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Attentats islamistes : quand France Culture fait la critique des médias

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17 octobre 2019

Temps de lecture : 6 minutes
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Attentats islamistes : quand France Culture fait la critique des médias

Temps de lecture : 6 minutes

Le 12 octobre, France Culture a consacré son émission « La fabrique médiatique » à la façon dont les médias parlent de l’islam. Un nouvel exercice réussi des gardiens du temple du politiquement correct, qui n’a pas été sans provoquer une réaction cinglante.

France Cul­ture se tar­gue d’être la chaine des savoirs et de la créa­tion. Le savoir peut-il se dévelop­per sans con­tra­dic­tion ? Assuré­ment oui, si l’on écoute France Cul­ture. Pour nous per­me­t­tre d’accéder au savoir sur le sujet sen­si­ble de l’islam dans les médias, Car­o­line Broué a invité Samuel Gon­tier et Gilles Bruno. Le pre­mier est jour­nal­iste à Téléra­ma, le sec­ond est fon­da­teur de l’Observatoire des médias.

Les intervenants

Samuel Gon­tier a la lourde tâche de relater sa vie au poste pour le jour­nal Téléra­ma Le jour­nal­iste n’a de cesse de tra­quer la xéno­pho­bie et le racisme dans les médias. Com­pren­dre : toute cri­tique de l’islamisme qui se propage dans la société française.

Pour ne citer que deux exem­ples, à l’occasion de l’attaque au couteau de pas­sants par un migrant afghan à Villeur­banne en sep­tem­bre, nous auri­ons assisté à une « foire à la xéno­pho­bie sur CNews et BFMTV ». Après l’attentat à la Pré­fec­ture de Police de Paris, le jour­nal­iste estime que CNews est « à la recherche de barbes sig­nifi­antes de la cinquième colonne musul­mane ».

Comme nous l’écrivions en 2015, Samuel Gon­tier s’érige en arbi­tre des élé­gances et décide qui il con­vient d’inviter au petit écran et qui il con­vient d’écarter. Un exer­ci­ce où il excelle comme nous allons le voir, une fois de plus.

Gilles Bruno, prône le plu­ral­isme, mais surtout pour lui-même. En 2017, il aurait demandé à France Info de ne plus inviter le directeur de la rédac­tion du site Atlanti­co, suite à la pub­li­ca­tion d’un arti­cle sur l’agression d’une famille juive. Il a le priv­ilège d’être cité dans un autre arti­cle en ligne d’Atlanti­co con­sacré aux « red­outa­bles straté­gies que déploient ceux qui veu­lent faire taire les cri­tiques de l’islamisme poli­tique ». Son « obser­va­toire des médias » a une activ­ité à la dis­cré­tion de violette.

L’émission

L’objectif de l’émission présen­té sur le site de France Cul­ture et par l’animatrice, Car­o­line Broué, est de savoir « com­ment les médias par­lent de l’islam ». Mais dès les pre­mières sec­on­des de « la fab­rique de l’information », l’angle que pren­dra celle-ci est annon­cé : il s’agit en fait de par­ler de la cou­ver­ture des médias des nom­breux atten­tats islamistes qui ont endeuil­lé la France. Cette con­fu­sion per­sis­tera tout au long de l’émission. Savoir de quoi l’on par­le, une ques­tion à se pos­er peut-être avant de faire de longs développements…

Le prob­lème défi­ni par Car­o­line Broué est que « dans cer­tains jour­naux, la pru­dence et la mod­éra­tion ne sont pas tou­jours de mise ». La parole est alors don­née aux « obser­va­teurs des médias » :

Gilles Bruno s’exprime sur la cou­ver­ture par les médias de l’attentat à la Pré­fec­ture de Police de Paris et de façon plus générale sur la cou­ver­ture des atten­tats islamistes par les chaines d’informations con­tin­ues. Si cer­taines de ses remar­ques sont jus­ti­fiées con­cer­nant les bavardages par­fois impru­dents et les « touto­logues », les com­men­ta­teurs qui ont un avis sur tout, Gilles Bruno men­tionne rapi­de­ment les « amal­games » qui seraient faits entre islam et islamisme, sans toute­fois citer un seul exemple.

Samuel Gon­tier renchérit à pro­pos de l’attentat à la Pré­fec­ture de Police de Paris : « la ques­tion se pose encore main­tenant de savoir s’il s’agit d’un atten­tat islamiste ». S’il n’en reste qu’un à con­va­in­cre, ce sera lui. Le fait que ce sont des spé­cial­istes de l’islamisme qui ont été inter­rogés sur les plateaux de télévi­sion après l’attentat aurait selon lui con­tribué à créer une con­fu­sion dans les esprits.

