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Aides à la presse 2012/2017 : les grands groupes trustent les aides

31 janvier 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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Aides à la presse 2012/2017 : les grands groupes trustent les aides

Temps de lecture : 3 minutes

Les aides à la presse constituent un maquis presque inextricable : TVA à 2,1%, tarifs postaux, aides au portage, aides au pluralisme, fonds stratégique de développement etc… Benjamin Dormann, dans son indispensable Ils ont acheté la presse (Jean Picollec éd.), les évaluait à plus de deux milliards d’euros en 2013. La Lettre A du 29 janvier 2019 fait un point sur les principaux bénéficiaires de 2012 à 2017.

Dassault, Arnault et Niel/Pigasse en tête

Bien enten­du ce ne sont pas feu Serge Das­sault ou Bernard Arnault ou le cou­ple médias Xavier Niel/Mathieu Pigasse qui ont empoché les aides sur ces six années, ce sont les médias qu’ils contrôlent.

  • Médaille d’or : Le Figaro (68,1 M€)
  • Médaille d’argent : Le Parisien/Aujourd’hui en France (64,7 M€)
  • Médaille de bronze : Le Monde (64,5 M€)

Un pre­mier acces­sit pour Ouest-France (49 M€), un deux­ième pour Libéra­tion (47 M€), un troisième pour Bayard/La Croix (43 M€), un dernier pour L’Humanité (30 M€). Ces trente mil­lions d’euros n’auront pas suf­fi au quo­ti­di­en com­mu­niste qui est en redresse­ment judi­ci­aire.

En 2017 Bernard Arnault rafle la mise

Pour la dernière année con­nue (2017), le groupe médias de Bernard Arnault empoche 13,7 M€ devant Sipa/Ouest France (8,9 M€), le groupe Crédit Mutuel et ses neuf titres régionaux (6,5 M€), Le Figaro (6,2 M€), le groupe SFR médias dont nous vous par­lions récem­ment (Libération/ L’Express, 6,1 M€), Le Monde (6 M€) et L’Opinion (2,3 M€).

L’Opinion, journal des grandes fortunes

Le quo­ti­di­en économique représente un cas à part. Financé de manière par­ti­c­ulière­ment opaque par de grandes for­tunes (Arnault encore lui, famille Bet­ten­court, famille Bich, Claude Per­driel) et de grandes entre­pris­es (News­corp, Galeries Lafayette) ses ventes restent très mar­ginales par rap­port aux Échos. La société éditrice vient de lever en 2018 2,6 M€ auprès de ses action­naires. Mieux, le quo­ti­di­en dirigé par Nico­las Beytout annonce une nou­velle aug­men­ta­tion de cap­i­tal de 10 M€. Une aug­men­ta­tion qui voit la mon­tée au cap­i­tal de Rupert Mur­doch et de ses alliés. Au total, le jour­nal aura levé près de 25 M€ pour une dif­fu­sion sans doute mar­ginale mais qui per­met à ses action­naires de dis­pos­er d’une voix dans le con­cert médiatique.

Une pos­ture finale­ment peu dif­férente des entre­pre­neurs qui domi­nent les médias. Leur investisse­ment dans les médias ne représente qu’une part très min­ime de leur activ­ité glob­ale. Abon­dam­ment sub­ven­tion­nés, ils peu­vent se per­me­t­tre des pertes qui sou­vent remon­tent dans les hold­ings et dimin­u­ent ain­si l’impôt sur les sociétés. Un mécan­isme déjà étudié par Jean Stern dans son ouvrage Les patrons de la presse nationale (La fab­rique éd.). Comme dis­ait ma grand-mère on ne prête qu’aux riches.

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