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Accueil | Portraits | Frédéric Taddeï

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16 septembre 2023

Temps de lecture : 21 minutes

16 septembre 2023

Accueil | Portraits | Frédéric Taddeï

Frédéric Taddeï

Temps de lecture : 21 minutes

L’inclassable : « Je suis illisible… »

Frédéric Taddeï est né en janvier 1961. Son père est un banquier d’origine italienne, sa mère, femme au foyer, est lorraine. Frédéric Taddeï a deux sœurs, Marie-Isabelle et Sandrine, avec qui il travaille depuis des années à la préparation de ses émissions. Il est depuis 1994 le compagnon de l’actrice Claire Nebout. L’écrivain Marc-Edouard Nabe est le parrain de leur fils.
Après avoir animé quatre ans l’émission vedette de RT, Interdit d’interdire, il se met en retrait en février 2022 devant le conflit ukraino-russe. Après un an de mise au vert médiatique, il est de retour sur les ondes de CNews pour incarner une certaine idée du débat et du pluralisme.

Portrait vidéo

Formation universitaire

Frédéric Tad­deï n’a aucune for­ma­tion. Il dit avoir recom­mencé six fois une pre­mière année uni­ver­si­taire, dans dif­férentes dis­ci­plines (deux ans de droit, his­toire, sémiologie).

Parcours professionnel

Dix ans de péré­gri­na­tions ont suivi son bac. Dix ans pen­dant lesquels il voy­age et se cul­tive. Après quoi, se con­sid­érant comme ayant été jusqu’à lors un « touriste dans sa pro­pre vie », il lance la revue Main­tenant en 1990, reprenant (fait exprès ou non) le même titre que celle qu’avait fondée le boxeur poète Arthur Cra­van au début du 20ème siè­cle (Main­tenant, 5 numéros de 1912 à 1915). Repéré par l’homme de presse Jean François Bizot (1944–2007), il débute à Radio Nova avant de piger pour le Mag­a­zine Actuel, le mag­a­zine branché des années 70 et 80 qui dis­paraitra en 1994. Il fréquente un temps L’Idiot Inter­na­tion­al, jour­nal pam­phlé­taire culte de l’avant-garde et de la con­tre-cul­ture, avant que son directeur de pub­li­ca­tion, Jean-Edern Hal­li­er, ne soit con­traint de met­tre la clé sous la porte suite à de mul­ti­ples con­damna­tions judi­ci­aires (févri­er 1994).

En 1994, à Canal+, il présente une chronique lit­téraire pour l’émission « Nulle Part Ailleurs », même s’il le nie aujourd’hui en affir­mant qu’il s’est tou­jours refusé à l’exercice de la chronique.

En 1998, Thier­ry Ardis­son lui cède l’émission « Paris Dernière » sur la chaine Paris Pre­mière. Caméra au poing, il filme la nuit parisi­enne et les adress­es branchées de la cap­i­tale. Le for­mat de l’émission est tout à fait nova­teur, réal­isé entière­ment en caméra sub­jec­tive, et détour­nant les codes du reportage. De cette émis­sion, il estime alors qu’elle est la seule à pou­voir offrir dans trente ans, un por­trait de ce que furent les années 2000. Ses pre­mières années dans le monde du jour­nal­isme et de la télévi­sion sont donc signées par le sceau de l’avant-garde et de la nouveauté.

S’en suit « D’art d’art » à par­tir de 2000, un pro­gramme d’une minute trente présen­té sur France 2, où il relève le pari d’intéresser le spec­ta­teur à l’histoire d’une œuvre d’art. On lui recon­nait le mérite d’avoir inven­té un nou­veau genre, dans lequel le spé­cial­iste et l’érudit, d’ordinaire mis en avant, cèdent la place à l’amateur. L’émission est suiv­ie par quelques cinq mil­lions de français chaque semaine.

