Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Erdogan l’éradicateur, Le Point ne lâche rien

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

30 octobre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Erdogan l’éradicateur, Le Point ne lâche rien

Erdogan l’éradicateur, Le Point ne lâche rien

Temps de lecture : 3 minutes

Dans son numéro du 24 octobre 2019, Le Point a sorti un dossier sur le président turc Erdogan et ses agissements à l’encontre des Kurdes en Syrie, en particulier depuis le lancement de l’opération “Source de paix” le 9 octobre. Pour illustrer son dossier, le journal a titré sa Une, “l’éradicateur”, déplaisant fortement au principal intéressé.

Le retour du crime de “lèse-majesté”

En réponse, son avo­cat a déposé plainte auprès du bureau du pro­cureur général d’Ankara, pour “insulte au chef de l’É­tat”. Plusieurs mil­liers de per­son­nes ont déjà été pour­suiv­ies en Turquie pour ce motif depuis son élec­tion en 2014.

En France, où la lib­erté d’expression n’est cepen­dant pas tou­jours au goût du jour (voir la sin­istre loi Avia), le délit d’offense au chef de l’Etat a été sup­primé depuis 2013.

Par cette plainte, sont visés plus pré­cisé­ment le rédac­teur en chef “inter­na­tion­al” du Point, Romain Gubert, et Eti­enne Ger­nelle, le directeur de l’hebdomadaire. Après les attaques de Français con­tre la lib­erté d’expression comme cela a été le cas récem­ment avec Zem­mour, c’est main­tenant un pays étranger qui s’en prend à elle.

Cette attaque n’est pas une pre­mière, puisqu’en mai 2018, suite à la Une du Point qual­i­fi­ant Erdo­gan de “dic­ta­teur”, l’arrachage d’affiches du jour­nal ain­si que des men­aces envers les kiosquiers avaient eu lieu.

La rhétorique fumeuse du porte-parole du président Erdogan

Le porte-parole du prési­dent, Ibrahim Kalin, s’en est pris sur Twit­ter à la “La France qui a colonisé de nom­breux pays africains comme l’Algérie et le Maroc, qui a mas­sacré des mil­liers de per­son­nes, pra­tiqué le com­merce des esclaves et qui a regardé le géno­cide au Rwan­da”.

Un peu culot­té, après l’esclavage mas­sif sous l’Empire ottoman, la coloni­sa­tion de nom­breux pays par ce dernier et le géno­cide arménien. La repen­tance à sens unique est dev­enue une véri­ta­ble arme de guerre idéologique.

Le Point ne lâche rien

Le Point assure cepen­dant ne rien lâch­er face aux “pul­sions de cen­sure” d’Erdogan, déjà réputé pour son manque de respect de la lib­erté de la presse dans son pro­pre pays. La Turquie a d’ailleurs été classée 157e sur 180 dans le classe­ment mon­di­al de la lib­erté de la presse 2019 de Reporters sans frontières.

Le Syn­di­cat des édi­teurs de la presse mag­a­zine (SEPM) a aus­si fait part de son sou­tien et annon­cé se tenir “indé­fectible­ment aux côtés du Point et de toute sa rédac­tion”. Il dénonce aus­si un “acte qui, au mieux relève d’une procé­dure bâil­lon, au pire d’un véri­ta­ble acte d’intimidation en vue de tarir tout dis­cours cri­tique sur le régime du prési­dent Erdo­gan”.

Cette fois, la presse ne sem­ble donc pas se dégon­fler pour défendre la lib­erté d’expression. On peut regret­ter que cela ne soit pas plus sou­vent et unique­ment face à des enne­mis extérieurs, édi­teurs encore un effort !