Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Russia Today France à la croisée des chemins

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

30 avril 2018

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | not_global | Russia Today France à la croisée des chemins

Russia Today France à la croisée des chemins

Temps de lecture : 3 minutes

Lancée en France en décembre 2017 et très attendue, la vie de RT n’a pas été de tout repos. Frappée d’ostracisme par le Président de la République qui accusait (à tort) la chaine d’avoir propagé des rumeurs sur une possible liaison de sa part avec Mathieu Gallet (ex Président de Radio France), RT a fait l’objet d’une mauvaise publicité dès le départ. Son comité d’éthique a été affaibli par le départ d’Hélène Carrère d’Encausse.

Une faible connaissance de la France

Ce n’est pas l’expérience télévi­suelle qui man­quait aux dirigeants de RT, mais une vraie con­nais­sance des spé­ci­ficités français­es. Péché d’orgueil ? La chaine qui voulait attir­er des grands noms du méti­er n’a pu attir­er que des per­son­nal­ités peu con­nues du grand pub­lic. Et l’équipe dirigeante russe ne pra­ti­quait pas le français au départ.

La qual­ité tech­nique des pro­grammes ne sem­ble pas être en cause. Les moyens sont là et bien là. Les décors sont impec­ca­bles, les doc­u­men­taires (dont beau­coup sont repris des autres chaines RT) sont sou­vent orig­in­aux et pas­sion­nants. Les infor­ma­tions toutes les heures sont présen­tées de manière pro­fes­sion­nelle. Mais les vedettes poli­tiques hési­tent encore à se ren­dre sur la chaine, la soupçon­nant de n’être que le vecteur de la poli­tique russe. Une accu­sa­tion qui ne résiste pas à une écoute hon­nête. Nul ne peut imag­in­er que RT va entamer une cri­tique en règle du pou­voir russe, mais une pro­pa­gande en forme d’apologie serait con­tre-pro­duc­tive et ne ren­tre pas dans la poli­tique de la chaine.

La dif­fu­sion dans un pre­mier temps sur la toile et sur la seule box de Free a con­sid­érable­ment freiné l’écoute de la chaine. L’accord récent con­clu avec Orange peut chang­er les choses.

L’occasion Orange

Inter­rogé par nos soins le spé­cial­iste de la télévi­sion Emmanuel Gout (passé par Canal+, Telepiù, Cinec­ci­ta) com­mente pour l’Observatoire du jour­nal­isme ce pos­si­ble tour­nant. Verbatim.

OJIM. L’arrivée de RT sur Orange change t’il la donne ?

Emmanuel Gout : Cette dis­tri­b­u­tion sur Orange devrait représen­ter le tour­nant de la chaîne russe en France. Cette fois la direc­tion de la chaîne russe ne pour­ra pas accuser tel ou tel d’avoir subi les pres­sions d’un pou­voir poli­tique qui l’aurait con­damnée d’office.

Peut-on con­sid­ér­er que RT est un organe de propagande ?

Dans ce cas pré­cis, la force de l’exemple et de l’action est la plus belle des répons­es, tant la qual­ité de l’information, forte de ses dif­férences est indé­ni­able. Per­son­ne, à ce jour, n’a pu trou­ver une fake news sur RT. On peut lui reprocher son ton, son angle d’approche des sujets, mais quoi de dif­férent avec les autres chaînes du monde ? Vivons la com­plé­men­tar­ité au ser­vice du téléspectateur !

À ce stade de son développe­ment que devrait faire main­tenant RT ?

Il sem­blerait à ce stade, que RT se délecte un peu d’une cul­ture vic­ti­maire qui la ghet­toïse, sans compter le style « L’espion qui m’aimait ». Voilà qui ne peut qu’alimenter ses détracteurs. RT France devrait com­pren­dre que la con­fronta­tion, le débat et la démon­stra­tion ne sont nulle­ment des signes de faib­lesse ou de renon­ci­a­tion mais font par­tie de notre pat­ri­moine et ren­for­cent sa crédibilité.