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Podcasts : le nouvel eldorado de la presse ?

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7 février 2020

Temps de lecture : 4 minutes
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Podcasts : le nouvel eldorado de la presse ?

Temps de lecture : 4 minutes

Le podcast (ou balado-diffusion, selon le joli mot de nos cousins québécois) est en constante augmentation depuis quelques années de manière générale sur la toile. Mais il est peut-être et surtout en train de devenir le nouvel horizon de la presse en ligne. Utilisant la technologie du flux RSS, ce mode de diffusion audio est aussi aisé à fabriquer qu’à consommer. Selon des chiffres de décembre 2019, on en compte ainsi plus de 800 000 en France. Le développement est exponentiel et vertigineux.

Plusieurs familles de podcasts

Le pod­cast regroupe en réal­ité plusieurs familles. La pre­mière et la plus évi­dente, ce sont les replays d’émission de radio (ou « radio de rat­tra­page ») : tout sim­ple­ment les pro­grammes des sta­tions de radio qui peu­vent être réé­coutés à la demande. Aujourd’hui, qua­si­ment toutes les radios pro­posent naturelle­ment leurs émis­sions en pod­casts. La sec­onde famille regroupe ce que l’on appelle les pod­casts « nat­ifs » : des con­tenus audio pro­duits en vue d’une dif­fu­sion directe auprès du pub­lic, sans pas­sage à la radio. Ils sont beau­coup plus nom­breux car non soumis à une grille de pro­grammes et surtout plus faciles à pro­duire. Ils pul­lu­lent, avec des qual­ités très inégales.

Les pod­casts indépen­dants sont de toute nature, de la fic­tion au doc­u­men­taire, et trait­ent de tous les sujets. Ils ont l’avantage d’être libres et soumis à aucune con­di­tion, comme les youtubeurs qui surent dévelop­per leur pro­pre pro­pos. Ils ont cepen­dant le désa­van­tage de demeur­er con­fi­den­tiels, à défaut d’une chaîne qui les regrouperait tous, comme Youtube pour la vidéo. C’est pourquoi se dévelop­pent par­al­lèle­ment les réseaux de pod­casts, sous la houlette de maisons de pro­duc­tion qui ten­tent ain­si de cumuler les chiffres d’audience. Audi­ble, pro­priété d’Amazon, s’impose pour le moment comme le chef de file de cette méthode.

La presse écrite s’y engouffre

Mais au-delà de ça, c’est surtout la presse écrite qui se jette depuis quelques mois à corps per­du dans ce qui appa­raît comme un nou­v­el eldo­ra­do. Effet de sat­u­ra­tion ? La vidéo, média roi depuis une quin­zaine d’années sur le web sem­ble mar­quer le pas. Comme si le pub­lic décou­vrait enfin les défauts de l’écran qui, au-delà de sa séduc­tion immé­di­ate, empêche générale­ment de penser et de réfléchir. Les nou­veaux modes de con­som­ma­tion de l’information jouent aus­si en la matière : il est plus aisé pour le pub­lic pris dans de longs déplace­ments pour aller tra­vailler d’écouter un pod­cast, dans sa voiture ou dans les trans­ports en com­mun, que de regarder une vidéo.

On trou­ve ain­si des pod­casts chez des acteurs des médias aus­si var­iés que Soci­ety, Medi­a­part, Gala, Con­flits, L’Obs, Chal­lenge ou Le Figaro… Si cer­tains se lim­i­tent encore à l’enregistrement sim­ple d’éditoriaux ou à la lec­ture d’articles, d’autres n’hésitent pas à inven­ter des for­mats neufs. Ce peut être des émis­sions his­toriques comme des enquêtes jour­nal­is­tiques, ou encore des inter­views à l’état brut.

Rentabilité incertaine

Demeure la ques­tion de la rentabil­ité, donc du finance­ment. Si c’est pour la presse écrite en ligne d’abord un moyen d’augmenter ses audi­ences, bien­tôt se posera pour elle la ques­tion de la « monéti­sa­tion ». Plusieurs hypothès­es sont déjà explorées : la pub­lic­ité dite « au CPM » (c’est-à-dire au « coût pour mille écoutes ») qui repose sur le sché­ma clas­sique de la pub­lic­ité télévi­suelle ou de YouTube, où plus le pod­cast est écouté, plus il rapporte.

Mais les tar­ifs demeurent très bas, entre 15 et 20 euros pour mille écoutes. Autre ten­ta­tive : le « spon­sor­ing », où des mar­ques finan­cent des saisons de pod­cast, pour des tar­ifs de quelques dizaines de mil­liers d’euros. L’offre payante est aus­si testée, notam­ment par Radio France. Enfin, le « brand con­tent » c’est-à-dire la pub­lic­ité déguisée, qui tient aujourd’hui la corde dans le monde de la vidéo, notam­ment chez Brut ou Kon­bi­ni.

Le pod­cast est encore une terre à moitié vierge en France, dont les fron­tières doivent être repoussées. La révo­lu­tion audio est en route, mais le point d’arrivée est encore incertain.

Sur le même sujet voir notre arti­cle sur Maje­lan de Math­ieu Gal­let.