
Marine Turchi
L’art de l’objectivité subjective
Dernière modification le 23/05/2014
Née en 1984, Marine Turchi s’est illustrée par des débuts prometteurs dans le journalisme, avec plusieurs récompenses à la clé. Suite à cette brève ascension, elle a rejoint Médiapart, le site fondé par Edwy Plenel en 2008, lors de son lancement. Aujourd’hui, elle couvre, au sein de ce média marqué à gauche, l’information concernant la « droite et de l’extrême-droite ».
Factuelle jusqu’au bout des guillemets, on croirait parfois ses articles rédigés par un automate. Cependant, l’angle idéologique ne manque jamais de transparaître par le biais d’un procédé fort utile : faire parler les autres à sa place. D’où l’intérêt des guillemets. Ainsi, lorsqu’il s’agit de vomir la droite ou ce qui est communément appelé, dans les rangs de Médiapart, l’« extrême-droite », Marine Turchi parvient toujours à dégoter un spécialiste ou un opposant de service pour conduire son article précisément là où elle le souhaite, c’est-à-dire de l’autre côté d’une ligne où pullulent les fascistes, nazis et autres réacs en tout genre. « Tant de talent avec tant de partialité ! » dira le magistrat Philippe Bilger sur Twitter, réagissant à un portrait de Robert Ménard qui faisait l’impasse sur beaucoup de choses.
Vu le degré d’habileté, les récompenses paraissent en effet bien méritées, et l’avenir de Marine Turchi très prometteur dans la presse mainstream.
Formation
Marine Turchi intègre l’ESJ (École supérieure de journalisme) de Lille en 2005. Après plusieurs stages (Le Monde, Le Nouvel Obs...), au cours desquels elle se spécialise dans la politique, elle empoche son diplôme en 2009, catégorie « presse écrite et multimédia ».
Parcours
Elle débute dans le journalisme en 2005 à La Dépêche du Midi, avant d’intégrer dans la foulée l’École Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ) où elle se spécialise dans la politique. Lors de cette période, elle couvre notamment le Nord de la France, sur lequel elle réalise plusieurs enquêtes.
C’est en 2007, après des stages au service France du Monde (où elle suit la campagne de Jean-Marie Le Pen) et au service société du Nouvel Obs, qu’elle ressort diplômée de l’ESJ dans la spécialité « presse écrite et multimédia ».
La même année, grâce à un concours de l’Académie Prisma Presse, elle intègre durant 7 mois la rédaction (papier et numérique) du magazine Télé 2 Semaines. Elle effectue une pige, en parallèle, pour Documents, une revue franco-allemande, et écrit des critiques d’essais sur le site nonfiction.fr.
En 2008, elle rejoint Médiapart dès sa création. Sur le site d’information fondé par Edwy Plenel, elle couvre la « droite et l’extrême droite ». La vidéo sur laquelle elle explique pourquoi elle a rejoint Médiapart a été rendue privée.
Par ailleurs, elle a tenu, avant de rejoindre le pure-player, un blog sur la politique et les médias, aujourd’hui fermé.
Elle intervient épisodiquement sur France Culture dans l’émission « Le secret des sources ».
Faits notoires
Le 1er mai 2012, elle se dit « agressée » par des militants UMP lors du meeting du Trocadéro de Nicolas Sarkozy et porte plainte contre X. Dans sa déposition, elle explique : « un homme d’une soixantaine d’années a saisi mon badge de journaliste qui était attaché à mon cou et l’a levé au ciel en criant : “C’est Médiapart !”. Ce badge était attaché à un cordon autour de mon cou, avec également mon appareil photo. Après cela, il a arraché ce dit badge et l’a jeté au sol. Entre temps, les gens autour de nous se sont retournés vers moi et j’ai été insultée, notamment de “sale gauchiste” et ce à plusieurs reprises. Cet homme m’a également insultée de la sorte et disait avec les autres militants : “Ils sont là!, ils sont là!”. »
« J’ai été extrêmement choquée par cette situation car j’ai été secouée lors de mon passage à travers la foule. Je ne suis pas blessée et ne désire pas me rendre aux urgences-médico-judiciaires », a-t-elle conclu.
Dans un papier publié sur Médiapart, Edwy Plenel s’est alors pleinement saisi de l’affaire pour dénoncer des faits « d’une gravité autrement symbolique, relevant d’une attaque à la liberté fondamentale, celle de la presse », ainsi qu’« un climat de violence inhabituel dans les rassemblements de l’ex-droite républicaine, une agressivité inédite à l’égard des journalistes des médias indépendants du pouvoir, une hystérie jamais vue qui libère des pulsions hier réservées à l’extrême droite ».
Début 2013, Marine Turchi est à la tête de la « chasse à l’Obertone » lancée par Médiapart. Le site reproche à l’auteur du livre à succès La France Orange Mécanique, qui décrit la réalité de la violence en France, d’avoir été un obscur blogueur d’extrême-droite racialiste et xénophobe, le « Pélicastre jouisseur ».
