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Le Point censure Charles Prats

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6 mars 2022

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Le Point censure Charles Prats

Le Point censure Charles Prats

Temps de lecture : 4 minutes

La fraude sociale n’est pas un phénomène nouveau en France. De nombreux rapports parlementaires se sont penchés sur la question. Le magistrat Charles Prats a contribué à placer ce sujet au cœur de la campagne électorale, à tout le moins quand les médias de grand chemin délaissent leurs emballements aussi soudains que monomaniaques. Si dans ce domaine comme dans d’autres, la confrontation des arguments et des éléments de faits semble nécessaire pour s’approcher de la vérité, cela ne semble pas être de l’avis de tout le monde.

La fraude sociale en mode discret

En début d’année 2021, l’Observatoire du jour­nal­isme invi­tait ses lecteurs à sor­tir de l’oubli médi­a­tique des événe­ments qua­si­ment passés sous silence. Par­mi ceux-ci, nous soulignions qu’en dépit de la sor­tie en 2020 de l’essai de Charles Prats inti­t­ulé « Car­tel des fraudes » et d’un rap­port de la Cour des comptes sur la fraude sociale, rares ont été les médias à men­tion­ner que lors du débat annuel au par­lement sur le pro­jet de loi sur le finance­ment de la sécu­rité sociale 2021, aucun plan d’action ambitieux n’avait été dis­cuté à ce sujet.

Avons-nous été enten­dus ? Quelques jours plus tard,  M6 con­sacrait un reportage à la fraude sociale lors de l’émission Cap­i­tal du 17 jan­vi­er. Une ini­tia­tive louable que nous men­tion­nions par souci d’équité mais qui n’échappait pour­tant pas à cer­taines cri­tiques, en par­ti­c­uli­er les coupures au mon­tage de l’intervention de Charles Prats dénon­cées par celui-ci et sa brièveté.

Les fact checkers de BFMTV à la peine

En sep­tem­bre 2021, lors d’un débat télévisé sur BFMTV, Éric Zem­mour men­tion­nait les travaux de Charles Prats, et en par­ti­c­uli­er son chiffrage du nom­bre d’assurés soci­aux. Derechef, l’équipe de Fact check­ing de la chaine entendait rétablir LA vérité en mino­rant les chiffres avancés par Éric Zemmour.

Gilles Clavreul réagis­sait de façon pour le moins inélé­gante sur Twit­ter en affirmant

Cela ame­nait Charles Prats à lui répon­dre rapidement :

Le mag­is­trat don­nait égale­ment une réponse sous forme de « fact check­ing » à l’équipe de fact check­ers de BFMTV :

La séna­trice LR Valérie Boy­er renchérissait :

Enquête administrative à l’encontre de Charles Prats

En dépit de la loi pro­tégeant les lanceurs d’alerte, toutes les vérités, à tout le moins, toutes les révéla­tions, ne sem­blent pas bonnes à dire, surtout quand celles-ci com­men­cent à avoir un cer­tain retentissement.

Le 21 octo­bre 2021, nous appre­nions notam­ment par Le Figaro que Charles Prats fai­sait l’objet d’une enquête admin­is­tra­tive, motivée par d’éventuels « man­que­ments au devoir de réserve ».

Nous ne con­nais­sons pas à ce jour les con­clu­sions et les suites de cette enquête lancée par (ou avec l’aval) le min­istre de la jus­tice, Mon­sieur Dupont-Moret­ti. Charles Prats n’en dénonce pas moins une pres­sion d’ordre politique.

Le Point censure Charles Prats sur Twitter

Un nou­v­el exem­ple nous mon­tre que la dénon­ci­a­tion de la fraude sociale n’est décidem­ment pas un long fleuve tranquille.

Le 22 févri­er 2022, l’hebdomadaire Le Point pub­li­ait un arti­cle con­sacré aux allé­ga­tions de fraudes à l’immatriculation à la sécu­rité sociale par des per­son­nes nées à l’étranger. Les affir­ma­tions selon lesquelles « le ser­vice qui attribue le numéro de sécu­rité sociale aux per­son­nes nées hors de France lais­serait pass­er des mil­lions de faux doc­u­ments » seraient selon les deux jour­nal­istes et auteurs de l’article un « mythe ».

Les fins lim­iers du Point sont allés pour leur enquête à ce sujet au ser­vice admin­is­tratif nation­al d’i­den­ti­fi­ca­tion des assurés. Jusque-là, rien à dire, ils font un tra­vail d’investigation et sor­tent de leur bureau, très bien. Cela se com­plique néan­moins quand le prin­ci­pal intéressé accusé de propager un « mythe » tente de répon­dre à ces accu­sa­tions en faisant des com­men­taires sur le compte Twit­ter du Point. Ceux-ci sont de façon aus­si rapi­de qu’incompréhensible supprimés.

Le 22 févri­er, Charles Prats repub­lie sur Twit­ter les tweets qu’il a écrit en réponse à l’article du Point sur le nom­bre de numéros de sécu­rité sociale. Cela l’amène à réagir :

Décidé­ment, la dénon­ci­a­tion de la fraude sociale est un exer­ci­ce dif­fi­cile pour cer­tains médias de grand chemin. On se prend à sug­gér­er aux écoles de jour­nal­isme de faire un focus un peu plus accen­tué sur un principe déon­tologique de base : le respect et l’expression des points de vue con­tra­dic­toires. Le con­flit rus­so-ukrainien pour­rait aus­si con­stituer un bon sujet d’exercice en ce sens.