De respectables lecteurs font confiance au Figaro, supposé être une vigie droitisante en face du progressiste Monde. Certaines signatures font illusion et le Figaro Vox demeure un exutoire pour la fraction la plus conservatrice du lectorat. Pour le reste les positions sont souvent alignées entre les deux journaux et pour une raison simple, le profil de la majorité (pas tous bien entendu) des journalistes est à peu près le même dans les deux rédactions. Analyse de deux papiers hostiles à Elon Musk et à sa croisade pour la liberté d’expression.
Le Figaro : Elon Musk fait de la propagande
Sous la signature d’Hélène Vissière nous lisons un papier du 13/08/24 intitulé « Émeutes en Grande-Bretagne, présidentielle américaine : Elon Musk déploie sa propagande très politique ». L’introduction donne le ton, cet « absolutiste de la liberté d’expression » a « autorisé le retour d’extrémistes sur la plateforme ». Un absolutiste ne présage rien de bon, encore moins si de surcroît il soutient des extrémistes qui ne sauraient trop plaire à un public supposé bourgeois et rassis.
Hélène aime bien Keir Starmer et Humza Yousaf
Keir Starmer est le nouveau premier ministre travailliste après la désastreuse législature des conservateurs. C’est lui, après le meurtre de trois fillettes anglaises par un rwandais, qui a séquestré et puni son peuple dont les réactions de dégoût et d’indignation se sont transformées en émeutes. C’est lui qui a fait mettre en jugement et emprisonner des centaines de britanniques indignés, manifestants ou simples utilisateurs de X/Twitter exprimant leur colère. Elon Musk a exprimé son soutien aux protestataires embastillés, soulignant que la police qui matraquait les protestataires a soutenu les manifestants diversitaires anglais antifas. Il a estimé – peut-être à tort – que « la guerre civile était inévitable ».
Nous aurions tendance à penser le contraire, le pouvoir politique anglais emploiera tous les moyens à sa disposition pour briser la conscience de son peuple et ses réactions, les meurtres de fillettes continueront, les viols de centaines de jeunes filles par des gangs pakistanais continueront d’être tus ou minimisés, mais c’est un autre sujet. Hélène Vissière voit dans X/Twitter rendu plus libre par Musk un réseau social qui « fourmille de bobards et de discours haineux ». Elle partage l’avis de l’ex-premier ministre écossais Humsa Yousaf qui voit dans Musk « l’un des hommes les plus dangereux de la planète ». On a les amis qu’on mérite.
Le Center for Countering Digital Hate (CCDH) d’Imran Ahmed
Vous ne connaissez pas le CCDH, normal si vous n’êtes pas anglo-saxon, c’est un enfant chéri d’Hélène, qu’elle cite comme une référence. Le CCDH, avec des bureaux à Londres et Washington, a été créé en 2018 d’abord sous le nom de Brixton Endeavors et a pour but de « lutter contre les discours de haine en ligne et la désinformation ».
Il s’intéresse en particulier aux campagnes non conformes sur le Covid, aux financements des médias américains ou anglais conservateurs (sur le modèle des Sleeping Giants), il soutient les campagnes de l’Open Society de George Soros en diabolisant ses adversaires, promeut la campagne Black Lives Matter, il mène une campagne très active contre la politique de moindre censure d’Elon Musk etc. Le CCDH est membre de la coalition Stop Hate for profit, (voir infra).
Stop Hate for profit, une organisation d’extrême-gauche
Voyons d’un peu plus près à quoi ressemble Stop Hate et citons sur le sujet un article de Marianne du 13/01/21. Après la défaite de Donald Trump et l’invasion du Capitole par ses partisans, YouTube (Google) prend la décision de supprimer la chaîne de Donald Trump, comment et pourquoi ? Citons Marianne :
« Une coalition d’ONG avait demandé à la plateforme de supprimer cette chaîne et l’avait menacé de boycott publicitaire si elle ne s’exécutait pas … Ce 12 janvier, la plateforme a bloqué la chaîne du président “pour au moins 7 jours” et a supprimé une vidéo pour motif de violation de sa politique luttant contre l’incitation à la violence. Cette décision intervient après l’appel, le même jour, d’une coalition d’ONG intitulée “Stop Hate for Profit” (“Arrêtez la haine pour le profit”), menaçant YouTube de boycott publicitaire si elle ne supprimait pas le compte du président…
Une centaine d’organisations américaines se trouvent à l’origine de cette initiative. Certaines sont locales (Arizona Jews 4 Justice, par exemple), d’autres, très présentes au niveau national. La Gay & Lesbian Alliance Against Defamation, GLAAD, influente association décernant chaque année les GLAAD Media Awards, ou encore la National Association for the Avancement of Colored People, organisation de défense des droits civiques historique aux États-Unis, font notamment partie des organisateurs. Démarrée par la signature de marques d’équipements de randonnée REI, de vêtements Patagonia et les glaces Ben & Jerry, la campagne Stop Hate for Profit a rapidement été rejointe par le roi des télécoms Verizon, les constructeurs automobiles Ford et Honda, ou encore le géant des pharmacies Walgreen ».
