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Tribune contre Sylvain Tesson : une riposte massive en faveur de l’écrivain

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24 janvier 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Tribune contre Sylvain Tesson : une riposte massive en faveur de l’écrivain

Temps de lecture : 4 minutes

Jeudi 18 janvier, 1200 « poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, actrices et acteurs » du petit monde de la culture s’insurgeaient dans une tribune contre la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024. Les messages de soutien en faveur de l’écrivain ont rapidement dépassé la tentative d’intimidation culturelle.

Le quotidien de Drahi/Křetínský n’aime pas Tesson

C’est dans une tri­bune pub­liée dans le quo­ti­di­en Libéra­tion qu’un aréopage de per­son­nal­ités du petit monde cul­turel parisien s’est ému de la nom­i­na­tion de Syl­vain Tes­son pour cet évène­ment cul­turel peu con­nu du grand pub­lic. En cause, l’auteur et aven­turi­er serait une « icône réac­tion­naire » et une « fig­ure de proue de l’ex­trême droite lit­téraire ». Une mise en abîme de la tri­bune plante le décor : « la fin de l’année 2023 a signé le glisse­ment du sec­ond man­dat d’Emmanuel Macron […] vers un pro­jet poli­tique plus que jamais proche de l’extrême droite ». Et de citer la loi immi­gra­tion récem­ment voté à l’Assemblée nationale…

Un Camp des Saints mal considéré

Est reproché essen­tielle­ment à Syl­vain Tes­son de sor­tir des sen­tiers bat­tus de la gauche cul­turelle française. Ain­si, l’écrivain s’était-il prêté à un entre­tien dans la revue Élé­ments en avril 2018 et avait pré­facé un ouvrage de Jean Ras­pail, auteur du livre Le Camp des saints, roman dystopique décrivant une Europe sub­mergée par l’immigration.

Un entre-soi pas franchement populaire

Si peu de gens con­nais­sent le Print­emps des poètes, encore moins nom­breux sont ceux qui con­nais­sent les sig­nataires de la tri­bune. Par­mi les plus con­nus se trou­vent ain­si la mil­i­tante queer et « afrofémin­iste » Douce Dibon­do, Chloé Delaume écrivain mem­bre du « par­lement de la Nupes » ou encore le médecin général­iste et auteur Bap­tiste Beaulieu, très impliqué dans la lutte con­tre l’homophobie.

La pre­mière sig­nataire vis­i­ble sous la tri­bune est Élodie Petit, auteur de Fiévreuse plébéi­enne, un ouvrage qui fait la part belle à un lan­gage pas vrai­ment tout pub­lic comme l’a souligné l’avocat Hen­ri de Beau­re­gard sur X.

Un raz-de-marée de soutiens pour Sylvain Tesson

Créant une polémique de toute pièce, le jour­nal Libéra­tion a finale­ment fait une pub­lic­ité de choix pour le Print­emps des poètes comme pour Syl­vain Tes­son. Le Point a ain­si pub­lié une tri­bune de sou­tien à Syl­vain Tes­son à l’initiative du philosophe Daniel Sal­va­tore Schif­fer. Par­mi les sig­nataires on pou­vait retrou­ver Pas­cal Bruck­n­er et Luc Fer­ry ou encore Michel Maffesoli. Le Figaro s’est aus­si mon­tré en sou­tien à l’auteur avec un bil­let d’humeur de Jean-Christophe Buis­son « Péti­tion con­tre Syl­vain Tes­son : le prince des poètes au pays des médiocres » et une tri­bune de l’écrivain Patrice Jean inti­t­ulée : « Les péti­tion­naires savent-ils que Baude­laire était plus réac­tion­naire que Tes­son ? ».

Sur BreizhIn­fo, Xavier Eman mem­bre de la rédac­tion d’Élé­ments, définit les péti­tion­naires, « par­faits schiz­o­phrènes, ils s’affirment lib­er­taires mais n’ont de cesse que d’interdire, pro­scrire, écarter, dress­er des listes de sus­pects, dénon­cer les mal-pensants ».

Voir aus­si : Libéra­tion, enfant chéri du capital…

Côté poli­tique, le min­istre de l’Économie Bruno Le Maire (celui qui s’essaie à la « lit­téra­ture » à ses heures per­dues dans un reg­istre dans lequel on ne l’attendait pas néces­saire­ment) s’est fendu d’un mes­sage de sou­tien. Le nou­veau min­istre de la Cul­ture Rachi­da Dati a aus­si tenu à soutenir l’auteur. Plus éton­nant encore, le créa­teur du Print­emps des poètes, l’ancien min­istre Jack Lang, s’est dit indigné « con­tre la cam­pagne imbé­cile menée à l’é­gard de Syl­vain Tes­son » et d’ajouter : « un tel cré­tin­isme est une insulte à la poésie qui, par excel­lence, est libre et sans frontières. ».

Libé botte en touche

Trois jours après la pub­li­ca­tion de sa tri­bune, Libéra­tion a finale­ment pro­duit une autre tri­bune dans laque­lle un cri­tique répon­dant au nom de Rodolphe Perez « ques­tionne […] le principe d’un par­rainage : un auto­col­lant mar­ket­ing par­mi d’autres, dit-il, dont les poètes se passeraient bien ». Une manière de sor­tir de la polémique en s’en prenant à l’objet même du par­rainage cen­sé don­ner une cer­taine pub­lic­ité à un petit monde décidé­ment bien étriqué.

Signe d’un cer­tain « élitisme cul­turel » de l’entre-soi, la tri­bune du Point est en libre accès, celles de Libé sont payantes.