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La revue Éléments publie un numéro sur les médias

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26 mars 2017

Temps de lecture : 3 minutes
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La revue Éléments publie un numéro sur les médias

Temps de lecture : 3 minutes

Éléments, « Le magazine des idées », largement inspiré par Alain de Benoist, connaît un renouveau depuis le lancement de sa nouvelle formule plus riche, plus accessible, sans perdre en densité et avec de nouvelles plumes. Chaque numéro, outre des entretiens avec des personnalités du monde intellectuel (Onfray, Julliard, Gauchet, Guilly pour la dernière parution) contient un dossier. Celui du numéro 165 (avril/mai 2017) est consacré au « Parti des médias en accusation ». Décryptage.

« Encore un siè­cle de jour­nal­isme et tous les mots pueront », ces dures paroles de Niet­zsche ouvrent le numéro mais en vérité « les mots ne puent pas tant qu’ils mentent ». L’Ojim avait pub­lié un entre­tien avec Ingrid Riocre­ux lors de sa sor­tie de son livre La langue des médias. La soci­o­logue pré­cise sa pen­sée qui s’articule autour de deux axes : « destruc­tion du lan­gage et fab­ri­ca­tion du con­sen­te­ment ». La bonne con­science implicite d’une large frange des jour­nal­istes (pas tous) leur per­met d’employer de manière naturelle des con­no­ta­tions dépré­cia­tives (« phobe », euro­phobe, homo­phobe) ou lauda­tives (voir L’Obamania). Et la post-vérité ? « Si les médias dom­i­nants veu­lent désign­er par là des procédés qui con­sis­tent à tor­dre le réel pour le met­tre au ser­vice d’une thèse ou d’un dogme, alors ils devraient se recon­naître comme des maîtres post-vérité ».

Téléréalité et post-vérité

Qua­tre pages déca­pantes sur la téléréal­ité « La télé-réal­ité c’est enfer­mer des araignées dans un bocal et voir ce qui s’y passe » voisi­nent avec une analyse ser­rée des orig­ines de la « post-vérité » qui rem­place le bon vieux bobard. La post-vérité : un con­cept qui remonte curieuse­ment aux grands décon­struc­teurs Fou­cault et Der­ri­da. Dans un entre­tien cor­rosif Robert Ménard revient sur son par­cours, de fon­da­teur de Reporters Sans Fron­tières à la mairie de Béziers, et sug­gère de sup­primer les aides à la presse pour sauver les jour­nal­istes de leur entre soi.

Inter­viewé, Claude Chol­let (fon­da­teur de l’Ojim) con­state que les médias de ser­vice pub­lic (financés par la rede­vance) encensent la doxa libéral-lib­er­taire au moment où la pro­fes­sion de jour­nal­iste se pré­carise via les fer­mes de con­tenus dont la plus impor­tante en France Relax News est pos­sédée par « le jeune loup et le vieux singe », Matthieu Pigasse et Serge Dassault.

Chers, très chers médias

Dans trois pages implaca­bles Ben­jamin Dor­mann résume son livre Ils ont acheté la presse (Picol­lec édi­teur). Alors qu’une grosse poignée de mil­liar­daires domi­nent la presse, celle-ci reçoit des mil­liards de sub­ven­tions directes et indi­rectes. Mieux, deux patrons de réseaux télé­phoniques Xavier Niel avec Free et Patrick Drahi avec SFR trans­for­ment les médias en pro­duit adja­cent d’un abon­nement télé­phonique. Ils en prof­i­tent au pas­sage pour faire cam­pagne ouverte­ment pour Emmanuel Macron, fidéi­com­mis du cap­i­tal­isme sociétal.

Decodex, CrossCheck, dura Lex

Les deux pages les plus stim­u­lantes sont celles de l’écrivain Slo­bo­dan Despot qui démonte l’arrivée des GAFA (Google, Ama­zon, Face­book, Apple) dans l’élaboration d’un nou­v­el Index. Les géants de la Toile vont pro­duire de l’information ou la con­trôler via leurs algo­rithmes. Dans un ent­hou­si­asme naïf (pas seule­ment car Google a sub­ven­tion­né le jour­nal pour ce faire) Le Monde a lancé son Decodex qui a fait un flop reten­tis­sant. Mais les petits jour­nal­istes de Decodex n’ont pas vu que « ce développe­ment laisse entrevoir une issue bur­lesque qu’un Philip K. Dick n’eût pas reniée : le rem­place­ment des rédac­teurs par des algo­rithmes ». Le News Lab de Google dont la mis­sion « Fia­bil­ité et Véri­fi­ca­tion » doit être com­prise dans son sens orwellien « Men­songe et Con­trôle » indique où le jour­nal­isme européen offi­ciel prend ses sources : en Californie.

Voir aussi

Éléments, avril/mai 2017, 96p, 6,90€, en vente en kiosque