En 2005, il ani­me sur Europe 1 « Regarde les hommes chang­er », émis­sion d’une heure avec un seul invité qui devient « Regarde le monde chang­er » en 2009 et ne dure plus que quinze minutes.

En 2006, il lance sur France 3 une émis­sion quo­ti­di­enne, « Ce soir (ou jamais !) » dans laque­lle il invite des intel­lectuels et des artistes à débat­tre de l’actualité. À ce sujet, il déclare qu’il souhaite « rétablir la démoc­ra­tie dans cet univers qu’est la télévi­sion ».

En sep­tem­bre 2010, Frédéric Tad­deï tient, dans le Figaro Mag­a­zine, ses « car­nets de voyageur mod­erne ». De 2010 à 2011, il présente sur Europe 1 « Le Débat des grandes voix ». A la ren­trée 2011, « Ce soir (ou jamais !) » passe à un rythme heb­do­madaire. Tad­deï quitte défini­tive­ment Europe 1 pour France Cul­ture et présente l’émis­sion « Tête-à-tête » dans laque­lle il échange avec son invité pen­dant une heure, le dimanche à 17h. La même année, il rem­place Frédéric Beigbed­er dans le mag­a­zine GQ, son rôle con­sis­tant alors à inter­roger des per­son­nal­ités dans un restau­rant. Il devient en out­re le « mon­sieur ciné­ma » de France 3, le jeu­di soir, en présen­tant « La grande soirée cinéma ».

En octo­bre 2011, Tad­deï lance dans l’ombre de « Ce soir (ou jamais !) » un pure play­er inti­t­ulé News­ring, pour lequel il obtient une lev­ée de fond record pour un site par­tic­i­patif : 3,5 mil­lions d’euros. L’objectif est de créer un véri­ta­ble site de débat où la parole n’est con­fisquée par personne.

En mars 2013, l’émission passe sur France 2.

Frédéric Tad­déï est l’objet de polémiques récur­rentes. Il lui est régulière­ment reproché d’inviter à son émis­sion des per­son­nal­ités « con­testées » ou « sul­fureuses », telles que Marc-Edouard Nabe, Tariq Ramadan, Dieudon­né M’Bala M’Bala, Alain Soral ou Alain de Benoist. Le 15 sep­tem­bre 2009, suite au scan­dale créé par le comé­di­en et réal­isa­teur Math­ieu Kasso­vitz qui remet en ques­tion l’interprétation offi­cielle des atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001 sur le plateau de « Ce soir (ou jamais !) », une petite cabale médi­a­tique se développe, visant à sup­primer son émis­sion, dont Tad­déï ressort néan­moins indemne. Deux ans plus tard, son émis­sion cessera cepen­dant d’être quo­ti­di­enne pour devenir hebdomadaire.

En mars 2013, invité dans l’émission « C à vous » à l’occasion du trans­fert de son émis­sion de France 3 à France 2, le jour­nal­iste Patrick Cohen [por­trait] lui reproche d’inviter « des gens qu’on n’entend pas ailleurs [mais] aus­si des gens que les autres médias n’ont pas for­cé­ment envie d’entendre ». « Est-ce que vous con­tin­uerez à inviter Tariq Ramadan, Dieudon­né, Alain Soral ? » lui demande Cohen. « Vous, vous faites le jour­nal, vous ne faites pas une émis­sion de débats intel­lectuels, lui répond Tad­déï. Je suis sur le ser­vice pub­lic, ce n’est pas à moi d’inviter les gens en fonc­tion de mes sym­pa­thies ou de mes antipathies ». Mais l’allusion au ser­vice pub­lic ne trou­ble pas Cohen, lequel offi­cie sur France Inter, qui réplique : « ce n’est pas une ques­tion de sym­pa­thie ou d’antipathie ! On a une respon­s­abil­ité, quand on ani­me une émis­sion de débats publics, de ne pas propager des thès­es com­plo­tistes ou de ne pas don­ner la parole à des cerveaux malades »…

Dans une chronique parue quelques jours plus tard dans Libéra­tion et inti­t­ulée « La liste de Patrick Cohen », Daniel Schnei­der­man estime que « se priv­er d’invités intéres­sants parce qu’on n’est pas d’accord avec eux est, pour un jour­nal­iste payé par le con­tribuable, une faute pro­fes­sion­nelle ».

En juin 2017, il décide d’ar­rêter son émis­sion Hier aujour­d’hui demain sur France 2, après que la chaîne ait changé son horaire (minu­it plutôt que 22h30) et sup­primé les ban­des annonces. En par­al­lèle, il suc­cède à son ami et acolyte noc­tam­bule Frédéric Beig­bei­der à la rédac­tion du péri­odique Lui, mag­a­zine éro­tique-chic, réplique hexag­o­nale de Play­boy au moment de sa créa­tion dans les années 60.

En juin 2018, après 16 ans de présen­ta­tion de l’émis­sion D’art d’art, il est rem­placé par Adèle Van Reeth. Del­phine Ernotte con­tin­ue sa chas­se aux « hommes blancs de plus de cinquante ans » et aux ani­ma­teurs his­toriques… Il n’a appris son évic­tion que trois semaines avant la reprise des enreg­istrements, de son pro­duc­teur, et s’est résigné – peut-être à cause du sort d’Hi­er aujour­d’hui demain en 2017.

À la ren­trée 2018 il passe sur l’an­tenne française de Rus­sia Today, où il ani­me une émis­sion de débats cul­turels et de société d’une heure, qua­tre fois par semaine. Il ani­me aus­si depuis novem­bre 2018 une émis­sion heb­do­madaire au titre huys­man­sien, “En bal­lade”, le dimanche sur Europe 1.

Son ral­liement à RT France n’est pas sans provo­quer de remous au sein de l’intelligentsia, qui voit là un pré­texte idéal pour dis­créditer un jour­nal­iste dont l’attachement à la lib­erté d’expression ne pou­vait qu’être sus­pect. Les procès d’intention pleu­vent, il est som­mé de ce qui est con­sid­éré comme un sou­tien tacite du régime pou­tinien. Toute­fois, la rhé­torique de la chaîne, volon­tiers anx­iogène, fait mouche alors que la France offre au monde le spec­ta­cle con­tinu et inébran­lable de sa désagré­ga­tion et elle est plébisc­itée par les Gilets Jaunes, ce qui con­fère à la chaîne le statut de « média d’opposition ». Tad­deï, quant à lui, con­tribue à la nor­mal­i­sa­tion de la chaîne en invi­tant des per­son­nal­ités de bor­ds poli­tiques divers (Juan Bran­co, Jean-François Kahn, Fer­gane Azi­hari, Emmanuel Todd) et des représen­tants poli­tiques, notam­ment issus de la France Insoumise (Djord­je Kuz­manovic en tête) dont les réti­cences ini­tiales cèdent devant le con­stat la bonne tenue des débats et le nom­bre de vues.

Il se met en retrait de son émis­sion en févri­er 2022 face au con­flit entre l’Ukraine et la Russie.

L’homme con­serve tout de même son émis­sion d’entretiens heb­do­madaires sur Europe 1 « C’est arrivé demain » mais ne tient pas à rebondir immé­di­ate­ment à la télé, surtout après que son image a été asso­cié à celle, désor­mais radioac­tive, de RT France.

Aus­si, on le retrou­ve à la tête de la rédac­tion d’une agence de pro­duc­tion de pod­casts, Lymé­dias, qui fait son appari­tion sur la toile en avril 2022. Tad­deï est aux manettes d’un des pod­casts fig­u­rant au cat­a­logue de la plate­forme « Pourquoi ? ». Si Philippe Cheva­lier, Thier­ry Ardis­son ou encore Nel­son Mon­fort sont annon­cés en guise de pro­duits d’appel au lance­ment de la plate­forme pour ani­mer des pod­casts con­sacrés à l’humour et au sport, la sauce ne prend pas. Restent les valeurs sûres du pod­cast, comme le fémin­isme, l’écologie ou l’entreprenariat, qui se tail­lent désor­mais la part du lion chez Lymé­dias. Comme si les valeurs sûres de la télé ou de la radio n’étaient pas tail­lés pour ce nou­veau for­mat… à l’exception du très plas­tique Taddeï.

Suite à de longues négo­ci­a­tions avec Serge Ned­jar, il choisit CNews pour son retour à la télé. À par­tir de févri­er 2022, il ani­me « Les vis­i­teurs du soir » les same­di et dimanche entre 22h et minu­it. Dans la bouche de Tad­deï, l’émission est conçue comme un pro­gramme qui « prendrait du recul sur lactu­al­ité, de la hau­teur, avec des invités qui savent de quoi ils par­lent ». Il est ten­tant d’y voir le con­tre­point par­fait de l’« Heure des Pros » et l’embauche de Tad­deï est symp­to­ma­tique de la nou­velle stratégie de la rédac­tion de CNews qui souhaite attir­er de nou­veaux invités afin de se normaliser.

Parcours militant

Non ren­seigné

Publications

  • Frédéric Tad­deï et Marie-Isabelle Tad­deï, D’Art d’Art !, vol. 1, Paris, Édi­tions du Chêne, 2008
  • Frédéric Tad­deï et Marie-Isabelle Tad­deï, D’Art d’Art !, vol. 2, Paris, Édi­tions du Chêne, 2009

Ce qu’il gagne

Out­re son salaire pour ses émis­sions, il inter­vient dans des con­férences à « rai­son de trois par an » . Mais aus­si des soirées dans les entre­pris­es – il aurait ain­si touché 6000 € pour une remise de prix chez Lidl.

Récompenses

  • Prix Philippe-Caloni (2007)
  • Prix Roland-Dorgelès (2014)

Sa nébuleuse

- Jean François Bizot (1944–2007), essay­iste, romanci­er, homme de presse et de radio (Radio Nova, Actuel…), l’homme qui l’a lancé.

- Nathalie Boels-Kugel : pro­duc­trice d’origine hol­landaise, elle est à l’initiative de « D’Art d’Art » :  « À l’époque, j’étais chroniqueur dans l’émission « Nulle Part ailleurs » sur Canal+, et il m’arrivait de par­ler d’un tableau pen­dant cinq min­utes. Natal­ie Boels-Kugel a pen­sé qu’un mod­ule d’émission encore plus court, pour par­ler d’art de façon haut de gamme, per­me­t­trait une dif­fu­sion à des heures de très grande écoute. »

- Jean-Pierre Elk­a­b­bach et Thier­ry Ardis­son qui lui ont con­fié l’émission « Paris Dernière » (« On hési­tait à l’époque entre Le Bolloc’h, Beigbed­er et Tad­déï », con­fiera plus tard Thier­ry Ardis­son)

- Rachel Kahn, respon­s­able de l’unité diver­tisse­ments de France 3 à par­tir de 2000, qui pro­pose à Frédéric Tad­déï de créer l’émission « Ce soir (ou jamais !) »

- Jean-Luc Hees : c’est à la faveur d’un coup de fil de l’ancien prési­dent de Radio France qu’il se décide à rejoin­dre France Cul­ture. À ce sujet, l’intéressé déclare : « Je sais que je vais avoir l’air un peu léger en arrivant à Cul­ture, qui m’a tou­jours épaté par le niveau de ses pro­grammes. Y venir est une gageure. J’en suis ravi ! ». Il dirige actuelle­ment le comité d’éthique de la chaîne RT France à titre bénévole.

- Bruno Gas­ton : Fon­da­teur des Inrock­upt­ibles et ancien pro­duc­teur de Nulle Part Ailleurs, il con­va­inc Tad­deï de revenir sur Europe 1 en 2013 alors qu’il assure la direc­tion des programmes.

- Jean-Yves Le Fur : homme d’affaires ayant fait for­tune dans la mode (pro­prié­taire de l’a­gence Mad Agency, chargée de la com­mu­ni­ca­tion de Zadig&Voltaire) et l’événementiel, patron de presse (DS, Numéro) et fig­ure incon­tourn­able du monde de la nuit parisi­enne, il rachète le mag­a­zine Lui en 2013 dans des con­di­tions rocam­bo­lesques, mais se voit dans l’obligation de reven­dre ses parts quelques années plus tard alors que le mag­a­zine est pour­suivi pour impayés. Ami com­mun de Frédéric Beig­bei­der et Frédéric Tad­deï, son nom appa­raît dans le car­net noir du mil­liar­daire ama­teur de mas­sages Jef­frey Epstein.

Il l’a dit

À propos de l’émission « Ce soir (ou jamais !) »

« Je défie qui que ce soit de dire ce que je pense des sujets, des débats que j’anime. Je suis illis­i­ble. […] J’invite des artistes et des intel­lectuels représen­tat­ifs. Je prends garde à ce qu’il y ait des antag­o­nismes, des cen­tristes et des excen­triques, des con­tes­tataires, des hommes et des femmes, des vieux et des jeunes. Bref, la con­fig­u­ra­tion idéale. Je veux qu’ils aient le temps de par­ler et qu’ils aient le temps de finir leur phrase. Je rends la parole à celui qui a été coupé. Quand on ani­me une émis­sion comme celle-ci on doit bien con­naître la loi… », Ago­ravox, 15 juin 2010

« Légitim­ité ? C’est un mot qui n’existe pas. Qui est légitime ? Un écon­o­miste serait légitime pour par­ler d’économie, mais un artiste ne le serait pas… c’est un gag ! Prenons un exem­ple : la crise de 1929 ; à votre avis, qui dit les choses les plus intéres­santes sur la crise économique ? Le chroniqueur économique du San Fran­cis­co Exam­in­er, ou Char­lie Chap­lin ? », Enquête&Débat, 23 juin 2012

« Dans les autres émis­sions de télé, le pub­lic est payé. Il sif­fle ou applau­dit quand on lui dit. C’est en fonc­tion du chauf­feur de salle. On les prend pour pire que des potich­es. Mon pub­lic n’est pas payé, il n’intervient pas pour don­ner son avis et dire ce qui est bien ou mal. Au cen­tre du débat, ce n’est pas un com­bat de glad­i­a­teur. Il n’y a pas de prime à dire “la guerre c’est moche”, “la mort c’est pas bien”. Partout ailleurs, le mec qui dit cela est applau­di ! », Ibid.

« Il n’y a pas de cen­sure à la télévi­sion. Il n’y a que de l’autocensure. Des gens qui se dis­ent “ah ! mais je ne peux pas inviter celui-là ou celui-ci, sinon on va penser que je pense comme lui”. Moi j’invite tout le monde ! », Ibid.

« J’attends de mes invités que sur un sujet rebat­tu, c’est-à-dire l’actualité, ils dis­ent quelque chose de non con­venu. Il faut du courage et de la mod­estie durant une inter­view. Oser pos­er cer­taines ques­tions, ne pas avoir peur de pass­er pour un imbé­cile. Il faut garder en tête que si un jour il reste quelque chose de votre tra­vail, ça sera les répons­es et non les ques­tions. », Le Jour­nal du Dimanche, 13 mars 2010.

« Je croy­ais naïve­ment que B‑H Lévy voulait être le Sartre de son époque. Je me trompais. Il se con­tente d’un rôle moins ambitieux : agent de la cir­cu­la­tion médi­a­tique. Il sif­fle quand ça lui déplaît, agite son bâton, demande les papiers, fait souf­fler dans le bal­lon. Heureuse­ment que nous vivons en démoc­ra­tie, sinon il nous passerait à tabac ! », Le Point, 8 juil­let 2010.

« Ceux qui pensent que tout se ramène à un affron­te­ment UMP/PS n’ont rien com­pris à notre époque. », Le Nou­v­el Obser­va­teur, 21 avril 2011.

« Toutes les opin­ions autorisées par la loi sont défendues par la con­sti­tu­tion. Tout ce qui n’est pas inter­dit est autorisé et ce n’est pas à moi, ani­ma­teur de télévi­sion, qui vais décider de ce qu’on a le droit de dire (…) Je m’interdis d’être le pro­cureur ou le défenseur des uns et des autres (…) Il y a des gens que ça choque, je le com­prends, mais il ne faut pas regarder l’émission », sur le plateau de« C à vous » 12 mars 2013.

« Je ne vois pas l’intérêt de faire une émis­sion dont tout le monde ignore l’existence. J’en ai trop fait qui ont eu un gros impact comme Ce soir (ou jamais !) ou mar­qué les esprits comme Paris dernière, pour avoir envie de pour­suiv­re… Je n’ai pas com­pris l’obstination de France 2 à pro­gram­mer cette émis­sion si tard, et à la dén­i­gr­er, alors qu’elle coû­tait quand même assez cher à fab­ri­quer ! Mais atten­tion, je n’en veux à per­son­ne. Je trou­ve même cela amu­sant : ça vous apprend l’humilité. J’ai été choyé pen­dant assez longtemps à la télé, je ne le suis plus, aujourd’hui, voilà ! », Téléra­ma, 1er juin 2017.

« Del­phine Ernotte est en train de cass­er France Télévi­sions. [Elle] ne con­naît rien à la télé et est en train de cass­er le groupe. Xavier Cou­ture, qui tra­vaille à ses côtés, est atter­ré et tente de lui faire com­pren­dre cer­taines choses, mais cela paraît com­pliqué », Le Monde 4 novem­bre 2017.

« Dans un paysage télévi­suel sin­istré, où les intel­lectuels, les chercheurs, les savants, les con­tes­tataires n’ont plus la parole et où les vrais débats ont totale­ment dis­paru, c’est la seule chaîne de télévi­sion qui m’ait don­né carte blanche pour faire ce que je fai­sais dans Ce soir ou jamais : des émis­sions intel­li­gentes, sans par­ti pris, dans lesquelles on pour­ra dis­cuter de tout, entre gens qui savent de quoi ils par­lent, qu’on ne voit pas ailleurs, et qui ne sont pas d’ac­cord entre eux », Libéra­tion, 16 juil­let 2018.

À propos de RT France

« La ques­tion que vous devriez me pos­er, c’est : com­ment se fait-il que Frédéric Tad­deï, pour faire ce qu’il a fait pen­dant dix ans, telle­ment libre­ment et avec beau­coup de suc­cès, sur France Télévi­sions, soit obligé d’aller le faire aujourd’hui sur une chaîne russe ? », France Inter, 21 sep­tem­bre 2018.

« Je me fiche com­plète­ment de qui me paye du moment qu’on me laisse libre de faire ce que je veux, d’inviter qui je veux et de par­ler de ce que je veux. », Causeur, 4 sep­tem­bre 2018.

« Cer­taines per­son­nes pensent qu’on ne veut plus de débats. Je l’avais déjà dit en sep­tem­bre dernier à mon arrivée sur RT. Trois mois plus tard, les «gilets jaunes» arrivent et la réponse d’Emmanuel Macron a été… un grand débat. On voit bien qu’il y a une ver­tu à débat­tre. Quand il n’y en a pas, les gens le ressen­tent. Et les téléspec­ta­teurs ne sont pas dupes: ce qui est présen­té comme des débats aujourd’hui à la télévi­sion, ce sont des émis­sions avec des chroniqueurs ou des édi­to­ri­al­istes payés par la chaîne, qui se ressem­blent et qui tien­nent des rôles. Ce n’est pas ça, des vrais débats. Sur le ser­vice pub­lic par­ti­c­ulière­ment, je pense qu’il y a une peur, une aver­sion pour le risque. On préfère le clash: ça génère des clics et c’est ras­sur­ant puisqu’il y a un gen­til et un méchant. Alors que dans les vrais débats, vous êtes obligé d’écouter tout le monde. », Le Figaro, 30 juil­let 2019.