Fermez le ban, c’est — tout cru — le visage de l’alliance du cyber capitalisme et de l’aile d’extrême gauche du parti démocrate. Où pourrait-on plutôt retrouver des admirateurs du CCDH et de Stop the Hate ? Sur Mediapart ? Que nenni, c’est dans le Figaro où la charmante Hélène cite favorablement ses camarades de CCDH/Stop the Hate. Ami lecteur du Figaro, une partie du contenu de ton quotidien préféré pourrait aussi bien se trouver sur Libération sous la signature d’Hélène et de quelques autres.
Le Monde : Elon Musk obsédé par le virus woke
Coïncidence ou non, c’est exactement à la même date du 13/08/24 qu’Arnaud Leparmentier signe un article dans Le Monde intitulé « Les obsessions d’Elon Musk : repeupler la planète et détruire le virus woke ». Avec Hélène, Musk était un absolutiste, avec Arnaud il est maintenant doublé d’un obsédé. L’article de Leparmentier exerce une sorte de psychanalyse de Musk, dont la conclusion s’énonce d’elle-même la lecture achevée : Musk est fou, tout simplement.
Démolition en règle de Musk par sa vie privée
Accrochez-vous, Musk était marqué par Lucifer dès son enfance et ça ne s’est pas amélioré ensuite :
Il a été élevé dans « l’Afrique du Sud blanche de l’apartheid ». C’est un enfant « timide et solitaire » qui « atteint du syndrome d’Asperger » joue à « Donjons et dragons ». Il évolue dans « une société très macho » mais pourtant « il ne jouait pas au rugby ». Pour la famille, c’est pire avec « une mère de 76 ans qui a des rêves d’éternité en faisant la top-modèle en couverture des magazines, tandis que son père a eu deux enfants avec la fille de sa deuxième femme ».
Sa vie sexuelle n’est pas nette, il a eu douze enfants (horreur) dont un/une en transition de genre, ce qu’il n’a pas accepté (il aurait dû se réjouir). Il a proposé à une hôtesse de l’air « des relations sexuelles en échange d’un cheval » (sic), il a eu également « des aventures sans lendemain » (voilà qui est exceptionnel). Il a divorcé plusieurs fois et dans un cas, « l’ancien couple se dispute la garde des enfants devant les tribunaux, une audience ayant eu lieu au Texas cet été », Leparmentier doit considérer ce conflit, hélas banal, comme une preuve supplémentaire de déséquilibre.
Absence de maturité personnelle
Tout ceci reflète une (regrettable) « absence de maturité personnelle ». Une preuve de plus : « L’homme n’est pas religieux, mais il se définit comme « chrétien culturel ». Derrière le terme « chrétien », sans doute faut-il lire « occidental », même si les trois quarts d’entre eux vivent dans des pays du Sud. « À moins que davantage de courage ne se mobilise pour défendre ce qui est juste et bon, le christianisme périra », a‑t-il déclaré aggravant son cas.
Pire, il a annoncé « mi-juillet, sa volonté de déplacer au Texas le siège de SpaceX et celui de X, situés en Californie, en raison d’une loi interdisant aux écoles de cet État de notifier aux parents le changement de genre des élèves sans consentement de ces derniers » car « Le but de cette loi diabolique est de briser la relation parent-enfant et de donner la charge de vos enfants à l’État », accuse t’il. Pas de doute, celui qui souhaite que les parents soient informés en cas de changement de sexe de leur enfant est un malade à enfermer. D’ailleurs, « ce libertarien – autrement dit adepte d’une liberté quasi absolue – a dérivé aux confins de l’extrême droite et confirmé son soutien à Donald Trump dans la foulée de la tentative d’assassinat dont l’ancien président a été victime le 13 juillet, en Pennsylvanie ».
N’en jetez plus, la cour est pleine ! À la lecture de cet article on a l’impression qu’Arnaud Leparmentier – d’habitude plus mesuré – s’est laissé emporter par la haine de son sujet. Il a écrit malgré lui une sorte de pastiche, un réquisitoire en forme de bric-à-brac, où tout y passe et où tout est à charge. Par exemple, Elon Musk a eu recours à la PMA (souvent encouragée par le Monde) et aurait fait une proposition de GPA (très, très vivement encouragée par le journal) à une dame, c’est le signe d’une paranoïa pour un homme obsédé par le possible déclin de la reproduction humaine. On pourrait citer d’autres exemples.
On peut se moquer de Musk, pourquoi pas ? L’attaquer politiquement aussi. Mais l’homme qui a créé Tesla, SpaceX, Neurolink, qui est une des personnes à la base de la diffusion de l’intelligence artificielle, n’est pas seulement l’absolutiste de Vessière ou l’obsédé de Leparmentier. C’est aussi un industriel d’exception et un partisan de la liberté d’expression et d’opinion. C’est à ce dernier titre que, le même jour, deux journalistes un du Monde et une du Figaro le clouent au pilori. C’est tout sauf un hasard.