mécène de Ter­ra Nova sans men­tion­ner leurs liens. Que pensez-vous qu’il arrivât ? Dai­ly­mo­tion sup­pri­ma la vidéo. Nous pub­lions une let­tre de Ben­jamin Dormann.

Comment Pulvar m’a fait taire.
Par Benjamin Dormann

En l’entendant inviter les hommes blancs à se taire lors de débats racisés, de nom­breux Français ont pu appréci­er l’aversion d’Audrey Pul­var pour la lib­erté d’expression. Elle n’en n’est pour­tant pas à son coup d’essai.

Durant de nom­breuses années, Madame Pul­var a nié être une « jour­nal­iste de gauche », s’énervant sur sa poli­ti­sa­tion sup­posée, dans un por­trait de Libéra­tion (22 octo­bre 2008) : « Qu’est-ce que ça veut dire jour­nal­iste de gauche ? On est jour­nal­iste ou on ne l’est pas » !

Peu de temps après ce por­trait, j’ai pub­lié une enquête con­tenant des infor­ma­tions sur son impli­ca­tion mécon­nue dans deux réseaux poli­tiques. À peine un jour­nal­iste mit il en ligne une inter­view de moi sur ces révéla­tions qu’il fut aus­sitôt était con­tac­té par le respon­s­able des con­tenus de Dai­ly­mo­tion : « Nous avons une demande urgente de sup­pres­sion de cette vidéo. Demande faite de la part d’Au­drey Pul­var ».

Alors que l’interviewer rétorque : « le prob­lème c’est qu’il n’y a pas diffama­tion puisque le jour­nal­iste indique des faits, que se passe-t-il si je la remets ? », la men­ace se fait immé­di­ate­ment plus pres­sante : « si vous souhaitez remet­tre la vidéo en ligne, nous devri­ons vous met­tre en con­tact avec l’av­o­cat d’Au­drey Pul­var ».

Quelles sont les trois infor­ma­tions sur Madame Pul­var que révélait cet essai, et qu’elle ne voulait pas que l’on diffuse ?

  • Pre­mière­ment, le rôle act­if qu’elle a joué dans le think tank social­iste Ter­ra Nova, dont en était co-prési­dente du « groupe de tra­vail Média», alors que dans le même temps elle sévis­sait à la rédac­tion de France Télévi­sion, et que les téléspec­ta­teurs n’en savaient rien.
  • Deux­ième­ment, son manque de déon­tolo­gie lorsqu’elle invi­ta Hen­ry Her­mand sur France Inter, en le présen­tant unique­ment comme un « grand patron de gauche, prési­dent du groupe Prog­est », oubliant d’informer les audi­teurs que celui-ci est aus­si un rocar­di­en act­if, admin­is­tra­teur et mécène de Ter­ra Nova pour lequel elle travaillait.
    Les Français appren­dront plus tard qu’Henry Her­mand fut égale­ment témoin de mariage et prin­ci­pal mécène du jeune Emmanuel Macron, se van­tant dans le Figaro de ne « jamais le quit­ter » et d’être à l’o­rig­ine de l’adop­tion par Macron de l’ex­pres­sion « pro­gres­siste » à la place de « social-libéral­isme ».
  • enfin, tout est fait par ailleurs pour qu’on ignore aujourd’hui encore que Madame Pul­var est Young Leader, pro­mo­tion 2009, ce réseau fran­co-améri­cain de jeunes décideurs (poli­tiques-média-indus­triels et financiers).

Le site inter­net Français des Young Lead­ers a retiré depuis bien longtemps toute référence à ce fait. Quant au site Améri­cain, le ménage a égale­ment été fait, plus récem­ment. Mais les com­mu­niqués de presse de l’époque et d’autres sites lais­sent des traces …

Bref on l’aura com­pris, la can­di­date aux élec­tions régionales 2021 Audrey Pul­var est une mil­i­tante social­iste de longue date, dont le sec­tarisme s’accommode mal de la lib­erté d’expression de ceux qui la cri­tiquent, surtout s’ils sont blancs. Pour eux, son pro­jet poli­tique est con­nu : les faire taire.

Ben­jamin Dormann

Pièces jointes