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LVMH envoie la trésorerie du Parisien se faire dorer au soleil belge

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4 juillet 2017

Temps de lecture : 4 minutes
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LVMH envoie la trésorerie du Parisien se faire dorer au soleil belge

Temps de lecture : 4 minutes

LVMH ne fait pas seulement prendre ses marques au Parisien en disposant d’un outil pratique pour attirer les investisseurs, au mépris parfois de la déontologie la plus élémentaire. Selon Le Canard Enchaîné (17/05) le journal participe aussi à une importante opération d’optimisation fiscale. Autrement dit la trésorerie du journal part en Belgique, où les impôts sont nettement moins gourmands qu’en France.

« Lorsque le groupe de Bernard Arnault a mis la main sur celui de Marie-Odile Amau­ry, la tré­sorerie du Parisien a rapi­de­ment été délestée de 20 mil­lions d’eu­ros. Cette ”avance”, comme le men­tion­nent ses comptes arrêtés au 1er juin 2016, a été réal­isée sous la forme d’un emprunt par LVMH Finance Bel­gique, autre fil­iale jouant le rôle de super­ban­quier à Brux­elles », écrit Le Canard Enchaîné. Cette pra­tique, appelée « cash pool­ing », n’est pas un pil­lage de tré­sorerie : une somme est mise au frais dans un pays où la fis­cal­ité est plus douce, et peut être ramenée à la fil­iale si elle en fait la demande.

Fume c’est du belge

Cette fil­iale, LVMH Finance Bel­gique, avait été créée en 2008 avec un mil­lion d’eu­ros dans son bas de laine. Ce dernier était passé à 7,45 mil­liards d’eu­ros en 2009, puis 9,58 en 2010. Aujour­d’hui, ce sont 17,1 mil­liards d’eu­ros qui ont quit­té la France – et sont majori­taire­ment con­sti­tués, con­tin­ue l’heb­do­madaire satirique, par « les créances d’autres sociétés du groupe », gérées par six employés.

Out­re le fait d’échap­per au fisc français, la fil­iale belge béné­fi­cie de la déduc­tion pour intérêts notion­nels, une dis­po­si­tion fis­cale belge inci­ta­tive lancée en 2006. Plus l’en­tre­prise a de fonds pro­pres, plus elle béné­fi­cie de déduc­tions. Ain­si, LVMH Finance Bel­gique a béné­fi­cié de 69,3 mil­lions d’eu­ros de déduc­tions fis­cales en 2015. La Bel­gique accueille aus­si la hold­ing per­son­nelle de Bernard Arnault, Le Peigné SA, qui a eu 61,7 mil­lions d’eu­ros de déduc­tions selon ce régime et plus de 400 mil­lions d’eu­ros en qua­tre ans. LVMH Finance Bel­gique aurait eu, selon le Canard, plus de 500 mil­lions d’eu­ros de déduc­tions fis­cales depuis 2015. Il y a encore par­mi les sociétés finan­cières belges de Bernard Arnault, Le Peigné Invest – 665 000 € de béné­fices en 2015, pour un impôt… de 2 euros. Ou encore Court­in­vst – 101 mil­lions d’eu­ros de béné­fices en 2015… pour 1 euro d’im­pôt. Le cli­mat belge a du bon.

Discrétion de la presse française

Curieuse­ment depuis la révéla­tion des astuces fis­cales de LVMH en Bel­gique, notam­ment avec l’ar­gent du Parisien, la grande majorité des médias français a préféré ignor­er ces infor­ma­tions en-dehors du Canard qui n’a pas de pub­lic­ité. Tout comme les tra­cas récents de Bernard Arnault, qui a dû con­clure une trans­ac­tion pénale avec la jus­tice belge pour obtenir l’a­ban­don des pour­suites suite à une fausse domi­cil­i­a­tion à Uccle en Bel­gique en 2012. La presse belge en a large­ment par­lé. Les médias française l’ont fait en retard et en page faits divers, sans oubli­er de men­tion­ner que ladite trans­ac­tion n’im­plique « aucune recon­nais­sance de cul­pa­bil­ité » de la part du milliardaire.

Ce qui n’a évidem­ment rien à voir, on s’en doute bien, avec la puis­sance du groupe LVMH, qui verse des cen­taines de mil­lions d’eu­ros de pub­lic­ité aux grands médias chaque année et est capa­ble de retir­er d’un coup près de 500 000 euros de bud­get pub­lic­i­taire à un titre qui a déplu – comme à Libéra­tion en 2012 pour son « casse-toi riche con ». Ou de blo­quer le traite­ment par cer­tains médias de Mer­ci patron, le film du jour­nal­iste et désor­mais député de la pre­mière cir­con­scrip­tion de la Somme François Ruf­fin, dont le per­son­nage cen­tral, et anti-héros n’est autre que Bernard Arnault. Hasard ? Le film a été cen­suré à plusieurs repris­es au Parisien. Nous vous rap­pelons que de son côté l’Ojim vit des dons de ses lecteurs et n’a pas de pub­lic­ité