Dans un article cosigné avec Louise Fessard, Stéphane Alliès et Jérôme Hourdeux, Marine Turchi explique que « Laurent Obertone est en fait depuis octobre 2009 l’auteur d’un blog de la réacosphère, qualifié de racialiste voire de raciste par ses fans », avant de se lancer dans une véritable chasse aux sorcières en téléphonant à son ancienne école et en contactant ses anciens camarades.
Dans la foulée, le site Atlantico affirmera qu’« un blogueur journaliste a revendiqué auprès d’Atlantico la paternité du site d’extrême-droite incriminé par Médiapart », et donnera un droit de réponse à Obertone. « Les sources de Média-tarte sont des “confirmations avec certitude mais sous couvert de l’anonymat” », écrira l’auteur, niant formellement être le « Pélicastre jouisseur ». Médiapart, et Marine Turchi, se fendront d’un nouvel article réfutant la défense de « l’accusé ».
En avril 2014, elle est refoulée d’une conférence de presse du Front National, affirmant sur Twitter avoir pourtant été invitée par Aymeric Chauprade, tête de liste du FN en Île-de-France aux Européennes.
Récompenses
- Mai 2007 : Prix Charles Gide (des jeunes journalistes) du meilleur reportage en Économie sociale pour l’article : « Nettoyage à sec chez Sineo ». Récompense : 2 500 euros.
- 2007 : Prix Bayard des jeunes journalistes pour un article paru dans La Croix.
- 2007 : Prix de l’Académie Prisma Presse, ouvrant le droit à un stage dans un journal.
Elle l’a dit
« Être homosexuel, une femme ou être issu de l’immigration n’est pas sans conséquence sur les parcours professionnels », sur son compte Twitter.
« Sur son site, l’UMP propose des “questions de la semaine” stigmatisant les “étrangers”. Les formulations sont aussi effarantes que les résultats », sur son blog Médiapart.
« Loin du classique one man show, “Beaucoup de choses à vous djire”» fait rire autant qu’il donne à réfléchir. Sur le communautarisme, dénoncé par la voix de Fatima. Sur les concepts véhiculés pour décrire le métissage de la société française. Sur la coexistence des cultures et les préjugés qui l’accompagnent. Sur la difficulté de s’intégrer avec une double culture, de concilier modernité et traditions », sur son blog Médiapart, à propos du spectacle de Souâd Belhaddad, « un spectacle remarquable — et d’une actualité (malheureusement) brûlante, en plein débat sur l’identité nationale ».
« Élu à Béziers, celui qui a été pendant 23 ans le secrétaire général de Reporters sans frontières a poussé très loin sa conception de la liberté d’expression (…) jusqu’à défendre le droit à s’exprimer des racistes et négationnistes », sur Médiapart à propos de Robert Ménard.
« Insidieusement c’est plus Marine Le Pen c’est Marine, c’est plus le Front national c’est le Front, c’est plus les candidats lepénistes c’est les candidats marinistes, donc il y a quand même un glissement sémantique qui permet de s’interroger aujourd’hui », 30 octobre 2013, débat Médiapart : « Quels antidotes au Front national ? ».
Ils l’ont dit
« Tant de talent avec tant de partialité ! », Philippe Bilger, sur Twitter, réagissant à un portrait de Robert Ménard.
« Devant l’imperturbable succès de mon livre, la France orange mécanique, les bots-journalistes qui défendent leur utopie contre la réalité sont aux abois. Ceux de Média-tarte se sont mis en quatre, Louise Fessard, Stéphane Alliès, Jérôme Hourdaux et Marine Turchi, pas pour attaquer le livre, non. Pour attaquer son auteur. Pour tenter de me salir. Quand bot-journaliste fâché, lui toujours agir ainsi », Laurent Obertone sur Atlantico.
« Journaliste à Médiapart, Marine Turchi a couvert les élections municipales partielles de 2009. A l’époque, j’avais pu apprécier son professionnalisme et sa volonté de comprendre, sans les juger, les habitants d’Hénin-Beaumont. Ses articles, bien documentés, évitaient l’écueil du misérabilisme que l’on voit parfois dans certains reportages sur notre ville que des journalistes paresseux présentent parfois comme le « fief » du Front national », David Noël, secrétaire PCF d’Hénin-Beaumont, sur son blog.
« Marine Turchi, journaliste en charge de la rediabolisation du FN à Médiapart, a beaucoup de mal à exprimer clairement ses pensées, ou sa pensée. Si elle en a », Égalité & Réconciliation.
« Fait partie des journalistes bien pensant qui se servent de leur carte de presse pour tenir des tribunes partisanes », avis tiré du site Topjournaliste.com.
« Possède toutes les qualités pour finir sa carrière au top du journalisme mainstream », avis tiré du site Topjournaliste.com.
Crédit photo : capture d’écran vidéo Médiapart via Youtube (DR)
Ce portrait a été financé par les donateurs de l’OJIM
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