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Les grands médias français très critiques vis-à-vis de la Pologne gouvernée par le PiS : profil de leurs correspondants

4 mars 2017

Temps de lecture : 6 minutes
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Les grands médias français très critiques vis-à-vis de la Pologne gouvernée par le PiS : profil de leurs correspondants

Temps de lecture : 6 minutes

Pourquoi les grands médias français ne parlent-ils de la Pologne que du point de vue de la gauche et des libéraux ? Pourquoi ont-ils tant critiqué le gouvernement de coalition dirigé par le parti conservateur Droit et Justice (PiS) des frères Kaczyński en 2005–2007 avant de vanter aveuglement les gouvernements libéraux de Donald Tusk (2007–2014) et Ewa Kopacz (2014–2015), et repartir à la charge dès la constitution du gouvernement majoritaire du PiS en novembre 2015 ?

Si dans la péri­ode 2005–2007 l’influence des cer­cles liés au jour­nal libéral-lib­er­taire polon­ais Gaze­ta Wybor­cza était très vis­i­ble, c’est moins le cas aujourd’hui. Le par­ti-pris actuel des médias français s’explique en fait tout sim­ple­ment par leur pro­fil idéologique. Les grands médias français se ressem­blent tous con­traire­ment d’ailleurs aux médias polon­ais qu’ils con­sid­èrent pour­tant comme étant privés de lib­erté d’expression et étouf­fés par le PiS. N’en déplaise à Reporters sans fron­tières, si la France béné­fi­ci­ait du même plu­ral­isme médi­a­tique que la Pologne, la cou­ver­ture de l’actualité polon­aise serait cer­taine­ment plus com­plète et plus diverse.

L’ombre de Soros

On ne s’étonnera bien sûr pas que dans un jour­nal de gauche comme Le Monde le jour­nal­iste Piotr Smo­lar, fils d’Aleksander Smo­lar, un ancien com­mu­niste aujourd’hui prési­dent de la Fon­da­tion Ste­fan Bato­ry financée par George Soros et proche du jour­nal Gaze­ta Wybor­cza (lui aus­si financé par George Soros) ait été rem­placé, après avoir cou­vert la Pologne pen­dant plusieurs années, par un pro­duit des écoles français­es, Jakub Iwa­niuk (IUT de jour­nal­isme à Cannes et Sci­ences Po Stras­bourg, selon son pro­fil Face­book) qui partage comme son prédécesseur les mêmes idées que son employeur et ne présen­tera donc jamais les argu­ments et le point de vue du camp con­ser­va­teur, pour­tant majori­taire au pays de Jean-Paul II. On rap­pellera au pas­sage que Le Monde a un parte­nar­i­at avec plusieurs jour­naux de gauche européens, dont Gaze­ta Wybor­cza, dans le cadre du réseau Europa, ce qui explique peut-être pourquoi M. Iwa­niuk rap­porte à ses lecteurs com­ment le jour­nal Gaze­ta Wybor­cza est étouf­fé par le pou­voir con­ser­va­teur en oubliant de pré­cis­er que le même traite­ment (absence d’abonnements et d’annonces pub­lic­i­taires de la part du secteur pub­lic) était réservé aux jour­naux con­ser­va­teurs sous les gou­verne­ment libéraux précé­dents. Rien n’a changé chez l’autre quo­ti­di­en de gauche Libéra­tion depuis la péri­ode 2005–2007, puisque c’est tou­jours la jour­nal­iste de gauche Maja Zolkows­ka (« Żółkows­ka » pour les Polon­ais) qui cou­vre la Pologne. Pour ces deux jour­naux et leur cor­re­spon­dant habituel, un con­ser­va­teur est un ultra-con­ser­va­teur, un catholique est un ultra-catholique et un patri­ote est un ultra-nation­al­iste. Ces trois qual­i­fi­cat­ifs qui accom­pa­g­nent ou rem­pla­cent générale­ment le sigle « PiS » évi­tent ain­si aux lecteurs d’avoir à trop réfléchir sur le fond des choses et dis­pensent les cor­re­spon­dants en Pologne d’avoir à don­ner une descrip­tion objec­tive et com­plète des événements.

