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Altice et SFR en difficulté : fin du papier pour Libération et L’Express

13 avril 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Altice et SFR en difficulté : fin du papier pour Libération et L’Express

Temps de lecture : 4 minutes

Le méga groupe de Patrick Drahi (dont nous complèterons bientôt le portrait) s’est développé sur une dette faramineuse qui n’a pu être obtenue qu’à travers de multiples soutiens, financiers et politiques. Altice est présent en France (Libération, L’Express, BFM et RMC via Next Radio) sans oublier Numéricable comme à l’étranger : câblo-opérateurs, Hot en Israël, Cablevision et Suddenlink aux États-Unis, Portugal Télécoms, Virgin Mobile, la chaine israélienne I24News, la liste n’est sans doute pas complète.

Cette expan­sion à marche for­cée s’est con­stru­ite sur une dette colos­sale dépas­sant les 54 mil­liards d’euros fin 2017. Devant les résul­tats financiers déce­vants, l’action s’est effon­drée, pas­sant de 22,32 € en juin 2017 à 6,55 € en décem­bre de la même année pour remon­ter à 7,53 € le 12 avril 2018. Pour ras­sur­er les marchés Altice a dû met­tre en vente ses opéra­tions en République Domini­caine et en Suisse en atten­dant d’autres cessions.

Difficultés en France

En France SFR a per­du des mil­lions d’abonnés face à ses con­cur­rents à la suite de licen­ciements mas­sifs qui ont désor­gan­isé la struc­ture. Les ventes for­cées d’abonnements médias à Libéra­tion et L’Express pour les abon­nés SFR (le Kiosque) ont sans doute rap­porté de nom­breux télécharge­ments aux deux médias mais ont fait aus­si nom­bre de mécon­tents. Le tour de passe passe qui per­me­t­tait d’économiser une par­tie de la TVA de l’abonnement télé­phonique a été inter­dit par la loi de finances 2018 et le Kiosque sera aban­don­né au prof­it d’une offre d’abonnements classiques.

Du temps où la dette n’était pas un prob­lème, le groupe a pu acheter les droits télévi­suels de la Cham­pi­ons League de l’UEFA, qui réu­nit dans une sorte de cham­pi­onnat d’Europe les meilleurs clubs de foot­ball du con­ti­nent. Mais le mon­tant des droits est grim­pé à un mil­liard d’euros et nul ne voit com­ment le groupe pour­ra rentabilis­er un tel investisse­ment, même avec des accords de dif­fu­sion. Le prin­ci­pal con­cur­rent le groupe BeIn Sports perd encore de l’argent avec plus de 3 mil­lions d’abonnés.

Avis de tempête sur Libération et L’Express

Dans un entre­tien au Buzz Média Le Figaro le 26 mars 2018, Alain Weill PDG d’Altice France a annon­cé mez­zo voce des heures som­bres pour les deux titres phares du groupe. Inter­rogé sur l’avenir de L’Express et Libéra­tion, tous deux en grande dif­fi­culté, voici ce qu’il répondait :

« La déci­sion a été prise pour Libéra­tion et L’Express d’engager un pro­jet de trans­for­ma­tion dig­i­tale impor­tant. Le mot d’ordre est « dig­i­tal first ». Désor­mais, toutes les équipes seront tournées vers le site, qui sera à très forte valeur ajoutée. Nous allons pouss­er les abon­nements numériques. Cela fonc­tionne très bien aux États-Unis. Enfin, il y aura une petite équipe qui extraira des con­tenus et fab­ri­quera un jour­nal papi­er ». (Les mots en gras sont soulignés par nous)

En un mot cette déc­la­ra­tion de l’homme fort d’Altice Médias en Frande sonne le glas des ver­sions papi­er de Libéra­tion comme de L’Express qui seront pro­posés en abon­nement numérique aux clients SFR, le jour­nal élec­tron­ique devenant un sim­ple adju­vant à un opéra­teur télé­phonique. Une évo­lu­tion con­tenue dans la poli­tique de con­ver­gence médias/téléphones. Une poli­tique qui prof­it­era à SFR et laisse présager des vagues de licen­ciements dans les deux médias dont la ver­sion papi­er dis­paraî­tra inéluctablement.

Aristide Saccard et la Banque Universelle

Cer­tains se sou­vi­en­nent d’Aristide Sac­card, extra­or­di­naire per­son­nage de La Curée de Zola, deux­ième vol­ume des Rougon-Mac­cart. Sac­card fait for­tune en spécu­lant sur les trans­for­ma­tions de Paris entraînées par les travaux d’Hausmann. Il achète à bas prix des taud­is dont il sait qu’ils seront achetés à prix d’or pour réalis­er les travaux. Il ruine sa sec­onde femme mais survit au scan­dale et se retrou­ve dans le vol­ume suiv­ant de Zola, L’Argent. Patrick Drahi aura-t-il autant de chance ?

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