Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Jacques Cardoze remet en cause l’impartialité du service public

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

2 octobre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Jacques Cardoze remet en cause l’impartialité du service public

Jacques Cardoze remet en cause l’impartialité du service public

Temps de lecture : 4 minutes

L’impartialité du service public – ou plutôt son absence — est un sujet que connaissent bien nos lecteurs. De sérieuses interrogations sur les méthodes de France Télévisions, ainsi que sur son orientation politique, reviennent en boucle dans le débat public. Il est plus rare cependant de voir des anciens serviteurs du groupe déballer sur la place publique l’envers du décor. C’est le cas depuis quelques jours avec Jacques Cardoze.

De Complément d’Enquête à TPMP

Car­doze n’est autre que l’an­cien présen­ta­teur d’une émis­sion vedette de France Télévi­sions, Com­plé­ment d’En­quête, qu’il a ani­mée durant trois ans, de 2018 à 2021. En juil­let dernier, après cinq ans d’ab­sence du monde télévi­suel, il décide de con­tac­ter Cyril Hanouna afin de rejoin­dre son équipe. Dans ses inter­views, on sent dans ce geste un début de révolte con­tre un monde jour­nal­is­tique policé (voire polici­er), où des opin­ions dif­férentes sont mal vues. D’où sa bataille con­tre la pen­sée unique du ser­vice pub­lic, un sujet qu’il con­naît de l’intérieur.

Pas de critique de LFI ou des banlieues islamisées dans l’émission

Dans une inter­view don­née au Figaro, Jacques Car­doze dévoile les couliss­es de Com­plé­ment d’En­quête. Il affirme ain­si qu’un sujet sur Mélen­chon a été refusé de manière douce par ses col­lab­o­ra­teurs. La rai­son ? Jean-Luc Mélen­chon et la France Insoumise font par­tie des infor­ma­teurs prin­ci­paux de l’émis­sion en ce qui con­cerne des sujets de choix comme des fer­me­tures d’u­sine, des affaires finan­cières, etc. Tou­jours dans la même veine, il a été traité de « facho », pour avoir pro­posé un sujet s’in­téres­sant aux liens entre LFI et l’is­lam­o­gauchisme en banlieue.

Voir aus­si : Com­plé­ment d’enquête sur les fake news : l’insupportable lib­erté d’expression

Un consensus classique de l’équipe libérale libertaire

Com­ment ces sujets étaient mis de côté ? Con­traire­ment à ce que nous pour­rions penser, les hautes instances de France Télévi­sions ne sont pas der­rière cela, la faute revient plutôt au fonc­tion­nement interne de l’émis­sion. Les sujets sont pro­posés et adop­tés de manière col­lé­giale, en présence des cadres de l’émis­sion, présen­ta­teur et rédac­teur en chef, mais aus­si en présence des reporters, env­i­ron une dizaine d’après Car­doze. Or, ces derniers auraient refusé de tra­vailler sur de tels sujets, ren­dant donc impos­si­ble la réal­i­sa­tion de ces émis­sions. Par ailleurs, sans sur­prise, Car­doze fait cette con­fes­sion, qu’on lui a faite lorsqu’il a pris les com­man­des de l’émis­sion : « C’est une secte ». Une phrase qui en dit long sur l’e­sprit qui règne, un esprit que Car­doze a, chez Moran­di­ni, claire­ment indiqué comme étant, à min­i­ma, à gauche, ver­sion libérale libertaire.

Voir aus­si : Jacques Car­doze, le repen­ti du ser­vice public

La symétrie des fausses fenêtres

La réponse des équipes de Com­plé­ment d’En­quête ne s’est pas faite atten­dre. Dans un tweet, Tris­tan Waleck, rédac­teur en chef de l’émis­sion, indique la dif­fu­sion prochaine d’une émis­sion sur Sophia Chirik­ou, la com­pagne non offi­cielle de Mélen­chon, ain­si que sur les comptes de cam­pagne de LFI. Il ne s’ag­it pas d’un por­trait comme en fait par­fois l’émis­sion. C’est donc ce qu’on appelle taper autour. Par ailleurs, la société des jour­nal­istes a indiqué que l’im­par­tial­ité était par­faite­ment respec­tée, en citant des sujets sur des per­son­nal­ités poli­tiques du cen­tre et de la droite, mais en citant seule­ment deux sujets sur des per­son­nal­ités de la gauche : celui sur Anne Hidal­go, qui avait été pro­posé par Car­doze, et San­drine Rousseau. Deux émis­sions sur cinquante, un bel exem­ple d’équité. Enfin, Car­doze a égale­ment révélé le boy­cott des chaînes du groupe Bol­loré, qui cette fois vient des hautes instances de France Télévi­sions. Un boy­cott dont on imag­ine les raisons politiques.

Enquête de complément

Ces phras­es entrent en réson­nance avec la passe d’armes récente entre Sonia Mabrouk et Élise Lucet sur le plateau de Léa Salamé. L’an­i­ma­trice de CNews avait souhaité une enquête sur France Télévi­sions, qu’Élise Lucet jugeait inutile. Notons par ailleurs que Car­doze a indiqué pré­par­er, aux côtés de Cyril Hanouna, Enquête de com­plé­ment, une émis­sion d’in­ves­ti­ga­tion sur les méth­odes de l’émis­sion de France 2. Notons que cette émis­sion est la réponse que pré­pare Hanouna à une émis­sion sur laque­lle tra­vaille actuelle­ment les équipes de Com­plé­ment d’En­quête à son sujet. Cer­tains ont d’ailleurs vu dans le recrute­ment de Jacques Car­doze un épisode de cette lutte, ce que con­teste ce dernier. Un match à suiv­re, avec peut-être d’autres révéla­tions à la clé.

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés