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Boycott de X : la guerre de Twitter n’aura pas lieu

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27 octobre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Boycott de X : la guerre de Twitter n’aura pas lieu

Temps de lecture : 4 minutes

Une équipée de censeurs appelle à un boycott de la plateforme de « microblogging » X (ex-Twitter) le 27 octobre, date anniversaire du rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk. Une mobilisation nationale pour un réseau sans frontières, qui n’a aucune chance d’aboutir mais témoigne d’une défiance vis-à-vis de la liberté d’expression sans limite prônée par le libertarien Elon Musk.

Le trio des censeurs à l’œuvre

C’est dans une tri­bune pub­liée dans le jour­nal Le Monde que trois « spé­cial­istes » de la dés­in­for­ma­tion ont sug­géré l’idée : un boy­cott de X pen­dant une journée. Tris­tan Mendès France, Julien Pain et Rudy Reich­stadt, tous très impliqués dans les ques­tions ayant traits au com­plot et aux « fauss­es infor­ma­tions » ou aux infor­ma­tions con­sid­érées comme telles.

Les pages du « quo­ti­di­en de référence » grandes ouvertes pour cet aréopage de « sachants » leur ont per­mis de faire un peu de réclame pour une ini­tia­tive déjà présen­tée le 16 octo­bre sur les ondes de France Inter par Rudy Reich­stadt, qui a prof­ité de l’occasion pour mon­tr­er à l’auditeur sus­picieux sa pos­si­ble prox­im­ité avec la jour­nal­iste Léa Salamé dont il a rap­pelé la date anniver­saire !

Voir aus­si : Rudy Reich­stadt, portrait

Pourquoi un “no Twitter day” ?

Les raisons invo­quées dans le jour­nal Le Monde sont nom­breuses, au pre­mier rang desquelles : la réduc­tion des effec­tifs de mod­éra­tion qui ne per­me­t­traient pas de réa­gir suff­isam­ment pour sup­primer ou restrein­dre cer­tains con­tenus qui con­tre­viendraient à la loi européenne. Sont évo­quées égale­ment : « la dés­in­for­ma­tion, l’apologie du ter­ror­isme, la pédo­pornogra­phie, l’incitation à la vio­lence ou à la haine. ». Les récents évène­ments en Israël et en Pales­tine illus­trent le pro­pos des auteurs qui expliquent que des mes­sages choquants ont pu cir­culer sur les réseaux durant cette séquence médiatique.

Les trois auteurs revendiquent par ailleurs les travaux de chercheurs qu’ils ne citent pas en dénonçant un algo­rithme con­férant une prime de vis­i­bil­ité aux con­tenus dits « tox­iques » et dénon­cent la mise en place d’un sys­tème de cer­ti­fi­ca­tion payant instau­rant un « sys­tème cen­si­taire peu com­pat­i­ble avec le souci sincère de garan­tir un accès équitable à la lib­erté d’expression ».

Enfin, les pour­fend­eurs du réseau social s’in­quiè­tent des con­vic­tions poli­tiques d’Elon Musk qu’ils ne parta­gent pas…

Un soutien bien famélique

Si Le Monde et la presse a large­ment cou­vert l’initiative (ici, ici et notam­ment…), elle pein­era à fonc­tion­ner. Aucun média n’a affir­mé suiv­re le mou­ve­ment et la liste des sig­nataires ne regroupe que des incon­nus mis à part Sophia Aram, une habituée de la cul­ture de la haine. Sur les réseaux soci­aux quelques per­son­nal­ités ont néan­moins tenu à apporter leur sou­tien : les jour­nal­istes de France TV Émi­lie Tran Nguyenet, Samuel Éti­enne, l’historien mil­i­taire habitué des plateaux Cédric Mas ou encore le « philosophe » et twit­tos com­pul­sif Raphaël Enthoven. Le manque de relais d’importance par­mi les per­son­nal­ités poli­tiques et médi­a­tiques réduit l’initiative à une sorte de défense d’un petit pré car­ré de l’information. Une résis­tance qui s’organise à Paris sous un prisme très français pour ne pas dire ger­manopratin qui sem­ble faire oubli­er à ces pour­fend­eurs du com­plot que le réseau social X compte env­i­ron 12 mil­lions d’utilisateurs en France pour près de 375 mil­lions dans le monde entier…

L’initiative a con­nu des détracteurs sur les réseaux. Ain­si le hash­tag « #TheX­day » en sou­tien au réseau social a été en ten­dance après celui du boy­cott et dans une veine plus vul­gaire « #RudyKiss­MyAss » a égale­ment été très commenté.

Un échec mais des questions…

Si des cri­tiques sont audi­bles sur le réseau social X : culte de l’immédiateté et du sen­sa­tion­nel, absence de hiérar­chi­sa­tion de l’information, etc., il est para­dox­al que les per­son­nal­ités à l’initiative de la tri­bune, soient elles-mêmes été large­ment béné­fi­ci­aires des réseaux soci­aux. Cette plate­forme leur a per­mis d’exister de se faire une petite notoriété. Il faut dire que ces mêmes réseaux soci­aux sont à dou­ble tran­chant et per­me­t­tent de don­ner de l’ampleur à des petits scan­dales comme celui du fonds Mar­i­anne qui avait mis au grand jour la dota­tion de 60 000 euros au prof­it du site « Con­spir­a­cy Watch » de Rudy Reich­stadt dans des cir­con­stances bien obscures.

Au-delà des chas­seurs du com­plo­tisme attitrés, cet épisode de boy­cott raté mon­tre néan­moins une l’inquiétude que peut sus­citer la vision très lib­er­taire de la lib­erté d’expression chez le patron de X Elon Musk. Un raidisse­ment qui pour­rait peser alors que l’Union européenne et la France s’inquiètent de réguler l’information et les réseaux…