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Les romances antifas dans les médias de grand chemin

19 août 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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Les romances antifas dans les médias de grand chemin

Temps de lecture : 5 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 31 jan­vi­er 2023

Depuis quelques années le porte-parole du groupe antifa Jeune Garde, Raphaël Arnault, s’est mué en véritable spécialiste de la délation des méfaits commis par des « hordes fascistes » dans les rues de Lyon. Ayant acquis une petite notoriété, il pu se pavaner sur le plateau de Touche pas à mon poste. Pourtant, dans une époque soi-disant obsédée par le fact-checking, ce militant antifa invente des agressions de l’extrême droite afin de servir ses idées. Pour nos lecteurs, voici donc un florilège de quelques fake news antifa plus quelques autres.

Un métis trop imaginatif

Sans aller jusqu’à inven­ter tou­jours la total­ité des his­toires, Raphaël Arnault a sou­vent ten­dance à attribuer abu­sive­ment la respon­s­abil­ité d’un inci­dent ou d’une agres­sion à l’ex­trême droite sans pren­dre le temps de vérifier.

C’est le cas, par exem­ple, lorsqu’en jan­vi­er 2022 un jeune métis de Neufchâ­tel, en Suisse, explique sur son compte Insta­gram avoir été agressé par une dizaine de mil­i­tants de droite alé­maniques qui pous­saient des cris de singes. Ils l’au­raient ensuite mis au sol avant de lui faire une croix gam­mée sur la joue avec un cut­ter. Ni une ni deux, Arnault met tout de suite cette agres­sion sur le compte de la sur­mé­di­ati­sa­tion des Le Pen, Zem­mour, etc. Résul­tat des cours­es ? Le jeune métis avait tout inven­té et s’é­tait fait lui-même cette croix gam­mée. Bizarrement, lorsque Damien Rieu était tombé dans le piège d’un jour­nal­iste il y a quelque temps, les médias en avaient tiré leurs gros titres. Ici rien, pas même une ligne.

La Guillotière, vrai coupe-gorge mais pas antisémite

Autre exem­ple, lorsqu’en 2021, un SDF est vic­time d’une agres­sion anti­sémite par cinq indi­vidus dans le quarti­er de la Guil­lotière à Lyon. Tout de suite, le porte-parole de Jeune Garde accuse la présence d’or­gan­ismes d’ex­trême droite dans la ville qui, en dif­fu­sant leurs idées, ren­dent pos­si­bles ces agres­sions. Notons que ni le SDF ni la police n’ont, au cours de l’en­quête, évo­qué la piste de l’ex­trême droite.

Enfin, ajou­tons que le quarti­er de la Guil­lotière est un quarti­er qui fait l’ac­tu­al­ité bien plus pour ses trafics de drogue et son insécu­rité que pour ses ratonnades.

Fâcheuse erreur de localisation

Con­tin­uons avec un tweet en date du 21 jan­vi­er 2022, dans lequel, vidéo à l’ap­pui (une vidéo de 6 sec­on­des où le son est en par­tie masqué par une musique de fond), Raphaël Arnault affirme que des jeunes ont été agressés par des mil­i­tants d’ex­trême droite dans le Vieux-Lyon où, « comme par hasard », sont situés les locaux de Généra­tion identitaire.

Cepen­dant, il s’avère que la vidéo a été prise à prox­im­ité de la gare Per­rache et, bien sûr, rien ne per­met d’établir les incli­naisons poli­tiques des agresseurs.

Les SDF et la bouteille de gaz, une fable contemporaine

Enfin, quand l’ex­trême droite ne veut pas agress­er des immi­grés, elle veut faire sauter une gare. C’est ain­si qu’après l’ar­resta­tion d’un SDF en pos­ses­sion de neuf bouteilles de gaz et menaçant de vouloir « tout faire sauter », Raphaël Arnault déclare, sans l’om­bre d’une preuve, que c’est un coup de l’ex­trême droite qui « mène ouverte­ment des attaques ter­ror­istes ». La police inter­pellera deux sus­pects, un Français de 51 ans prénom­mé Éric, et un Tunisien de 29 ans, Abdelwahed.

On cherche encore dans quelle organ­i­sa­tion d’ex­trême droite les deux hommes militent.

Quand y’en a plus y’en a encore

Nous pour­rions encore lis­ter d’autres affab­u­la­tions, comme cette agres­sion raciste en févri­er 2022 au Puy-en-Velay dont aucun titre de presse, pour­tant si enclin à en par­ler d’habi­tude, n’a fait l’é­cho, ou encore les agres­sions de fas­cistes con­tre les cortèges anti passe san­i­taire à Lyon en novem­bre 2021. La lutte con­tre l’ex­trême droite sem­ble avoir des ver­tus insoupçon­nées sur l’imag­i­na­tion, comme le mon­trent les deux derniers exem­ples ou le jeune Raphaël n’est pas en cause, mais plutôt le quo­ti­di­en Le Monde.

Évry et un certain quotidien du soir

Exem­ple suiv­ant, lorsqu’en décem­bre 2022 à Évry, un homme de 61 ans ouvre le feu sur sa voi­sine de 13 ans. L’ado­les­cente étant d’o­rig­ine nord-africaine, il n’en fal­lait pas plus à notre héros de l’an­tifas­cisme pour crier à l’a­gres­sion raciste. Hélas, la jus­tice n’a pas retenu ce motif. La mère de la vic­time a même déclaré : « Ce mon­sieur [l’auteur de la ten­ta­tive de meurtre] ne nous con­naît pas et nous n’avons aucun dif­férend avec per­son­ne ici. Mes enfants dis­ent bon­jour à tout le monde, il n’y a aucun prob­lème »[1]. Le 26 décem­bre 2022, le juge­ment ren­du par le par­quet d’Évry n’a pas retenu le car­ac­tère raciste de l’a­gres­sion. Ce qui n’empêche pas Le Monde de s’in­ter­roger sur le car­ac­tère raciste de la fusil­lade et de don­ner des élé­ments accrédi­tant ce motif[2].

Après ce tour d’hori­zon, bien incom­plet, nous obser­vons que la rigueur con­cer­nant la véri­fi­ca­tion des sources ne s’ap­plique pas à tous de la même façon. Com­ment alors ne pas com­pren­dre la méfi­ance des Français à l’é­gard des grands titres de presse et des médias con­ven­tion­nels? Devri­ons-nous plutôt par­ler de légitime défiance?

Voir aus­si : Baromètre 2023 sur la con­fi­ance dans les médias, je t’aime moi non plus

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