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Claude Chollet sur Livre Noir : le libéralisme n’est pas une garantie de pluralisme

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24 octobre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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Claude Chollet sur Livre Noir : le libéralisme n’est pas une garantie de pluralisme

Temps de lecture : 5 minutes

Livre Noir a publié le 16 octobre 2023 un entretien avec Claude Chollet, Président de l’Observatoire du journalisme (OJIM). Nous en publions des extraits, l’entretien complet se trouve en lien à la fin.

Pou­vez-vous nous présen­ter l’Ob­ser­va­toire du journalisme ?

La mis­sion de l’Observatoire du jour­nal­isme (Ojim), créé en 2012, est de « vous informer sur ceux qui vous infor­ment. » L’information n’est pas un pro­duit brut, c’est un pro­duit trans­for­mé par des arti­sans (qui sont par­fois des artistes, dans le bon comme dans le mau­vais sens), les jour­nal­istes. Il est impos­si­ble de ren­dre compte de la total­ité du réel, le jour­nal­iste doit donc sélec­tion­ner, hiérar­chis­er, met­tre en scène.

Dans ce domaine l’objectivité n’existe pas, les jour­nal­istes comme tout un cha­cun ont une his­toire, une cul­ture, des con­vic­tions, ils ne peu­vent être « objec­tifs » comme le serait une caméra ou un robot, ce qu’on doit leur deman­der c’est l’honnêteté et là il y a du tra­vail, beau­coup de tra­vail. À cet égard, le prisme libéral lib­er­taire (des Échos à Libéra­tion en pas­sant par toutes les nuances, sur TF1 comme sur France Télévi­sions) domine le monde du jour­nal­isme. Par­tial et par­tiel, il rend de moins en moins compte du réel, il occulte, il cen­sure, il trompe à des degrés divers, pas tou­jours à 100% (ce serait trop vis­i­ble) mais de manière con­stante. Il recrée un réel à son prisme idéologique…

… Rima Abdul-Malak, min­istre de la cul­ture, avait déclenché une onde de choc dans la sphère médi­a­tique en menaçant CNews et C8 con­cer­nant le renou­velle­ment des fréquences. Pou­vons-nous qual­i­fi­er cette sor­tie, après coup, de crise de l’État de droit ?

Je ne suis pas qual­i­fié pour juger si cette sor­tie man­i­feste une crise de l’État de droit. Par con­tre il est facile de voir une manœu­vre poli­tique d’envergure der­rière ces déc­la­ra­tions qui vont dans le même sens que celles d’Aymeric Caron. Xavier Niel, action­naire par­tiel ou pro­prié­taire du Monde, L’Obs, Téléra­ma, Nice-Matin, France-Antilles etc, s’était man­i­festé pour la reprise de la fréquence de M6 en 2023. Insuff­isam­ment pré­paré, il a échoué et M6 a gardé sa fréquence. Mais son véri­ta­ble objec­tif c’est 2025 où les fréquences de Viven­di, C8 et CNews, sont à renou­vel­er. 2025 + 2 = 2027, l’année de l’élection prési­den­tielle ; Xavier Niel (et son beau-père Bernard Arnault, LVMH, Les Échos, Le Parisien) savent compter. Les suc­cesseurs d’Emmanuel Macron sur la même ligne aus­si. Les grandes manœu­vres ont com­mencé et tous les coups sont per­mis pour affaib­lir Bol­loré qui joue moins le jeu libéral lib­er­taire que les autres…

…Quels sont les prin­ci­paux dan­gers pesant sur la lib­erté de la presse française selon vos analyses ?

Ce ne sont pas des dan­gers futurs, ce sont des réal­ités immé­di­ates et con­crètes. Les lois dites anti-racistes et mémorielles (Pleven, Gayssot, Taubi­ra etc) ont été votées par la droite ou la gauche et ren­for­cées par la gauche et la droite. C’est Nico­las Sarkozy qui a créé la Dil­crah, la néfaste Délé­ga­tion inter­min­istérielle con­tre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT dont le rôle essen­tiel est de pouss­er à la cen­sure. Les réseaux soci­aux ont per­mis de souf­fler pen­dant dix ans, en gros entre 2006 et 2016. Depuis cette année un peu spé­ciale (élec­tion de Trump, Brex­it, mon­tée de Salvi­ni en Ital­ie), les pseu­do fact check­ers, type Desin­tox du Monde ou Con­spir­a­cy Watch de Rudy Reich­stadt sont là pour cacher le réel, créer des fil­tres et jus­ti­fi­er les censures.

Voir aus­si : Le jour­nal­isme de déla­tion pro­gresse chaque jour

Sans compter le jour­nal­isme de déla­tion con­tre les mou­ve­ments où con­tre les per­son­nes, spé­cial­ités de Check-news de Libéra­tion et de Medi­a­part. Je ne par­le pas des Sleep­ing giants venus des États-Unis qui veu­lent taper au porte­feuille tout média con­ser­va­teur. Mais le pire c’est le con­sen­sus mou qui va du Figaro (ne pas oubli­er que le syn­di­cat des jour­nal­istes du quo­ti­di­en a demandé l’éviction d’Éric Zem­mour alors qu’il était sim­ple jour­nal­iste et non can­di­dat) à France 2 en pas­sant par la presse quo­ti­di­enne régionale et L’Express ou Le Point. Cha­cun sur­veille cha­cun, engen­drant la pire des cen­sures, la plus silen­cieuse, l’autocensure.

Pour ren­vers­er la table et met­tre fin à ce sys­tème oli­garchique et de mono­pole idéologique, nous pro­posons une solu­tion sim­ple et rad­i­cale. Sup­primer les sub­ven­tions aux médias qui ne prof­i­tent qu’aux plus rich­es et rétablir la rede­vance audio­vi­suelle mais en per­me­t­tant à chaque foy­er d’attribuer le mon­tant de cette rede­vance au média de son choix. De toutes façons, vous payez à tra­vers l’impôt, car l’ancien pro­duit de la rede­vance a été pris sur les recettes de la TVA. Donc, vous pay­erez 135€ comme avant mais vous pour­rez les don­ner à qui vous sem­ble bon, à TF1 ou à Livre Noir, au Monde ou à l’Ojim, à Medi­a­part ou à Élé­ments etc.

En l’absence de choix exprimé, cet argent irait au ser­vice pub­lic. Cela assur­erait l’indépendance des médias qui con­serveraient les revenus de leur dif­fu­sion et de la pub­lic­ité, et on ver­rait fleurir un peu plus de plu­ral­isme en France. Si Livre noir peut faire suiv­re cette propo­si­tion au monde poli­tique, mer­ci d’avance !

L’entretien com­plet est à retrou­ver sur livrenoir.fr