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Fin d’une époque, Ramzi Khiroun, conseiller de l’ombre, quitte Lagardère

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25 août 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Fin d’une époque, Ramzi Khiroun, conseiller de l’ombre, quitte Lagardère

Temps de lecture : 4 minutes

Si la dissolution progressive (et s’accélérant) de la fin de l’empire Lagardère avait besoin d’un signe, celui-là est de taille. Ramzi Khiroun, véritable numéro deux d’Arnaud Lagardère a quitté le groupe cet été.

Chauffeur, garde du corps, et un peu plus pour DSK

Le natif de par­ents d’Afrique du Nord à Sar­celles n’avait rien pour lui, pas de rela­tions, peu d’éducation, mais du culot et jamais froid aux yeux sur les moyens à employ­er. La légende veut qu’il ait abor­dé Dominique Strauss-Kahn alias DSK au débot­té en 1999, en blo­quant sa voiture pour lui pro­pos­er ses ser­vices. De chauf­feur à garde du corps, de garde du corps à homme de con­fi­ance, d’homme de con­fi­ance à homme des mis­sions de l’ombre, n’hésitant pas à employ­er tous moyens pour défendre son patron. C’est lui qui met en place la défense de DSK quand celui-ci est soupçon­né de fauss­es fac­tures autour de la mutuelle étu­di­ante, la MNEF. C’est aus­si lui qui éteint les feux lorsque DSK a un peu mal­mené une jeune et jolie proie. C’est tou­jours lui qui vol­era à New-York pour essay­er de sauver son don­neur d’ordres pris dans la tem­pête d’une accu­sa­tion de viol, affaire qui se ter­min­era par une trans­ac­tion finan­cière et met­tra fin à la car­rière poli­tique de DSK.

De DSK à Havas et retour

L’affaire de la MNEF ter­minée, Jospin est bat­tu en 2002 par Jacques Chirac et DSK qui se voy­ait pre­mier min­istre se retrou­ve sim­ple député. Il emploie alors Khi­roun comme assis­tant par­lemen­taire respon­s­able des rela­tions avec la presse, mais le salaire est mai­gre. Il est alors présen­té à Stéphane Fouks de l’agence Havas qui le prend sous son aile au sein d’Euro RSCG. Khi­roun se retrou­ve au car­refour de la com­mu­ni­ca­tion et de la politique.

Khi­roun est tou­jours au ser­vice de DSK ; selon un pro­pos de Christophe Bar­bi­er cité dans une enquête de Mar­i­anne, il « représente la face som­bre » du qua­si can­di­dat à la prochaine élec­tion prési­den­tielle. Il « aime bien pass­er pour le porte-flingue » et n’hésite pas à men­ac­er des jour­nal­istes de boy­cott – une fois DSK élu – s’ils n’emploient pas le ton respectueux de mise pour celui que cer­tains voient bien­tôt à l’Elysée. Man­qué, DSK est bat­tu à la pri­maire social­iste et Ségolène Roy­al est elle-même battue par Sarkozy.

Divine sur­prise, Sarkozy pousse la can­di­da­ture de DSK au FMI de Wash­ing­ton et celui-ci part s’installer en sep­tem­bre 2007. Khi­roun sera sur la pho­to mais reste à Paris.

Puis Lagardère

C’est à ce moment ou un peu avant qu’il est présen­té à Arnaud Lagardère, soit par l’entourage DSK soit par celui d’Havas. Il y prend le rôle de ges­tion­naire de crise, Arnaud Lagardère de car­ac­tère plus léger étant mal à l’aise dans ces sit­u­a­tions. Il inter­vien­dra entre autres dans une affaire de dél­its d’initiés autour d’EADS en 2007, dans l’affaire Richard Gas­quet le ten­nis­man vedette du Team Lagardère soupçon­né d’usage de cocaïne en 2009 et défendra le groupe des attaques des action­naires améri­cains con­tre la gou­ver­nance hasardeuse du groupe. Il devien­dra le porte-parole du groupe et son véri­ta­ble numéro deux, avec les revenus cor­re­spon­dants (voir encadré ci-dessous).

Voir aus­si : Salaires dans le groupe Lagardère, du très lourd

Et un procès perdu contre l’Ojim

Le 4 mai 2018 nous avions pub­lié un arti­cle con­sacré au seg­ment médias du groupe Lagardère où Mon­sieur Khi­roun était cité (mal orthographié) de manière tout à fait anec­do­tique et adja­cente sur quelques lignes. Vous trou­verez cet arti­cle ici. Sa teneur a alors déplu à Mon­sieur Ramzi Khi­roun qui nous a attaqué pour « injures publiques ». Les instruc­tions judi­ci­aires sont longues, plainte en 2019, pre­mière audi­ences à la XVIIème cham­bre en 2020, plaidoiries en 2021.

Notre avo­cat avait plaidé l’annulation de la procé­dure pour des raisons de forme, la plainte ne reprenant pas exacte­ment les ter­mes incrim­inés dans l’article. L’avocat de Ramzi Khi­roun (en réal­ité l’avocat de Lagardère qui sem­blait régler les frais) avait réclamé de manière éton­nante, une « déci­sion auda­cieuse », invo­quant la date par­ti­c­ulière du jour des plaidoiries le pre­mier avril (sic) 2021. Le tri­bunal a annulé la plainte.

Ramzi Khi­roun a été décoré de la légion d’honneur en 2014 par François Hol­lande, sous le regard com­plice de Nico­las Sarkozy, invité d’honneur. Gageons qu’il saura rebondir, ses tal­ents réels et divers pou­vant servir à d’autres.