Nos lecteurs assidus le savent, les pudeurs de gazelle des fact-checkers peuvent parfois se distordre sous certaines conditions. Ainsi lorsque le porte-parole de Jeune Garde Raphaël Arnault affabule, aucun esprit critique ne vient lui apporter la contradiction. Ainsi militantisme et journalisme font parfois bon ménage, y compris dans les grands médias, comme le montre notre homme du jour : Marwane Mehadji du Parisien de Bernard Arnault.
Du Figaro à AJ+ puis Le Parisien
Un tour rapide sur LinkedIn nous permet de prendre connaissance de son curriculum viate. Il fait ses classes à l’Institut Européen de Journalisme entre 2012 et 2015. Durant ses études il effectue quelques stages dans des rédactions comme Télé Star ou Le Film Français Magazine. Son premier poste de longue durée, il le trouve au Figaro, où il reste de septembre 2015 à février 2018. En 2018 il quitte Le Figaro pour aller travailler pour le Qatar, au sein de AJ+. Enfin, en janvier 2021, il quitte le média qatari pour exercer son talent au profit du Parisien, où il est encore aujourd’hui. Dans toutes ces rédactions, son rôle est celui du journaliste classique ayant à produire des papiers, mais aussi celui d’un community manager chargé de la diffusion de certains sujets.
AJ+ le média du Qatar
En définitive, son parcours est celui d’un jeune journaliste classique, hormis ce passage chez AJ+. Rappelons que ce média est la filiale d’Al Jazeera, la chaîne qatarie, pays dont le conservatisme religieux n’est plus à prouver. Dans un entretien accordé en janvier 2021 à Muslim Makers (le nom suffit à démontrer le communautarisme du média), Merwane Mehadji admet être un journaliste engagé en faveur de la lutte contre le racisme, l’homophobie, l’islamophobie, en bref tout le panel nécessaire à un journaliste mainstream. En fouillant un peu, il semble que ce soit surtout la lutte contre l’islamophobie qui intéresse le journaliste, pour des raisons peut-être personnelles.
Voir aussi : Al Jazeera lance AJ+ en France
Soutien au CCIF et aux frères musulmans
Lui-même musulman, Merwane s’est parfois fendu sur les réseaux sociaux de quelques sorties pour le moins surprenantes. Par exemple, sur son compte Twitter, en octobre 2020, il écrit, après un remerciement aux associations antiracistes : « Un grand merci au CCIF que j’admire depuis des années #SoutienCCIF ». Pour le contexte du tweet, précisons qu’en 2020, à la suite de l’affaire Samuel Paty, le collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) s’est auto-dissous après moult accusations de proximité avec la mouvance islamiste des Frères Musulmans. Jetons un œil sur Facebook où, en avril 2022 il partage une publication de Marwanne Muhammad, ancien porte-parole du CCIF, accusé lui aussi d’être proche des Frères Musulmans, portant sur les « questions les plus drôles pendant le ramadan ». Un partage qui indique les inclinations intellectuelles de ce journaliste. Imaginez un instant les réactions des rédactions si on apprenait demain qu’un journaliste du Parisien avait tweeté : « Un grand merci à Génération Identitaire que j’admire depuis des années #SoutienGI ».
Salimata et son hidjab, une fable moderne
Dans son entretien avec Muslim Makers, le journaliste admet que ses opinions peuvent influer sur son travail, ce qui est compréhensible au fond, mais aussi sur les sujets qu’il met en avant sur les réseaux du Parisien. Il ajoute que ses sujets lui viennent, pour certains, d’histoires entendues à la mosquée, par un cousin, un oncle, etc. Est-ce par le bouche à oreille qu’il a entendu parler de Salimata, jeune basketteuse de 23 ans exclue des terrains pour port du hijab ? Est-ce pour cela aussi qu’il a décidé à consacrer un article au #TouchePasàMonHijab ? Dans les deux cas, il s’agit de victimiser les femmes musulmanes en proie à l’islamophobie supposée latente en France.
Nous laissons à nos lecteurs toute conclusion utile, avec un regard plus attentif pour les lecteurs du Parisien consultant leur quotidien favori.