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Censure de France Soir

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6 décembre 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Censure de France Soir

Temps de lecture : 5 minutes

Nous avons protesté contre les risques de censure contre Médiapart, nous nous élevons de même contre la décision de ne pas renouveler le certificat d’information politique et générale (IGP) du journal en ligne France Soir. Nous publions sans commentaires la réaction de son directeur de publication, Xavier Azalbert.

Communiqué de France Soir

« C’est par voie de presse le 30 novem­bre 2022 que la rédac­tion de France­Soir a appris la déci­sion du min­istère de la Cul­ture de ne pas renou­vel­er l’agrément CPPAP du jour­nal, et plus par­ti­c­ulière­ment son cer­ti­fi­cat d’In­for­ma­tion Poli­tique et Générale (IPG). Selon la Com­mis­sion par­i­taire des pub­li­ca­tions et agences de presse, France­Soir présen­terait un « un défaut d’intérêt général » et nos con­tenus pub­liés à pro­pos de la crise du Covid-19 porteraient « atteinte à la pro­tec­tion de la san­té publique ».

Le 22 juil­let 2022, soit trois mois avant l’expiration de son cer­ti­fi­cat prévue au 30 sep­tem­bre 2022, la CPPAP con­fir­mait la bonne récep­tion du dossier de renou­velle­ment de notre cer­ti­fi­cat IPG. Le 30 sep­tem­bre 2022, nous étions tou­jours sans nou­velle d’une quel­conque déci­sion. Le 30 novem­bre, l’annonce tombe, sans que la société n’ait reçu aucun cour­ri­er offi­ciel ni même aucune sig­ni­fi­ca­tion de cette décision.

Notons que la posi­tion de la CPPAP s’inscrit en con­tra­dic­tion avec celle adop­tée en mars 2021 : à la suite d’un audit anticipé de notre agré­ment sur demande, en févri­er 2021, de la min­istre de la Cul­ture, Rose­lyne Bach­e­lot, l’organisme chargé de recon­naître la valid­ité des titres de presse avait alors jugé que notre jour­nal rem­plis­sait tous les critères d’admission. Il soulig­nait notam­ment que France­Soir présen­tait « des infor­ma­tions, des analy­ses et des com­men­taires […] sus­cep­ti­bles d’éclairer le juge­ment des citoyens », comme le veut l’article 2 du décret du 29 octo­bre 2009 qui fixe ces critères d’admission.

Cette réu­nion de la CPPAP en plénière s’est tenue près de deux semaines après la pub­li­ca­tion d’un doc­u­men­taire à charge de France info (“Com­plé­ment d’enquête“ du 17 novem­bre) con­tre le Pr Didi­er Raoult, mais aus­si France­Soir ain­si que son directeur Xavier Azal­bert, et deux jours après la pub­li­ca­tion de l’enquête de France­Soir sur le scan­dale Fact & Furi­ous. Cette inves­ti­ga­tion menée sur plusieurs mois a révélé des com­pro­mis­sions et col­lu­sions au sein de la com­mu­nauté d’opinion des fact-check­ers, dans laque­lle Antoine Daoust, fon­da­teur du site Fact & Furi­ous, a joué un rôle piv­ot. Selon le témoignage de son ex-épouse, Fact & Furi­ous, dont les pub­li­ca­tions étaient régulière­ment repris­es par des médias main­stream, visait prin­ci­pale­ment à dis­créditer par ses arti­cles le Pr Raoult, Idriss Aberkane, Xavier Azal­bert et le Pr Chris­t­ian Per­ronne. Pour­tant, bien qu’il ne déte­nait aucune for­ma­tion jour­nal­is­tique, M. Daoust, ex-mil­i­taire et bar­man retiré, a pu obtenir en mai 2021 pour son site un agré­ment de la part de ce même min­istère de la Cul­ture qui lui refusera une bourse au mois de novem­bre 2021. Le motif : il ne déte­nait juste­ment « pas de for­ma­tion jour­nal­is­tique pour le fact-checking ».

L’accusation de la CPPAP selon laque­lle nous met­tri­ons en dan­ger la san­té publique inter­pelle par sa mau­vaise foi. Accusé d’avoir dén­i­gré les « poli­tiques de san­té publique » mis­es en place durant la crise du Covid-19 par le gou­verne­ment, Chris­t­ian Per­ronne a été entière­ment blanchi par la cham­bre dis­ci­plinaire de pre­mière instance d’Île-de-France de l’Ordre des médecins le 22 octo­bre 2022. Elle est allée jusqu’à juger qu’en sa qual­ité d’infectiologue inter­na­tionale­ment recon­nu, le médecin avait « l’oblig­a­tion de s’exprimer dans le domaine qui relève de sa com­pé­tence » durant la crise du Covid-19. Si le Pr Per­ronne était donc lié par un devoir de parole, il en découle logique­ment qu’il relève du droit et du devoir de France­Soir de don­ner la parole à cet uni­ver­si­taire. Aus­si, la CPPAP n’aura pu ignor­er cette déci­sion de la CDOM qui met à mal l’argumentaire selon lequel pub­li­er des con­tenus qui s’alignent avec les analy­ses de cet émi­nent expert, dont la justesse s’est avérée dans le temps, porte atteinte à la pro­tec­tion de la san­té publique. Blanchir le mes­sager et con­damn­er son sup­port démon­tre une inco­hérence certaine.

Plus large­ment, cette déci­sion soulève égale­ment un prob­lème de fond plus grave : l’attaque con­tre le plu­ral­isme de la presse, cen­sé être pro­tégé par le min­istère de la Cul­ture. La qua­si-total­ité de la presse française, mais aus­si les GAFAM, sont engagés dans une croisade de cen­sure con­tre ce jour­nal qui décidé­ment les obsède. En sep­tem­bre 2021, le géant améri­cain Google avait coupé l’ac­cès de notre site à son réseau pub­lic­i­taire, nous pri­vant d’une par­tie de nos revenus. Quelques mois plus tôt, Google nous déréférençait de son ser­vice Google Actu­al­ités et cen­surait notre chaine YouTube. Ils veu­lent nous faire taire.

Par­mi les plus com­bat­tus, notre jour­nal est aus­si l’un des jour­naux français les moins soutenus. Con­traire­ment au reste de la presse, notre jour­nal ne béné­fi­cie d’aucune sub­ven­tion d’État. Mais c’est ce qui fait aus­si notre force : indépen­dant de tout intérêt, France­Soir est exclu­sive­ment financé par ses lecteurs qui nous sou­ti­en­nent par des dons défis­cal­isés. C’est grâce à nos lecteurs que notre lib­erté est assurée et que nous pou­vons rem­plir notre mis­sion de quête de vérité. Il va donc sans dire que les con­séquences de cette déci­sion de la CPPAP seront éminem­ment nocives pour notre jour­nal, puisqu’elle entraine notam­ment la perte d’une exonéra­tion fis­cale sur les dons.

Cette déci­sion poli­tique a été saluée par cer­tains médias ; elle démon­tre ain­si que loin est le temps où les organes de presse se posaient en garant de la défense du plu­ral­isme des opin­ions, dont la con­fronta­tion par le débat est pour­tant une des con­di­tions néces­saires à la recherche de la vérité. Désor­mais, seul prime l’invisibilisation des faits qui remet­tent en cause le dis­cours offi­ciel, dont la trame prin­ci­pale est le mensonge.

Naturelle­ment, France­Soir a décidé de faire appel de cette décision. »

Xavier Azal­bert

Voir aus­si : Offen­sive con­tre France Soir : cette insup­port­able lib­erté d’expression