Le décret est paru le 5 avril 2024 : en modifiant le régime de publicité télévisée et fixant les principes généraux définissant les obligations des éditeurs de services en matière de publicité, il s’est attiré la défaveur du Syndicat national de l’édition…
C’est une expérience de deux ans sur l’autorisation de la publicité télévisée pour les livres que le gouvernement s’apprête à mener : le 5 avril dernier, le décret n° 2024-313 modifiait le régime de publicité télévisée pour le secteur de l’édition littéraire.
De la consultation à l’étude d’impact : des propositions qui ne convainquent pas les professionnels
La question de la publicité pour les livres avait été examinée par le ministère de la Culture, qui avait mené entre les mois de janvier et février dernier une consultation publique sur cette disposition. À cette occasion, le Syndicat national du livre avait fait connaître sa réprobation, jugeant que la filière, riche de sa « diversité » ne devait pas être déséquilibrée. Certains acteurs de la filière estiment que la publicité risque de ne bénéficier qu’à quelques titres phares, déjà assurés du succès.
Promettant une étude d’impact de cette autorisation « temporaire notamment sur le secteur de l’industrie du livre afin de se prononcer sur l’opportunité de pérenniser cette disposition », le gouvernement n’a pas réussi à convaincre les acteurs du livre, notamment le Syndicat national de l’édition qui a publié le 17 avril 2024 un communiqué pour faire part de ses inquiétudes.
Publicité pour la filière livre : rejet unanime de la corporation
Le Syndicat national de l’édition a regretté l’absence de tout encadrement de cette « expérimentation » qui n’est « accompagnée d’aucun engagement en faveur d’une promotion accrue du livre et de la lecture à la télévision ». Il a demandé « l’abrogation de ce décret qui n’est pas le reflet d’une concertation avec les professionnels du livre ». Le 22 avril, le Syndicat de la librairie française réaffirmait également son opposition à cette mesure : le coût de la publicité, qui ne profiterait qu’à quelques titres et bénéficierait aux grands groupes constitue l’un des motifs de désapprobation de ce syndicat. C’est ainsi Vivendi, l’éternel ennemi, qui est pointé du doigt par ce syndicat. « Nous le redisons au moment où le numéro un de l’édition, Hachette Livre, vient d’être racheté par Vivendi qui, non seulement, possède des chaînes de télévision, mais aussi un groupe de publicité, Havas. »
C’est un même son de cloche désapprobateur chez le Conseil permanent des écrivains (représentatif des auteurs) ou les éditeurs indépendants, qui ont participé à la consultation et regrettent la concentration autour de quelques titres dont le succès commercial serait garanti.
Sans surprise, les pubards favorables
À l’inverse, le Syndicat national de la publicité télévisée a appelé au dialogue avec le SNE et souligné que la « télévision sera un outil puissant pour reconnecter les jeunes avec la lecture ». Une disposition qui justifierait « pleinement l’introduction de la publicité pour les livres à la télévision, non seulement comme un moyen de promotion commerciale, mais aussi comme un vecteur essentiel de l’éducation culturelle et de la sensibilisation à la lecture ».