« Je ne peux pas con­tin­uer une émis­sion de débat con­tra­dic­toire à par­tir du moment où mon pays se retrou­ve en con­flit ouvert avec la Russie ». Annonçant son retrait de son émis­sion sur RT France. Buz­zTV, 23 févri­er 2022, après le début du con­flit Ukraine-Russie.

« Le pod­cast est le média le plus intéres­sant aujourdhui car il sup­prime l’in­ter­mé­di­aire qui est la chaîne de télé ou la sta­tion de radio. Vous navez per­son­ne pour vous dire à quelle heure vous serez à lantenne ni quil fau­dra faire mieux demain. Ça change tout. Et ça donne des entre­tiens dif­férents. Je décou­vre mais je com­mence à chang­er ma façon d’interviewer », Fran­ce­In­fo, 16/06/2022.

À propos de CNews

« Je ne pense pas que CNews soit plus une chaîne dopin­ion que les autres. On a telle­ment lhabi­tude denten­dre cer­taines opin­ions quon a limpres­sion quelles nen sont plus. Il y a des gens quon ninvite pas sur cer­taines chaînes. Il y en a quon encense partout, dautres qui se font sys­té­ma­tique­ment atta­quer… », Le Parisien, 25/02/2023.

« Quand je suis allé sur RT, quest-ce que je nai pas enten­du ! Que jallais faire la pro­pa­gande de Pou­tine. L’émission a duré trois saisons, qua­tre fois par semaine, per­son­ne ny a trou­vé la moin­dre pro­pa­gande pour qui que ce soit. Aujourdhui, cest CNEWS qui a lair de pos­er problème à cer­tains ? Ceux qui con­nais­sent mon tra­vail savent que, mes émis­sions ont beau évoluer en fonc­tion des chaînes, des horaires et des moyens mis à ma dis­po­si­tion, je reste tou­jours le même. Et cest pour cette rai­son que CNEWS a fait appel à moi, ce dont je la remer­cie », CNews, 04/03/2023.

Ils l’ont dit

« Il n’appartient à aucun milieu réper­torié. Il est réelle­ment, dans le monde médi­a­tique, une fig­ure alter­na­tive », San­drine Trein­er (jour­nal­iste ayant tra­vail­lé avec lui de 2005 à 2009), Le Jour­nal du Dimanche, 13 mars 2010.

Frédéric Tad­déï est « plutôt proche de la ten­dance “Indigènes de la République” », Car­o­line Fourest [por­trait], dans son auto­bi­ogra­phie pub­liée sur son blog.

« Juste­ment, quand j’ai appris que Frédéric Tad­deï, pour lequel j’ai de l’ad­mi­ra­tion pro­fes­sion­nelle (et de la sym­pa­thie per­son­nelle), allait sur Rus­sia Today, c’est la pre­mière ques­tion qui m’est venue à l’e­sprit — et que nous lui avons posée: était-il gêné par le fait d’être payé par Pou­tine (ou, plus pré­cisé­ment, par l’É­tat russe qui est l’ac­tion­naire de RT). Eh bien, il le proclame en Une de Causeur, il s’en fout! Cette indif­férence au qu’en-dira-t-on est rafraîchissante. J’au­rais peut-être eu plus de scrupule à sa place et j’au­rais peut-être eu tort car ses argu­ments sont assez con­va­in­cants. Tout d’abord, l’im­por­tant est qu’il soit libre. J’imag­ine qu’il aura à cœur très vite d’or­gan­is­er un débat sur la Russie et d’y inviter des adver­saires de Pou­tine, les sujets ne man­quant pas, par exem­ple, le sort du cinéaste Oleg Sentsov (dont nous avons oublié de lui par­ler). Mais surtout, Tad­deï a beau jeu de se moquer de notre arro­gance sur le sujet, et de notre propen­sion à penser qu’il y a d’un côté la vertueuse infor­ma­tion, la nôtre, et de l’autre l’hor­ri­ble pro­pa­gande. Il suf­fit d’é­couter France Inter pour com­pren­dre que cette pieuse dis­tinc­tion ne tient pas la route. » Élis­a­beth Lévy, Le Figaro Vox, 21 sep­tem­bre 2018.