Puis Car­o­line Broué essaye de refor­muler les pro­pos de ses invités. Elle se fait repren­dre : les com­men­ta­teurs vont « tout le temps » « plus vite que la machine » dans leurs commentaires.

Con­cer­nant les mots employés lors de cer­taines émis­sions, la jour­nal­iste de France Cul­ture indique que l’on y entend les ter­mes de « musul­mans rad­i­cal­isés », « islam­o­phobe », « islamo-gauchistes ». Elle demande à ses inter­locu­teurs si après des atten­tats, en employ­ant ces mots, « on ne fait plus atten­tion à rien ». Samuel Gon­tier renchérit, en faisant lui-même…un amal­game entre les musul­mans et les islamistes et se lance dans la défense du terme « islam­o­phobe » dont on con­nait l’instrumentalisation par le CCIF pour faire taire toute cri­tique de l’islamisme.

Gilles Bruno enfonce alors des portes ouvertes pour rap­pel­er que la presse écrite et les sites inter­net ont plus de recul que les chaines d’information en con­tinu. Ses références sont Le Monde, France Info, la rubrique « idées » de Libéra­tion et le compte twit­ter de… Samuel Gon­tier. On reste entre gens de bonne compagnie.

Après que Gilles Bruno ait dénon­cé l’impréparation et par­fois la vacuité de cer­taines émis­sions de chaines d’information en con­tin­ue, une cri­tique pas for­cé­ment dénuée de fonde­ments, Samuel Gon­tier s’exprime sur sa théorie des « cri­tiques infondées de l’islam ». Il déplore le fait que par­mi les invités des émis­sions d’actualité, « pra­tique­ment tous pensent la même chose, sauf une, une cau­tion de gauche ». Cela nous aura sûre­ment échappé.

Gilles Bruno s’exprime ensuite sur les unes des mag­a­zines con­sacrés à l’islamisme. « Ces unes sont très sou­vent scan­daleuses. On peut par­ler de l’arrivée de Nat­acha Polony à Mar­i­anne. C’est très prob­lé­ma­tique, elles (les revues) veu­lent ven­dre ».

Car­o­line Broué renchérit : « c’est le nerf de la guerre ». « Une dernière ques­tion, que fait le CSA ? ».

Gilles Bruno répond : « c’est une bonne ques­tion ».

L’émission se clôt sur cet appel à peine masqué à la cen­sure des inter­venants et des inter­ven­tions qui ne sont pas dans la ligne de notre appren­ti obser­va­teur des médias.

Tout au long de « la fab­rique des médias », Samuel Gon­tier et Gilles Bruno auront pra­tiqué l’amalgame et les approx­i­ma­tions qu’ils sont si prompts à dénoncer :
— approx­i­ma­tion à par­ler d’une présen­ta­tion néga­tive de l’islam alors que les débats post atten­tats sont con­sacrés à l’islamisme meurtrier,
— amal­game con­cer­nant les inter­venants de ces émis­sions d’actualité, où tant des « touto­logues », prêts à par­ler de tout que d’éminents spé­cial­istes comme Gilles Kepel, Mohamed Sifaoui, etc. sont présents.

Nos deux inter­venants auront dess­iné en creux les tabous qu’il con­vient de ne pas faire tomber : par­ler néga­tive­ment de musul­mans rad­i­cal­isés, d’islamo-gauchistes, et plus générale­ment d’un cer­tain islam. Ne pas respecter ces tabous mérit­erait que le Con­seil Supérieur de l’Audiovisuel s’érige en maitre à penser à ban­nis­sant des ondes et des écrans toute cri­tique de l’islam radical.

Ce débat entre des inter­venants et une ani­ma­trice qui s’auto con­grat­u­lent et se font récipro­que­ment de la pub­lic­ité serait bien sym­pa­thique s’il ne s’agissait pas d’une émis­sion du ser­vice pub­lic de radio, cen­sé présen­ter une plu­ral­ité d’opinions. Quand Madame Broué aura-t-elle le courage de sor­tir du jour­nal­isme de con­nivence et de se con­fron­ter à d’autre obser­va­teurs des médias, comme par exem­ple Ingrid Riocre­ux (Causeur), Jean-Yves Le Gal­lou (I‑Media), Claude Chol­let (Obser­va­toire du jour­nal­isme) ?

Sur son compte Twit­ter, France Cul­ture avait présen­té l’émission « la fab­rique de l’information » en posant la ques­tion : « Les médias face à l’islam, à quoi jouent-ils ? ».

Une réponse cinglante vien­dra rapi­de­ment de Joseph Macé-Scaron de Mar­i­anne: « Je ne vous souhaite pas d’avoir un ami et un jour­nal­iste assas­s­iné par la bar­barie. Votre tweet est obscène dans tous les sens du terme ».

Qui saurait mieux dire ?