Le Figaro comme les autres

Plus sur­prenantes sont les sources du Figaro qui se veut être un jour­nal de droite. En effet, quand il ne repro­duit pas les infor­ma­tions de l’AFP réputée de gauche, Le Figaro a recours aux ser­vices d’une cer­taine Maya Szy­manows­ka (« Maja » pour les Polon­ais) qui est aus­si la cor­re­spon­dante de Radio France et de France 24, même si Radio France par­le aus­si de la Pologne par la voix et la plume de Piotr Moszyn­s­ki qui est en même temps le cor­re­spon­dant en France de… Gaze­ta Wybor­cza. Mme Szy­manows­ka ne cache pas sur son pro­fil Face­book ses opin­ions fémin­istes, pro-avorte­ment et plutôt de gauche, et elle affir­mait dans une inter­view pour le site Café Babel avant même la vic­toire du PiS aux élec­tions lég­isla­tives de 2015 : « C’est vrai qu’il ne faut pas oubli­er la mon­tée inquié­tante du con­ser­vatisme. Jaroslaw Kaczyn­s­ki vient de faire une sor­tie affreuse en dis­ant que les réfugiés allaient emmen­er des mal­adies avec eux. Par ailleurs, il existe aus­si une frange de la pop­u­la­tion qui a peur, qui n’a pas prof­ité de la manne européenne et qui est très mobil­isée. Ce sont des gens qui vont à l’église, qui sont très dis­ci­plinés et qui devi­en­nent en quelque sorte le bras armé des con­ser­va­teurs. » Cette hos­til­ité vis-à-vis des con­ser­va­teurs se traduit chez Maya Szy­manows­ka par une très grande par­tial­ité et par­fois par de vul­gaires men­songes, ain­si lorsqu’elle expli­quait par exem­ple le 17 décem­bre dernier pour France 24 les pro­jets de la majorité con­ser­va­trice vis-à-vis de l’accès des médias au Par­lement (des pro­jets expliqués ici).

Le ton de La Croix

Qu’en est-il à La Croix, qui se déclare jour­nal chré­tien et donc, pour­rait-on sup­pos­er, plus con­ser­va­teur sur le plan socié­tal et plus favor­able au PiS chré­tien-démoc­rate que les autres médias main­stream français ? Il faut recon­naître à sa cor­re­spon­dante Mag­dale­na Viat­teau que ses arti­cles sont plutôt hon­nêtes et com­plets en ce sens qu’ils exposent générale­ment les points de vue des uns et des autres, mais avec tout de même une préférence claire pour ceux de l’opposition libérale-lib­er­taire comme lorsqu’elle cite le chiffre de 200 000 avorte­ments illé­gaux chaque année en Pologne (chiffre avancé en son temps par la Fédéra­tion pour les Femmes et le Plan­ning famil­ial, organ­i­sa­tion pro-avorte­ment polon­aise, mais qui n’est basé sur aucune étude objec­tive), ou quand elle inter­roge, pour expli­quer la crise par­lemen­taire déclenchée avant Noël, un poli­to­logue et com­men­ta­teur dont l’hostilité vir­u­lente au PiS est con­nue de tous en Pologne. Acces­soire­ment, Mme Viat­teau est l’épouse de M. Viat­teau qui est le chef du bureau de Varso­vie de l’AFP et qui ne cache pas non plus son hos­til­ité au PiS comme dans cet arti­cle rédigé en anglais à pro­pos des théories du com­plot qui seraient selon Michel Viat­teau relayées par les con­ser­va­teurs polon­ais. Le pro­fil de Mag­dale­na Viat­teau con­vient donc sans doute au rédac­teur en chef de La Croix qui par­lait le 15 octo­bre dernier sur le blog Paris Planète de La Croix du « régime » du PiS, une « for­ma­tion ultra-con­ser­va­trice ». Un ton qui ressem­ble à s’y mépren­dre à ce qu’on peut lire dans les jour­naux offi­cielle­ment de gauche comme Le Monde et Libéra­tion.

Pour con­clure, si tous les médias main­stream français cri­tiquent les con­ser­va­teurs du PiS tout comme ils van­taient tous le gou­verne­ment libéral de Don­ald Tusk, c’est parce que leurs cor­re­spon­dants parta­gent tous à peu près les mêmes opin­ions et la même détes­ta­tion des con­ser­va­teurs et des sou­verain­istes (même si le sou­verain­isme du PiS ne vise pas à défaire l’UE mais unique­ment à blo­quer les vel­léités fédéral­istes de Brux­elles). La cou­ver­ture de la Pologne et de la Hon­grie par les grands médias français nous en dit plus sur la nature de ces médias eux-mêmes que sur ce qui se passe réelle­ment dans ces deux pays. Cela vaut aus­si bien enten­du pour la presse régionale française qui ne se dis­tingue pas par­ti­c­ulière­ment des médias nationaux, comme par exem­ple Ouest France et sa cor­re­spon­dante Cécile Réto ou La Voix du Nord qui, pour cri­ti­quer la loi sur la décom­mu­ni­sa­tion des noms de rue votée par le PiS se réfère à « l’Association des Amis d’Edward Gierek », c’est-à-dire à l’association des par­ti­sans du dic­ta­teur com­mu­niste polon­ais des années 1970 !

Crédit pho­to : DR

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