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L’Obs : nouveau plan social en vue ?

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1 février 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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L’Obs : nouveau plan social en vue ?

Temps de lecture : 4 minutes

Le cabinet Secafi vient de réaliser un audit de L’Obs et le moins qu’on puisse dire, c’est que le journal de la gauche caviar ne se porte pas bien. En moins de quatre ans, depuis janvier 2014 et l’arrivée du trio Bergé-Niel-Pigasse – il a beaucoup perdu, tant en résultats qu’en lecteurs, et une nouvelle cure d’amaigrissement est encore prévue l’an prochain. Sans qu’elle puisse garantir la rémission.

Selon l’au­dit, résumé dans un entre­filet du Canard Enchaîné (24.01), le chiffre d’af­faire est en effet tombé de 80,4 à 57,5 mil­lions d’eu­ros en qua­tre ans (-28%), la vente au numéro a chuté d’un tiers, les recettes pub de 38% et le chiffre d’af­faires issu des abon­nements d’un quart – cela dit, c’est le prob­lème de nom­breux mag­a­zines et jour­naux qui, pour main­tenir leur base de lecteurs, en sont réduits à pro­pos­er des abon­nements à prix cassé par rap­port au prix de la vente en kiosque, jusqu’à 80% de réduc­tion. Jusque et y com­pris les sites de vente en ligne (Bran­dal­ley, Cdis­count…), ce qui n’en­cour­age évidem­ment pas les lecteurs à acheter en kiosque…

La mau­vaise san­té de L’Obs se con­firme dans les chiffres de la dif­fu­sion France payée, en recul de 5% sur 2016–2017 (4,92%) et de 29,4% depuis 2013. Pis encore, en 2006 L’Obs s’é­coulait à 550 000 exem­plaires par semaine, loin devant Le Point qui le rat­trape désor­mais. Bref, L’Obs perd de l’influence, des lecteurs, et surtout de l’argent, mal­gré les sub­ven­tions d’E­tat (390 418 € en 2015). Les pertes atteignent ain­si 2,5 mil­lions d’€ en 2015, 3 mil­lions d’€ en 2016. Le licen­ciement poli­tique d’Aude Lancelin, out­re un effet désas­treux sur la com­mu­ni­ca­tion, n’a rien arrangé – L’Obs a en effet été con­damné à lui pay­er 90 000€. Les plans soci­aux n’ont pas suf­fi : après une pre­mière char­rette en 2014 (37 départs) et une sec­onde en 2016 (43 licen­ciements), une nou­velle serait « dans les tuyaux pour l’an prochain », avance l’heb­do­madaire satirique.

Le seul gag­nant de l’opéra­tion est Claude Per­driel, sor­ti totale­ment du cap­i­tal de L’Obs fin 2016, il est vrai après y avoir investi à perte des mil­lions d’eu­ros. Si l’au­di­ence numérique est au beau fixe – 2,14 mil­lions de per­son­nes sur tous sup­ports, 95 000 lecteurs de plus par rap­port à la vague précé­dente, en accord avec la ten­dance qui veut que « les jour­naux soient de moins en moins achetés, mais de plus en plus lus » – et que Matthieu Crois­sandeau estime pour Pure­me­dias (avril 2017) que « “L’Obs” est en dynamique pos­i­tive », le mag­a­zine ne roule pour­tant pas sur l’or.

Et L’Obs a du faire face à des accu­sa­tions par­ti­c­ulière­ment fortes de prox­im­ité avec Emmanuel Macron pen­dant la cam­pagne, ce qui lui a aliéné une par­tie de ses lecteurs situés plus à gauche ou plus à droite. Out­re l’af­faire Aude Lancelin, la Une de Macron sous les bar­belés a été descen­du par son pro­pre fon­da­teur, tan­dis que Jean-Luc Mélen­chon s’en est pris à plusieurs repris­es à L’Obs.

Crois­sandeau affir­mait aus­si « aujour­d’hui, “L’Obs” a adap­té son mod­èle économique du point de vue de la masse salar­i­ale, mais on a aus­si adap­té notre mod­èle économique sur tous les autres coûts. Cela devrait nous per­me­t­tre de revenir à l’équili­bre cette année, parce que nos bud­gets prévoient de revenir à l’équili­bre ». L’au­dit donne la preuve que non, puisque le jour­nal con­tin­ue à per­dre de l’ar­gent et à moins se ven­dre. Le mag­a­zine pré­pare d’ailleurs une nou­velle fusion pour économiser encore un peu : le titre Le Plus dis­paraî­tra au prof­it de Rue89. Il s’ag­it plus d’une fusion de canards boi­teux de la bobosphère que d’un nou­v­el acteur puis­sant : les deux titres ne comptent plus que 4 jour­nal­istes cha­cun, qui tra­vail­lent dans le même open space. Nol­wenn Le Bleven­nec devrait diriger l’ensemble.

Il se trou­ve en effet que les action­naires – Niel, Pigasse et Bergé décédé depuis – ont injec­té 16,5 mil­lions d’€ dans L’Obs depuis qua­tre ans et ne sont apparem­ment guère dis­posés à en rajouter. Si la presse est pour cer­tains patrons une sorte de « danseuse » qui jus­ti­fi­ait l’in­vestisse­ment par l’in­flu­ence qu’on pou­vait en tir­er, elle s’avère fort chère pour des résul­tats finale­ment assez ténus et beau­coup d’embêtements. Bref, le jour­nal de la gauche caviar devra pass­er aux chips et au pétil­lant pre­mier prix.