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Une semaine à s’informer sur Arte Journal

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29 novembre 2020

Temps de lecture : 5 minutes
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Une semaine à s’informer sur Arte Journal

Temps de lecture : 5 minutes

« Chaque jour à 19h45, la rédac­tion fran­co-alle­mande d’Arte Jour­nal pro­pose une approche européenne et cul­turelle de l’ac­tu­al­ité. Un regard orig­i­nal sur le monde. »

Voilà ce qu’on peut trouver écrit sur la plate-forme de replays en ligne de la chaîne Arte depuis 22 ans. C’est donc avec intérêt et curiosité que l’OJIM se lance dans un visionnage intensif de cette émission durant la semaine du 16 novembre 2020. Pendant cette période, la structure du journal se présente comme suit : on parle d’Union européenne, puis de la pandémie, puis de l’actualité internationale et enfin on termine sur un sujet culturel. La place des sujets peut varier et chacun est détaillé à l’aide d’un reportage.

Colgate sourit jaune

Avec son sourire Col­gate, sim­i­laire à celui de tous les présen­ta­teurs TV, l’animatrice d’Arte Jour­nal nous présente ses nou­velles quo­ti­di­ennes avec une apparence de neu­tral­ité qui s’effondre aus­sitôt que les reportages com­men­cent. Arte Jour­nal est capa­ble de faire deux reportages total­isant 6 min­utes au sujet des atten­tats islamistes (replays du 17 novem­bre) en prononçant une seule fois le mot « Islam » et jamais le mot « musulmans ».

Sur la récente réus­site de l’entreprise privée Space X qui envoie pour la pre­mière fois des astro­nautes dans l’espace Arte Jour­nal se con­tente de soulign­er que les fusées russ­es ont per­du leur mono­pole et que l’un des 4 astro­nautes envoyés est une femme, la hiérar­chie de l’information est ici assez curieuse.

Au sujet de la pandémie qui occupe une énorme place de l’actualité depuis bien trop longtemps, Arte Jour­nal, le 16 et le 17 novem­bre, nous par­le en pri­or­ité des mal­heureux artistes con­tem­po­rains dont les expo­si­tions, pro­gres­sistes et néces­saires, sont lais­sées à l’abandon. Si l’on veut des don­nées chiffrées sur l’évolution de la mal­adie il fau­dra aller voir ailleurs, sur Arte Jour­nal il n’est ques­tion que d’attendre le pré­cieux vac­cin qui, seul, pour­ra met­tre un terme à cette désagréable situation.

Union européenne, les bons et les mauvais élèves

En ter­mes d’écologie on peut voir Arte Jour­nal encenser la ville alle­mande de Land­shut qui recy­cle ses bus diesel en rem­plaçant les moteurs ther­miques par des moteurs élec­triques. À la fin du reportage il est pré­cisé fort per­tinem­ment que l’Union européenne impose juste­ment des quo­tas pour sauver la planète. Mer­ci à la grande Alle­magne de mon­tr­er l’exemple à ses petits cama­rades de classe.

Sur les sujets de société on attaque surtout les mau­vais élèves de l’Union européenne tel que la Pologne qui a l’insolence de vouloir inter­dire l’avortement chez elle. Le 18 novem­bre d’après Arte jour­nal les fémin­istes mènent là-bas une lutte sans mer­ci con­tre le fanatisme et l’obscurantisme du gou­verne­ment. Rien de nou­veau sous le soleil, Arte n’aime pas la Pologne, on le savait déjà.

Arte Jour­nal qui sait fort bien éviter l’amalgame entre Islam et ter­ror­isme en est para­doxale­ment inca­pable lorsqu’il s’agit d’autres types d’informations. Par exem­ple, le 17 novem­bre, Arte Jour­nal expose que les dirigeants polon­ais et hon­grois blo­quent l’adoption du bud­get européen alors qu’ils en seraient les pre­miers béné­fi­ci­aires. Voilà bien une chose invraisem­blable. Alors qui faut-il croire, Arte Jour­nal qui n’interroge pas sur le fond et donne des infor­ma­tions en apparence con­tra­dic­toires ? Ou bien les « mini Trump » pop­ulistes qui se priveraient sci­em­ment de la sainte manne européenne ? On peut aus­si par­ler de l’ancien prési­dent de Mol­davie qui vient d’être bat­tu lors des élec­tions prési­den­tielles. L’information à retenir : le can­di­dat qui a été bat­tu était proche de Pou­tine et celui qui gagne est une femme, le reste n’a aucune importance.

Arte, la chaîne de l’UE, contre les Européens

Le prob­lème d’Arte Jour­nal est prob­a­ble­ment que c’est le jour­nal de la chaîne Arte. L’OJIM avait déjà pub­lié plusieurs arti­cles sur cette chaîne qui est, dans sa struc­ture et sa fon­da­tion même, le pro­duit d’une idéolo­gie poli­tique.

Arte devait être une chaîne européenne pour les Européens. Il est regret­table qu’elle n’en prof­ite pas pour mon­tr­er cer­tains défauts de l’Union européenne au lieu de per­pétuelle­ment encenser un sys­tème. Cela deman­derait un tout petit peu d’esprit cri­tique, un ingré­di­ent dont Arte Jour­nal est dépourvu. Mais en veut-on à un enfant d’admirer ses par­ents et de pré­ten­dre qu’ils sont les meilleurs ? Arte Jour­nal, qui existe depuis 22 ans, pour­rait grandir un peu et adopter un regard adulte sur le monde qui l’entoure. La chaîne sem­ble entretenir cet état enfan­tin en embauchant des jour­nal­istes ultra con­formistes ou pro­gres­sistes. On se référ­era au por­trait de l’OJIM sur Élis­a­beth Quin pour se faire une idée. Après tout Arte veut « une Europe de l’intégration et du métis­sage », nous en par­lions déjà en 2017.

Le mil­i­tan­tisme d’Arte n’est donc plus un secret et il n’est pas néces­saire d’être par­ti­c­ulière­ment for­mé ou poli­tisé pour percevoir les par­ti pris fla­grants des jour­nal­istes durant les reportages. Cette chaîne, nour­rie et éduquée dans un car­can idéologique, n’a d’autre fonc­tion et d’autre but dans la vie que de pro­longer l’œuvre de ses par­ents. Com­ment s’appelle un jour­nal­iste mil­i­tant ? Un propagandiste ?