« La dis­cus­sion, tech­nique et cor­diale, tourne autour de la spécu­la­tion finan­cière, de « la régu­la­tion des pro­duits dérivés » ou de « la réduc­tion des marchés de dettes ». Et le con­traste est sai­sis­sant entre le débat et ceux qui le suiv­ent. Sur le chat de YouTube, un « zététi­cien » (tels que se nom­ment les pro­fes­sion­nels du scep­ti­cisme sci­en­tifique) demande une émis­sion sur les ovnis ; des « réin­for­ma­teurs » com­pul­sifs récla­ment Alain Soral, Dieudon­né, mais aus­si le YouTubeur d’extrême droite Rap­tor Dis­si­dent ou le cortège des can­di­dats à moins d’1% (François « Frex­it » Asse­lin­eau ou Jacques Chem­i­nade). On y retrou­ve les codes de l’infréquentable forum 18–25 de jeuxvideo.com – « yo les kheys » pour se saluer – et d’inquiétantes décharges anti­sémites con­tre les ten­ants sup­posés de la finance mon­di­ale, à base de « Juden Raus » (« dehors les Juifs », un slo­gan nazi) ou de hash­tags #gas­the­mall qui ne méri­tent aucune tra­duc­tion. On ferme la fenêtre, nauséeux. », Téléra­ma, 5 novem­bre 2018.

« Com­ment a‑t-on glis­sé de France 3 vers Rus­sia Today ? Est-ce le monde qui a changé, ou la télévi­sion ? C’est le coup de génie de RT : trop maligne pour être un bête organe de pro­pa­gande, la chaîne veut porter la voix des par­tis d’opposition et des fac­tions minori­taires, comme une ver­sion coag­ulée du Média insoumis (les accrochages financiers en moins). », Ibid

« En France, la chaîne a com­mencé par approcher la polémiste Nat­acha Polony, sans suc­cès. Puis elle a embauché l’ancien chroniqueur économique de TF1, Jean-Marc Sylvestre, avant de jeter son dévolu sur Frédéric Tad­deï. L’ex-animateur de « Ce soir ou jamais », poussé vers la sor­tie par France Télévi­sions, présente alors un pro­fil idéal pour la chaîne : cul­tivé, hors courant et provo­ca­teur. En plus, il fait savoir qu’il a besoin d’argent. Xenia Fedoro­va lui pro­pose un con­trat sur mesure, avec une émis­sion quo­ti­di­enne mali­cieuse­ment bap­tisée « Inter­dit d’interdire » », Van­i­ty Fair, 19 juin 2019.

« Il a tenu bon envers et con­tre tout sur le ser­vice pub­lic. Mais, telle la Chèvre de mon­sieur Seguin, il a fini par se faire bouf­fer par le poli­tique­ment cor­rect. Et s’il a rejoint RT, c’est parce que c’est la seule chaîne qui l’ait accueil­li », Thier­ry Ardis­son, Straté­gies, 17/09/2019.

« La nou­velle arme fatale dont sest saisie CNews pour illus­tr­er cette inflex­ion et éloign­er les accu­sa­tions de non-respect du plu­ral­isme », Chal­lenges, 06/03/2023.

Crédit pho­to : Siren-Com via Wiki­me­dia (cc)

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