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Liens entre passeurs de migrants et ONG : les révélations explosives du journal allemand Die Welt n’intéressent pas les médias français

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6 septembre 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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Liens entre passeurs de migrants et ONG : les révélations explosives du journal allemand Die Welt n’intéressent pas les médias français

Temps de lecture : 5 minutes

Le journal allemand Die Welt est une institution en Allemagne. Il figure parmi les journaux les plus lus outre-Rhin. Ses articles ont une réputation de sérieux, même auprès de ceux qui ne partagent pas sa ligne éditoriale. L’article qu’a publié le quotidien le 30 août 2021 contient des révélations d’une importance majeure, qui apportent de nouveaux éléments concernant les liens allégués entre les passeurs de migrants et certaines Organisations Non Gouvernementales dont les bateaux croisent en mer méditerranée.

Un article explosif ignoré en France

En dépit de leur impor­tance, les révéla­tion du jour­nal Die Welt dans son édi­tion du 30 août n’ont pas eu l’heur de retenir l’attention des médias français. Les fins lim­iers de l’Observatoire du jour­nal­isme ont bien cher­ché : pas un mot à ce sujet dans les arti­cles con­sacrés récem­ment aux ONG ayant comme objet « le sauve­tage en mer ». Les derniers arti­cles con­cer­nant l’enquête menée par la police ital­i­enne à l’encontre de 2 ONG remon­tent à… mars 2021.

Le sujet est-il mineur ? Le Haut-Com­mis­sari­at aux Réfugiés des Nations Unies tient un décompte rigoureux des arrivées clan­des­tines recen­sées en Europe par la mer méditer­ranée. Au 28 août, pas moins de 64 300 migrants sont arrivés sur les côtes européennes depuis le début de l’année 2021. Cette inva­sion migra­toire par la mer méditer­ranée dure depuis plusieurs années et a per­mis à des mil­lions d’extra-européens de s’installer en Europe, bien qu’arrivés clan­des­tine­ment. Ces mou­ve­ments de pop­u­la­tion sont donc tacite­ment tolérés par l’Union européenne, les gou­verne­ments ital­iens et espag­nols. En Grèce, la sit­u­a­tion com­mence à chang­er. Les mesures de lutte con­tre l’immigration clan­des­tine du gou­verne­ment grec à poigne ont per­mis de réduire très forte­ment les arrivées clan­des­tines par la mer durant les derniers mois.

« Comment les sauveteurs en mer travaillent avec les passeurs »

L’article écrit par Joachim Wag­n­er inti­t­ulé très explicite­ment « Com­ment les sauveteurs en mer tra­vail­lent avec les passeurs » com­prend 3 parties :

  1. Un rap­pel des enquêtes et suites judi­ci­aires à l’encontre de cer­taines ONG soupçon­nées de com­plic­ité avec les passeurs.
  2. Une présen­ta­tion d’une enquête prélim­i­naire menée par la jus­tice italienne.
  3. Une présen­ta­tion d’une enquête prélim­i­naire menée par la jus­tice grecque.

Les enquêtes et suites judi­ci­aires à l’encontre de cer­taines ONG soupçon­nées de com­plic­ité avec les passeurs

Joachim Wag­n­er indique en intro­duc­tion qu’« entre 2017 et févri­er 2020, les pro­cureurs ital­iens ont ouvert 18 enquêtes pour aide et encour­age­ment à l’im­mi­gra­tion clan­des­tine à l’en­con­tre de cap­i­taines, de mem­bres d’équipages et de respon­s­ables d’ONG ». Le jour­nal­iste pré­cise que toutes les procé­dures ont été aban­don­nées, à l’exception d’une à l’encontre de Jugend Ret­tet. Dans deux autres cas, de fortes amendes à l’encontre d’ONG ont mis fin à l’action pénale. Joachim Wag­n­er se penche ensuite sur deux affaires en cours, l’une en Ital­ie, l’autre en Grèce

L’enquête préliminaire menée par la justice italienne

La procé­dure en cours en Ital­ie con­cerne le navire Iuven­ta appar­tenant à l’ONG Jugend Ret­tet. Le jour­nal­iste du Zeit a inter­rogé à ce sujet le pro­cureur de la République en charge de l’affaire, Mau­r­izio Agnel­lo. « Un agent  a été infil­tré à bord du Vos Hos­tia. Il y a eu une remise de réfugiés con­v­enue entre l‘ONG et les passeurs », indique-t-il en substance.

L’article con­tient d’autres élé­ments acca­blants pour cer­taines ONG : des sauveteurs en mer qui allu­ment grand leurs pro­jecteurs pen­dant la nuit pour être vis­i­bles des passeurs, les équipages des navires d’ONG qui lais­sent les « soi-dis­ant pêcheurs démon­ter les moteurs des bateaux de réfugiés (…)  pour les réu­tilis­er », les autorités ital­i­ennes tenues dans l’ignorance par des ONG des opéra­tions de sauve­tage, etc.

L’enquête préliminaire menée par la justice grecque

Joachim Wag­n­er nous informe ensuite qu’à l’issue de plusieurs mois d’enquête, la police grecque aurait fait notam­ment les con­stats suiv­ants : « des mem­bres d’ONG informeraient les passeurs des mou­ve­ments des garde-côtes grecs et les clan­des­tins sur les points de rassem­ble­ment sur les plages turques, sur les heures de départ vers Les­bos, ain­si que sur les emplace­ments des navires des ONG afin qu’ils puis­sent en trou­ver un dans leur prox­im­ité ».

Le jour­nal­iste alle­mand men­tionne égale­ment plusieurs arti­cles parus dans des jour­naux grecs selon lesquels « le navire alle­mand Mare Liberum aurait joué un rôle clé, écoutant et enreg­is­trant les com­mu­ni­ca­tions radio des garde-côtes grecs ».

L’auteur de l’article indique avec pré­cau­tion qu’«  il n’y a eu jusqu’à présent ni audi­ences ni juge­ments ». Il souligne toute­fois « le poids des preuves indi­rectes que la police et le min­istère pub­lic ont rassem­blées et ren­dues publiques con­tre un total de sept ONG ». Il con­clut son arti­cle en pointant la sur­représen­ta­tion des citoyens alle­mands inculpés dans la procé­dure pénale ital­i­enne ain­si que la nation­al­ité – alle­mande – de la moitié des bateaux des ONG.

L’article du Zeit présente un dou­ble intérêt :

- il fait une syn­thèse des procé­dures menées à l’encontre de cer­taines ONG dont les bateaux croisent en mer Méditerranée.

- il présente un point d’étape sur deux procé­dures judi­ci­aires en cours en Ital­ie et en Grèce qui pour­raient aboutir à la con­damna­tion de cer­taines ONG.

Il est tout à fait révéla­teur que Joachim Wag­n­er indique que les enquêtes des mag­is­trats ital­iens ont com­mencé quand cer­taines ONG ont à par­tir de l’année 2017 été qual­i­fiées dans l’opinion publique de “taxis de mer” et de “co-passeurs”. En com­para­i­son, à quelques excep­tions près (TV Lib­ertés, Présent, Valeurs actuelles, Breizh Info, Sput­niknews, etc.), les arti­cles con­sacrés par les médias français aux ONG tien­nent plus du pub­li-reportage que d’une analyse de leurs pratiques.

Source : welt.de. Mer­ci à AC pour la tra­duc­tion de l’article.

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